Aux Etats-Unis comme au Japon, les signes d’un emballement budgétaire incontrôlable se multiplient.
« Sire… pire qu’un crime, vous avez commis une erreur. » – Charles Maurice de Talleyrand-Périgord
La nature d’un crime est décrétée par les autorités fédérales. Souvent, ce crime n’est pas ce que l’on pourrait croire.
Mais une erreur est différente. C’est prendre à gauche quand il fallait tourner à droite. C’est oublier l’anniversaire de sa femme. C’est enregistrer un déficit, là où l’on aurait dû afficher un excédent.
Prenez la grande, mauvaise et abominable abomination budgétaire américaine actuelle : elle contient, au minimum, deux erreurs gigantesques.
La première est évidente : ils auraient pu réduire le déficit ou l’augmenter. Ils ont choisi d’aggraver la situation. Dépenser toujours plus d’un argent qu’ils n’ont pas, pour financer des programmes dont ils n’ont pas besoin. Et ils le font à une telle échelle – avec des déficits dépassant les 2 000 milliards de dollars – qu’ils sont pratiquement sûrs de faire sauter tout le système financier américain.
Chacun sait qu’il est impossible de dépenser éternellement plus que ce que l’on gagne. Mais certains préfèrent croire que la croissance économique nous sortira du piège. Hélas, à la lumière des politiques fédérales actuelles, cette croissance devient de moins en moins probable.
Les déportations de masse promises par Donald Trump devraient réduire la main-d’oeuvre disponible. Fortune rapporte :
« Les Etats-Unis pourraient perdre plus de 500 000 personnes du fait de la campagne d’expulsion agressive du président, selon un rapport de l’American Enterprise Institute. Cette baisse de population active réduirait mécaniquement le PIB du pays. »
Et ce n’est pas tout. Les déficits publics massifs aspireront aussi l’épargne et le capital disponibles. Seeking Alpha observe :
« A mesure que les dépenses publiques augmentent, le secteur public – moins productif – capte davantage de main-d’oeuvre et de ressources, privant le secteur privé – plus productif – de ces intrants essentiels.
Face à cela, l’opinion dominante veut croire que, si erreur il y a, les conséquences ne se feront sentir que bien plus tard. Autrement dit, les dégâts, quels qu’ils soient, seront pour nos enfants, voire nos petits-enfants. Et comme nul ne peut prédire l’avenir, pourquoi s’inquiéter de ce qui pourrait, ou non, arriver dans un futur lointain ?
Oui, bien sûr, l’iceberg est devant nous. Mais peut-être que l’intelligence artificielle trouvera un moyen de le contourner…
En attendant, les signes avant-coureurs se multiplient. CBS News rapporte :
« L’inflation a augmenté en juin… pour le deuxième mois consécutif. »
Nous ne savons pas encore si cela marque le début d’une nouvelle envolée des prix. Mais dans le doute, mieux vaut commencer à repérer où sont les canots de sauvetage.
Les négationnistes de la crise de la dette, eux, se tournent souvent vers le Japon pour se rassurer. Certes, leur économie se contracte, tout comme leur population. Mais leur gigantesque montagne de dette – le Fuji de la finance mondiale – semble les laisser de marbre.
Et pourtant, là aussi, l’erreur devient plus visible. The Mainichi indique :
« Le rendement des obligations d’Etat japonaises à 10 ans a atteint 1,595 %, son niveau le plus élevé depuis octobre 2008 – au moment de la crise financière déclenchée par la faillite de Lehman Brothers. »
Les Japonais savent faire leurs comptes. Avec une dette publique équivalente à 250 % du PIB, même une modeste hausse des taux d’intérêt suffit à provoquer un effet dévastateur. Le gouvernement doit emprunter pour payer les intérêts de sa dette, ce qui creuse davantage le déficit, fait gonfler la dette, augmente encore le coût des intérêts… jusqu’à ce que l’erreur clignote en rouge.
Et pendant ce temps, aux Etats-Unis, les républicains poursuivent leurs dépenses effrénées tout en prétendant qu’ils ne dépensent pas assez. Car si les déficits n’ont aucune importance, à quoi bon faire des économies sur les soins médicaux ou l’aide alimentaire ?
The Hill rapporte :
« Les élus du GOP redoutent que la réduction des budgets alloués à Medicaid et à l’aide alimentaire ne leur coûte des sièges aux élections de mi-mandat – menaçant ainsi leur fragile majorité à la Chambre – en excluant des millions d’Américains des programmes sociaux. »
Pauvres législateurs. Il leur fallait choisir : quelle erreur, quelle faute commettre ? Pour être justes, ils les ont toutes commises.
1 commentaire
Bien sûr, Bien sûr… Mais pensez vous vraiment que Biden bis aurait fait mieux ? Le recul occidental, USA en tête, CEE de même, date de bien plus de 10 ans. Il est une conséquence de la mondialisation et de la montée en puissance scientifique, technique, économique du « Tiers Monde ». La grande période d’expansion-domination de l’Occident sur le monde, qui a commencé au début du 19è siècle, est terminée. Évidemment pour les Occidentaux (et les Japonais) c’est dur à vivre. Il faut trouver des responsables. Mais surtout pas là où ils sont.