Tout est téléphone, programmé, sur les marchés. La découverte traditionnelle des prix à disparu ; désormais, on grimpe quoi qu’il arrive.
Près de deux semaines se sont écoulées depuis que Trump et Xi se sont mis d’accord pour reprendre les négociations commerciales, mais peu de détails ont filtré sur ce qui a été discuté et convenu.
A noter que la baisse des tensions était largement attendue sur les marchés : tout avait été téléphoné.
Jamais on n’avait assisté à pareille gestion des perceptions, on a franchi des seuils ; aucun répit. Le bourrage de crâne est total – aucune place pour l’intelligence ou l’analyse, tout se passe au niveau du stimulus-réponse. Impossible de sortir du monde névrotique, du monde des signes administré conjointement par les gouvernements et les banques centrales, avec les relais médiatiques.
L’humain et son esprit critique ont été évacués par les algos et leurs esclaves : il faut coûte que coûte empêcher la réconciliation entre le monde des signes financiers et le réel. Donc empêcher l’intelligence de fonctionner.
Retenez bien cela, c’est la phase dans laquelle nous sommes.
La question suivante est donc : est-ce que c’est possible ? Peut-on toujours continuer comme cela, quelle est la limite ? Une réponse : avant, la limite c’était le zero bound – la frontière du zéro sur les taux d’intérêt. Cette limite a désormais sauté grâce aux mathématiques.
Quelle est la prochaine limite, de quelle nature sera-t-elle ? Mathématique, humaine, politique, sociale ?…
On a un début de réponse : la pente de la destruction. Elle passe par les taux négatifs et ensuite la scélératesse des menaces sur la détention d’espèces. Il y aura d’autres étapes…
Prudence sur la « trêve »
Revenons-en un instant à Donald Trump. Comme prévu, il a choisi de ne pas imposer de droits de douane supplémentaires sur les importations en provenance de Chine. Le relâchement des sanctions (permettant les achats auprès de fournisseurs américains) sur Huawei a été la surprise majeure même si, sur ce point, la confusion règne encore.
Après avoir repoussé les « faucons » de la sécurité américaine, l’administration Trump a fini par déclarer que la firme technologique chinoise restait sur la liste noire et qu’elle n’avait pas bénéficié d’une « immunité générale ».
Les analystes ont réagi avec prudence à la « trêve » et aux perspectives d’un accord commercial.
Les actions, en fièvre spéculative aggravée, ont grimpé à des sommets sans précédent. Elles ont célébré « la probabilité réduite de surprises négatives à court terme ». On capitalise, tenez-vous bien, sur l’absence possible de nouvelles négatives !
Ceci rejoint une de mes idées.
Une nouvelle ère sur les marchés
Avant, les marchés allaient à la découverte des prix par essais et erreurs, grâce à une sorte d’alternance.
On montait sur l’optimisme et on corrigeait sur le pessimisme, ce qui faisait un parcours moyen raisonnable. Maintenant on monte quand l’optimisme règne, mais on monte aussi quand le pessimisme prend le dessus… parce que l’on sait que le bol de punch est déjà en préparation.
Il n’y a qu’un sens ; il n’y a plus de corrections, plus d’essais et erreurs. Donc, en un mot, plus de marché au sens de parcours de découverte des vrais prix.
On peut raffiner, on a découvert le mouvement perpétuel :
Quand cela va bien, les bénéfices montent. C’est alors ce facteur « bénéfices » qui produit la hausse.
En revanche, quand cela va mal, on oublie – comme en ce moment – le facteur « bénéfices » et on anticipe la baisse des taux… c’est-à-dire la hausse des taux de capitalisation des bénéfices !
C’est exactement ce que l’on lit, si on sait lire, au travers des notes de courtiers et de la presse. On capitalise sur la baisse des taux tout en affirmant que les bénéfices sont certes en baisse mais qu’ils vont remonter en 2020.
Bien entendu, tout cela, c’est un récit, pas un discours scientifique.
Ce récit recouvre une conviction renouvelée, qui prend racine : elles – les banques centrales – seront toujours là, les politiques non-conventionnelles sont là pour toujours.
C’est ce qui à mon sens explique/cause le nouveau round de hausse : la conviction, l’anticipation du fait que l’on ne retournera jamais en arrière. C’était écrit depuis le début, mais maintenant, cela traverse l’épaisseur du crâne humain.
C’est désormais ce qu’on appelle en anglais common knowledge : un savoir commun, dont tout le monde sait que les autres le partagent.
1 commentaire
En definitive on peut faire n importe quelle betise ,agir en depit du bon sens . MAIS ! Qui paye pour les pots casses ?