L’avenir nous dira si c’est une bonne stratégie pour les Etats-Unis de livrer une guerre commerciale à la Chine… Wall Street, lui, semble penser que oui !
Les Bourses occidentales sont de retour au zénith (notamment Wall Street, l’Euro-Stoxx50 ou le CAC 40) ou enchaînent les records (DAX, AEX, FT-100, Euro-Stoxx600).
Certains observateurs, dont nous faisons partie, s’en étonnent – mais il faut peut-être se montrer plus ouvert d’esprit, ne pas rester les yeux braqués sur les cadrans économiques, ne pas s’obnubiler avec le creusement des dettes (+1 000 Mds en France en sept ans), ni leur coût prohibitif (plus de 1 000 Mds$ pour les Etats-Unis), ne pas se préoccuper des crises migratoires, ni s’inquiéter de la surproduction de véhicules électriques en Chine, estimée à 2,5 millions d’unités (que les constructeurs chinois pourraient se retrouver contraints de brader)… et surtout ne pas se préoccuper de l’inflation (la prétendue « clé » d’une politique monétaire plus accommodante de la Fed).
Et oui, l’inflation peut être vaincue de façon astucieuse et les Etats-Unis, toujours à la pointe quand il s’agit de s’attaquer aux « vrais problèmes », viennent de nous en administrer – brillamment – une nouvelle preuve : après une hausse de 73% depuis septembre 2023 et +27% rien que le mois dernier, le café va être exclu par le BLS (Bureau of Labor Statistics) des composantes permettant de calculer l’indice mensuel des prix aux Etats-Unis.
Et voilà, prend ça dans les dents, maudite inflation !
Puni pour ses excès, l’expresso fait une sortie expresse du panier de la ménagère.
Mais ce n’est pas le seul scoop du week-end… En effet, les Etats-Unis s’apprêteraient à taxer les importations de véhicules électriques chinois non pas à 30%, ni à 50%, mais à 100%.
Non seulement ce serait perçu comme une déclaration de guerre commerciale d’une brutalité sans précédent, mais le consommateur américain n’aura plus vraiment le choix que d’acheter un modèle « made in USA » et qui vaut 25 à 30% de plus que les véhicules importés de Chine (et déjà surtaxés dans le cadre de l’IRA).
Ce qui signifie que changer de voiture va être de plus en plus compliqué financièrement pour une majorité d’Américains, d’autant plus que le coût des crédits automobiles sur 48 à 72 mois est au zénith avec des taux supérieurs à 7% pour les meilleurs profils d’emprunteurs (et cela va rapidement chercher du 10% quand l’acheteur est déjà un peu chargé en crédits).
Qui va assurer la survie du secteur automobile américain ?
Les 20% les plus riches ont déjà acheté une Tesla, une Audi e-Tron ou une e-Porsche ; il faudrait les convaincre d’en acheter une 2e, alors que la tendance serait plutôt au retour aux véhicules thermique parmi les amateurs de « voitures sportives » et de « supercars ».
Et le problème, plus largement, c’est que les 20% les plus riches ont déjà tout, et ils peuvent difficilement faire plus pour soutenir l’économie : ils assurent désormais 40% des dépenses de consommation aux Etats-Unis, tandis que les 20% de consommateurs les plus pauvres viennent de basculer début 2024 – c’est historique – sous la barre symbolique des 10% (avec seulement 9% des dépenses de consommation).
Le creusement des inégalités impacte largement les classes moyennes : les 40% des revenus les plus bas aux Etats-Unis, ils ne représentent plus que 22% des dépenses de consommation, contre 61% pour les 40% les plus riches.
Ceci s’explique en grande partie par le fait que « l’épargne COVID » a été intégralement dépensée et que l’inflation supérieure à 3% pendant 37 mois consécutifs a laminé le pouvoir d’achat des moins favorisés.
Dans le même temps, les prix immobiliers et la Bourse se sont envolés, ce qui se produit rarement en période d’inflation – et jamais dans les proportions observées depuis 2021 – ce qui a considérablement creusé les écarts de richesse entre ceux qui ont une capacité d’épargne, et ceux qui vivent à crédit.
Et il sera difficile de recommander aux moins favorisés de « travailler plus pour gagner plus », puisque le pourcentage d’américains effectuant 2 ou 3 jobs, n’ayant plus aucun jour de vrai repos hebdomadaire, ne partant jamais en vacances, est au zénith historique (et pas qu’au XXIe siècle… depuis que la statistique existe).
Et les « Américains de souche » ont perdu 2 millions de jobs à plein temps en un an… cela ne se voit pas, car il s’est créé un nombre supérieur de jobs à temps partiel (plus de 3 millions)… occupés très majoritairement par les millions de migrants (environ 10 000 « illégaux » par jour en moyenne en 2023) dont l’entrée est facilitée depuis trois ans et demi par l’administration démocrate.
Et cette réalité pourrait peser lourd dans la balance début novembre, alors que l’état de l’économie américaine, qui semble archi florissante si l’on s’en tient au retour au zénith historique des indices US en six ou sept séances, est jugée préoccupante par 70% des jeunes Américains (sondage auprès des moins de 30 ans), qui constituent le gros des effectifs des électeurs démocrates.
Mais le retour des républicains – et de Trump – aux affaires ne constitue pas un scénario qui fait trembler Wall Street : Trump et Biden ont le même ennemi commun, à savoir la Chine.
L’avenir nous dira si c’est une bonne stratégie de lui livrer une guerre commerciale… et Wall Street semble penser que oui !
1 commentaire
la bourse au zénith oui bien sur mais qu’en est il de l’économie réelle en france ?