Sous couvert d’IA patriotique, Alex Karp vend au gouvernement américain les outils de la surveillance totale — avec la bénédiction des marchés.
L’un des prix du « meilleur costume » pour Halloween devrait sans doute revenir à Alex Karp. Le Investors’ Business Daily rapporte :
« L’action Palantir vient d’atteindre un nouveau record. Selon un analyste de Wedbush, une division du titre est désormais ‘très probable’.
Les investisseurs envisagent en effet un stock split de Palantir Technologies [PLTR], tant sa valorisation est devenue vertigineuse. L’action a bondi de 161 % en 2025, atteignant un sommet historique mercredi. Palantir se négocie aujourd’hui avec un ratio cours/bénéfice supérieur à 600. »
Dans quel monde cela a-t-il un sens ? Eh bien… peut-être dans celui, sinistre, des espions, des bulles spéculatives et de l’intelligence artificielle.
La part personnelle d’Alex Karp dans Palantir vaut désormais 17 milliards de dollars. « Derrière toute grande fortune se cache un grand crime », disait Balzac. Alors, en cette veille d’Halloween, penchons-nous sur les actes monstrueux commis par Karp.
Voici un extrait de son livre The Technological Republic :
« Dans une expérience destinée à tester les capacités de GPT-4, on a demandé au modèle comment empiler ‘de manière stable’ un livre, neuf œufs, un ordinateur portable, une bouteille et un clou. GPT-4 a répondu qu’on pouvait ‘disposer les neuf œufs en carré de 3 sur 3 au-dessus du livre, en laissant un peu d’espace entre eux’, puis ‘placer l’ordinateur portable sur les œufs, la bouteille au-dessus de l’ordinateur, et le clou sur le bouchon de la bouteille’. »
Karp a dû se dire : « Je parie que les fédéraux paieront très cher pour ça. »
Même dans sa forme la plus docile et domestiquée, l’intelligence artificielle peut être utilisée à des fins destructrices autant qu’à des fins bénéfiques. L’IA aurait-elle pu aider Jeffrey Epstein à faire chanter encore plus de personnes ? Aurait-elle pu aider Hitler à prendre Moscou ? Ou Madoff à escroquer davantage d’investisseurs ? Et que peut-elle offrir aujourd’hui à la casta politica ?
Palantir se présente comme une entreprise patriotique, rentable… et sans vergogne, travaillant main dans la main avec le gouvernement fédéral. Certains pensent même qu’elle n’est rien de moins qu’une couverture de la CIA.
Farrel Corcoran écrit :
« Palantir est en train de créer un cauchemar de surveillance pour l’avenir… A pleine capacité, la technologie Palantir Maven Smart Systems affine ses capacités de collecte et d’analyse de renseignements au service des Forces de défense israéliennes à Gaza, pour traquer des cibles humaines dans toute la bande de Gaza. »
L’ICE (Immigration and Customs Enforcement) peut s’en servir pour suivre, en temps réel, les déplacements d’immigrants d’intérêt sur le territoire américain. Palantir réalise ainsi le vieux rêve de J. Edgar Hoover : disposer, à tout moment, de dossiers complets sur chaque citoyen dans chaque bureau local du FBI.
Alex Karp estime que la Silicon Valley a gaspillé son génie en fournissant simplement aux consommateurs ce qu’ils désiraient : ordinateurs portables, applications, TikTok, 6-7… Des choses, selon lui, insignifiantes et éphémères — un « engagement superficiel avec le potentiel de la technologie ».
« L’heure du jugement a sonné pour l’Occident », écrit-il, se posant en héros visionnaire. Selon lui, l’Occident souffre d’une « perte d’ambition nationale » qu’il faudrait restaurer par davantage de puissance de feu et de surveillance, assistées par l’IA.
« L’industrie du logiciel doit reconstruire ses liens avec les pouvoirs publics et réorienter ses efforts vers la création de technologies et de capacités d’intelligence artificielle capables de répondre aux défis les plus urgents auxquels nous faisons face collectivement. »
Le marché, dit-il, « échoue souvent à fournir ce dont nous avons le plus besoin au moment opportun ».
Mais le « marché », c’est précisément l’expression collective des choix et des désirs de millions de personnes. En quoi échoue-t-il ? Selon Karp, il ne fait « aucune tentative sérieuse pour faire progresser la société, pour garantir que la civilisation humaine continue à gravir la pente ».
Autrement dit, tous ces milliards d’individus qui expriment librement leurs préférences à travers l’offre et la demande perdent leur temps : ils ne savent pas comment « faire progresser la société ». Karp, lui, le sait.
Mais qu’est-ce que le « progrès » ? La société a-t-elle progressé quand Sparte a réduit Athènes en cendres ? Quand Sherman a incendié Atlanta ? Ou quand Candy Crush a été développé ?
C’est précisément parce que nous ne savons pas distinguer clairement le progrès du recul que nous avons appris (depuis Moïse) à respecter certaines règles : Tu ne tueras point.
Palantir utilise aujourd’hui l’IA pour accomplir ce que faisaient jadis le KGB, la Stasi ou la Gestapo : surveiller la population, collecter des informations, identifier des ennemis. Ses algorithmes indiquent aux autorités fédérales qui sont les « méchants » et où les trouver. Et, parfois, les aident à éliminer les individus gênants, en leur fournissant une « identification des cibles ».
Alex Karp se souvient avec émotion du plus grand projet technologique des Etats-Unis : le projet Manhattan. Dans cette frénésie patriotique, scientifiques, ingénieurs et politiciens s’étaient unis pour identifier une cible — Hiroshima — et la réduire en cendres.
Les peuples deviennent fous de temps à autre. Parfois, il faut les arrêter. Mais encore faut-il rester lucide… pour ne pas devenir fou soi-même.

1 commentaire
Les informations données, régulièrement, demandant des relectures, sur l’intelligence artificielle sont à conserver précieusement. Merci. Comparable au nucléaire, le meilleur comme le pire en sortira. Amusant, je n’ai pas cru le tuyau sur Palantir qui était plutôt mal notée, pas malin, comme quoi !!!