Chine mais aussi Brésil, Argentine, France… Les fronts se multiplient, dans la guerre commerciale – mais la stratégie du président américain semble bien floue.
Mais que diable ?…
Aujourd’hui, nous nous grattons l’occiput… comme des millions d’autres partout dans le monde.
Le président des Etats-Unis fait-il l’âne pour avoir du son ? Ou s’agit-il d’autre chose encore ?…
Nous y reviendrons dans une minute.
Petite leçon de russe
D’abord, Спасибо.
Nous ne savons qu’un seul mot en russe – et c’est celui-là. Il semble parfait, puisqu’il signifie « merci ».
Chris Mayer – notre vieil ami, qui est aussi spécialiste de l’investissement et désormais gestionnaire du fonds Woodlock House Family Capital – nous aide sur une stratégie d’investissement basée sur le « retour à la moyenne ». En d’autres termes, on achète lorsque les prix sont déséquilibrés. On fait des gains lorsqu’ils retrouvent l’équilibre.
La plupart des gens veulent se positionner sur les marchés aux meilleures performances ; nous recherchons les pires. Ce sont ceux-là qui se rééquilibrent et vous rapportent de l’argent.
Les entreprises font faillite et disparaissent. Tout comme les humains passent plus de temps morts que vivants, toutes les entreprises sont condamnées à la ruine. Ainsi, lorsque vous voyez une entreprise dont l’action a plongé, mieux vaut vérifier son pouls avant de vous positionner.
Les pays, eux, mettent beaucoup plus de temps à disparaître. Et, à mesure que le temps passe, un sou gagné par une entreprise finnoise devrait valoir à peu près autant qu’un sou gagné au Sri Lanka.
Ainsi, si vous pouvez acheter aujourd’hui un dollar de revenus d’une entreprise finnoise pour 10 $… et un dollar de revenus d’une entreprise sri-lankaise pour 20 $… il y a fort à parier que l’évolution des cours finira par rapprocher les deux, plutôt que les éloigne.
Spassiba !
Prenez deux entreprises du secteur de l’énergie. Si vous voulez acheter un dollar de revenus annuels d’Exxon, vous paierez environ 20 $. En revanche, un dollar de revenus chez l’équivalent russe, Gazprom, ne coûte que 3,50 $ environ. Quelle est la meilleure affaire ?
Nous n’en savons rien. Vous feriez d’ailleurs probablement mieux d’y regarder de plus près afin de déterminer pourquoi ils se sont autant éloignés.
Ne voulant pas faire ce genre de recherches fastidieuses… et n’ayant guère confiance en notre propre intuition… nous simplifions : nous achetons simplement les marchés les moins chers de la planète.
En janvier dernier, par exemple, Chris a recommandé cinq des marchés affichant les pires performances du monde : Russie, Turquie, Allemagne, Grèce et Afrique du Sud.
Nous n’avons pas la moindre idée de ce qui se passe dans ces pays. Nous n’avons pas non plus d’opinion sur l’état de leurs économies ou leurs marchés boursiers respectifs.
Mais notre ETF russe a grimpé de 27% cette année. Spassiba ! La Grèce a fait mieux encore, avec une augmentation de 34% – mais nous ne savons pas comment dire « merci » en grec. [NDLR : ευχαριστώ, efkharisto !]
En revanche, nous ne remercions pas l’Allemagne et l’Afrique du Sud. La première a gagné 9%. La seconde a annulé ce gain par une perte de 10%.
Et la Turquie a fait un four. Elle a reculé de 21%.
Pas mal, dans l’ensemble. Le mois prochain, Chris recommandera cinq autres affreux marchés. Nous vous les ferons connaître en janvier.
Talent naturel
Revenons-en à notre sujet du jour. Comme tout le monde, nous apprécions la plaisanterie – et nous apprécions plus particulièrement la satire et le ridicule.
Nous sommes notamment un ardent admirateur du talent naturel de M. Trump en la matière. En tant que bateleur, le président américain est dans une classe à part… à moins qu’il ne soit complètement crétin.
A vous de voir. Pour commencer, sa guerre commerciale contre les Chinois se révèle aussi éternelle et inutile que la Guerre contre la terreur. Les dernières nouvelles du front, provenant directement de la source :
« Je n’ai pas de délai, non. D’une certaine manière, je pense, je pense qu’il vaut mieux attendre après l’élection, avec la Chine. D’une certaine manière, j’aime l’idée d’attendre après l’élection pour l’accord avec la Chine. Mais ils veulent passer un accord maintenant, et nous verrons si cet accord est bon ou pas ; il faut qu’il soit bon. »
Non content d’avoir facturé au consommateur américain des milliards de dollars de taxes d’importation et de prix plus élevés à cause de sa chamaillerie avec les Chinois, Trump s’est attaqué aux Brésiliens et aux Argentins lundi, au motif que leurs devises ont baissé. Il a tweeté :
« Le Brésil et l’Argentine ont présidé une énorme dévaluation de leurs devises. ce qui n’est pas bon pour nos agriculteurs. Par conséquent, prenant effet immédiatement, je vais restaurer les Taxes douanières sur tout l’Acier et Aluminium expédié aux Etats-Unis depuis ces pays. »
A 50% d’inflation, il aurait été strictement impossible, pour les gauchos, d’empêcher le peso de chuter. Quant au real brésilien, il grimpe et baisse. S’il baisse contre le dollar en ce moment, c’est autant de la faute des Etats-Unis que du Brésil.
Camembert et sécurité
Les devises fluctuent sans arrêt… souvent au grand dam des gouvernements qui les émettent. Pourquoi cela devrait-il déclencher des représailles fiscales sur les importateurs américains d’acier et d’aluminium ? Cela tient de la parodie… non de la politique.
Ensuite, comme s’il voulait prolonger la plaisanterie, M. Trump a décidé mardi de pointer son artillerie vers la France, imposant des taxes sur 65 catégories de produits français – dont le vin, le fromage, les sacs à main, les produits de beauté et la vaisselle.
Qu’y a-t-il dans le camembert qui menace la sécurité nationale américaine ? Qu’ont fait les Français pour s’attirer les foudres du président américain ? Ils ont imposé une taxe de 3% sur les ventes en ligne, dont certains gros détaillants américains présents en France – comme Amazon et Expedia – devront s’acquitter.
En d’autres termes, selon Le Donald, la France ne peut pas taxer des entreprises faisant affaire en France – ou du moins pas sans son accord. Il l’a expliqué durant une conférence de presse :
« Ce sont des entreprises américaines, je ne veux pas que la France taxe des entreprises américaines.
Je ne vais pas laisser des gens profiter des entreprises américaines. Si quelqu’un doit profiter des entreprises américaines, c’est nous. »
Bazooka commercial
Voyons voir… nous sommes implantés en France depuis 25 ans. Chaque année, nous payons des impôts… comme toutes les entreprises.
Et pas seulement en France. Nous avons des filiales dans 11 pays outre les Etats-Unis. Dans aucun d’entre eux nous ne sommes exemptés de taxes locales simplement parce que nous sommes Américains. Et jamais il ne nous est venu à l’esprit que seul le gouvernement américain devait « profiter » de nous.
Dans ces lignes, nous ne donnons pas de conseils. Mais le cas présent semble être une exception…
Si M. Trump a encore des amis à Washington, ils devraient lui enlever son bazooka commercial avant qu’il ne se fasse mal.
Спасибо.
PS : Un portrait du golden retriever de notre fille, Billy (dont nous vous parlions mardi), de retour à la maison après un week-end à la ferme…