Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la « bulle de tout » n’est pas réellement menacée pour l’instant. Le pétrole, de son côté, vient compliquer la situation du crédit.
Le « tout en bulles » n’est pas menacé, non !
La bulle est une, multiforme, et… elle se déforme – c’est-à-dire qu’elle se contracte dans sa partie risquée et se dilate dans sa partie sûre, considérée comme sans risque.
Il est important de comprendre la situation de cette façon car sinon on ne peut se préparer au futur. Ou on s’y prépare mal.
La bulle, c’est l’ensemble, je dis bien l’ensemble, des papiers émis. Cela inclut les marchés boursiers, bien sûr, les assurances, la monnaie quelle qu’en soit sa forme. Comprenez bien que la bulle, c’est l’univers des promesses qui ont été faites… et que l’on ne peut et ne pourra jamais honorer.
Actuellement la forme, la configuration de la bulle est menacée, mais pas sa survie.
L’argent reste dans le papier donc on peut en émettre.
Et le pétrole ?
Les Russes et les Saoudiens se sont souvent « disputés » en tant qu’amants/ennemis. Cette fois-ci, les pourparlers de l’OPEP ont abouti à une guerre totale ostensible, spectaculaire, pour casser les prix du pétrole.
Le perdant sera le secteur pétrolier américain, car les frackers, marginaux, portent d’énormes dettes qui ne pourront/seront pas remboursées alors que les prix baissent fortement.
Il y aura des informations, des déclarations sur une crise du crédit – car les banques et tous les autres créanciers pétroliers devront absorber des pertes et probablement limiter les prêts à d’autres emprunteurs.
Il y a des chances pour que le crédit privé se raréfie ; j’ai déjà expliqué pourquoi la mise en risk-off raréfiait la liquidité.
Il va falloir suppléer le crédit privé par le crédit banque centrale et le crédit public : attendez-vous à ce que le bilan des banques centrales et les déficits budgétaires explosent.
Ceux qui ont des investissements en capital-investissement dans le Bakken, dans le Permien et ailleurs vont faire leurs inventaires et ils vont constater qu’ils sont ruinés.
Sanctions naïves contre perturbations géopolitiques
Le rusé Poutine aura enfin sa riposte, après des années de tentatives de pression – tandis que les Américains moralisateurs devront annuler leurs sanctions mal conçues, mal avisées, naïves, et qui finalement ont eu peu d’impact.
Récemment, l’administration Trump a menacé la dernière étape de Nordstream 2, celle qui aurait achevé la mise en dépendance européenne à l’égard des exportations d’énergie russes.
Le président Trump devra décider si le secteur énergétique américain et certaines institutions financières valent le maintien de ces sanctions et l’ingérence dans les affaires énergétiques européennes.
Vladimir Poutine serait quant à lui potentiellement encore plus perturbateur, car il peut provoquer plus d’instabilité au Moyen-Orient, comme il l’a montré la semaine dernière en Syrie avec des attaques contre les troupes turques dans la région du nord-est.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]