Derrière les discours martiaux sur la « menace russe » et les impératifs de souveraineté, c’est surtout l’industrie militaire américaine qui se frotte les mains. Une montée en puissance stratégique… au prix d’un renoncement politique et budgétaire pour l’Europe.
Le sommet de l’OTAN a été un immense succès, claironne Donald Trump.
Comment lui donner tort, quand les Européens confirment vouloir consacrer 650 Mds€ – qu’ils n’ont pas – au renforcement de leur défense et au développement des « armes du futur » (qu’ils ne possèdent pas, c’est une évidence) ?
Mais les choses risquent de se gâter budgétairement si l’Europe, sous la pression de Donald Trump – qui ne veut plus que l’argent du contribuable américain soit alloué à notre protection – adopte le principe des 5 % du PIB consacré à la défense (3,5 % pour le matériel, 1,5 % pour la cyberguerre et le renseignement).
Les Espagnols ont déjà fait savoir qu’ils ne s’aligneraient pas, ayant « d’autres priorités, d’ordre social notamment ». D’autres pays vont devoir y réfléchir à deux fois, car, bien souvent, la défense ne représente que 2 % de leurs dépenses (le parapluie américain est là ; jamais on n’égalera son avance technologique, c’est une course perdue d’avance), et il faudrait multiplier ce total par 2,5 à 3,5 au cours des dix prochaines années.
Rajouter 0,25 % à 0,35 % par an pendant dix ans, c’est jouable. Mais il va falloir faire des arbitrages, couper dans les dépenses sociales – et ce ne sera pas populaire, sachant que les armes ont vocation à être stockées dans une optique de dissuasion.
On les achète – le plus souvent aux Etats-Unis… et puis rien. On espère qu’elles ne serviront à personne, contrairement aux dépenses de recherche, à la construction de data centers, à l’entretien des routes, à la prise en charge des soins, etc.
L’excuse des créations d’emplois sur le sol européen est assez légère, car c’est sans doute le complexe militaro-industriel américain qui sera le principal bénéficiaire. C’est le seul à même de répondre aux demandes d’armes puissantes et sophistiquées en quantité.
Le secteur de l’armement emploie 200 000 personnes en France, dispersées dans environ 500 entreprises, ce qui signifie qu’il s’agit majoritairement de PME (à 80 %), sous-traitantes d’une centaine de gros donneurs d’ordres – dont 20 % seulement ont une taille qui justifierait leur admission au SBF 120.
Pour en revenir au sommet de l’OTAN, il est clair que l’élément de langage incontournable, c’est d’imposer le concept d’un ennemi très mal intentionné, représentant une menace quasi éternelle, qui n’aura de cesse de vouloir nous envahir — alors que c’est lui qui possède toutes les matières premières (minerais, terres rares) et les hydrocarbures qui nous manquent, et qu’il nous vendait bien volontiers, à des prix avantageux.
Le narratif prête à la Russie des projets expansionnistes, alors que c’est l’OTAN qui pousse inlassablement ses pions vers l’est, absorbant, un à un, les pays autrefois emprisonnés derrière le rideau de fer (certains sont encore très russophobes, et leur passé soviétique reste la meilleure des excuses) — et ce, depuis 35 ans.
L’OTAN, alliance présentée comme défensive, a continué de se comporter comme s’il y avait une guerre froide à gagner : quitte à trahir la parole donnée, à ne pas respecter les traités censés faire respecter un statu quo, à multiplier l’implantation de bases aux frontières de la Russie (encerclement total, du Japon à la Finlande) et à développer les capacités d’espionnage de l’OTAN en douce – comme en Ukraine.
Toutes ces bases (près de 850 à travers le monde) ont coûté beaucoup d’argent au contribuable américain, et il n’a jamais été question d’en discuter, et encore moins de contester leur pertinence.
Et c’est pourtant ce que Donald Trump s’apprête à faire, brisant un tabou vieux de 80 ans… Il veut économiser de l’argent, car les Etats-Unis ne doivent plus jouer le rôle de « gendarme du monde ». En ce qui concerne l’OTAN en Europe, plus question de rajouter un centime… d’où ce double bénéfice : une réduction des budgets, assortie de prises de commandes de la part de ses alliés.
Trump a consenti, du bout des lèvres, à confirmer que la solidarité de l’OTAN continuerait de s’appliquer : si l’un de ses membres est attaqué, tous voleront à son secours – y compris en ayant recours à l’arme atomique.
Keir Starmer a justement appelé au redéploiement des capacités nucléaires britanniques au sein de « l’ensemble OTAN »… et l’Allemagne met désormais la pression sur la France pour qu’elle en fasse autant, en coopération avec ses alliés européens.
3 commentaires
Pour résumer : les USA sont depuis des années dans un véritable délire de course à l’armement, prisonniers d’un lobby de producteurs d’armements qui pousse le gouvernement à leur acheter sans cesse davantage de leurs produits destinés à exterminer des humains (militaires ou civils) et détruire des constructions (militaires ou civiles). Sans ces achats délirants, l’économie américaine connaîtrait plus que vraisemblablement une récession.
Afin de faire passer ce délire pour quelque chose de parfaitement justifié, il est nécessaire de créer des menaces. Pour l’instant, la menace toute trouvée était la Russie. S’y est ajoutée l’Iran.
Et cela suffit à faire pression sur l’Europe pour s’armer jusqu’aux dents face à un danger que l’on a probablement sciemment exagéré, ce qui permettra de soutenir l’industrie américaine de l’armement, et donc l’économie américaine dans son ensemble, tout en appauvrissant (in fine) les citoyens européens.
Cela crée un cycle vertueux pour les USA et un cercle vicieux pour l’Europe.
Jusqu’à un éclatement…possible…probable…mais dont ne voit pas encore l’amorce d’un début de commencement de démarrage.
Dans un tel contexte, Donald Trump se sent autorisé à penser qu’à part Dieu, il n’y a personne au-dessus de lui. Mark Rutte, dans une démonstration navrante de servitude, le lui a confirmé. Et du point de vue de DJT, il se pourrait bien qu’après le titre de 47ème président des USA, et vu son âge, il pourrait commencer à se dire qu’il y a une place à prendre au plus haut des cieux.
L’UE, cet empire colonie est dirigée par des « soumis » souvent « young leader ». Ils devrait dire non, comme les Espagnols, mais faire en sorte de disposer d’une armée…..comme la France. Quand à partager notre force de dissuasion, la décision doit ne revenir au parlement. Partager des armes stratégique n’est pas prévu dans la constitution, c’est tout simplement de la haute trahison. La Russie peuplée de 150 000 000 d’âmes ne peut se permettre une guerre avec l’Occident, elle doit protéger la Sibérie qui intéresse la Chine. La vitesse de sa progression en Ukraine, nous laisse une bonne décennie de tranquillité. Les Américains sont des alliés…en guerre contre l’Europe, dixit François Mitterrand.
L’accumulation de capital coté dans les bourses mondiales, nécessite un montant de « valeur ajoutée » toujours croissant et à un rythme plus élevé que l’évolution de la demande/offre spontanée.
Il est donc nécessaire de corrompre des décideurs politiques pour qu’ils forcent ceux qu’ils « représentent » avec plus ou moins de légitimité (plutôt moins) à s’inventer des besoins de sécurité qui ne seront jamais satisfaits , puisque la peur du futur est constamment entretenue dans les domaines militaires (ennemis redoutables), politiques (extrémismes), économiques (chômage, inflation) et financiers(dévaluations, faillites).