Les pays émergents représentent-ils le plus grand risque actuellement ? Ou bien envisage-t-on surtout de renflouer les débiteurs… pour sauver les créanciers ?
Les économistes des institutions internationales défendent l’idée que le risque financier peut venir des pays émergents.
Leur situation financière est bien sûr tendue avec :
– le gonflement de leurs dettes ;
– la chute de leurs exportations ;
– leur absence d’amortisseurs domestiques ;
– le niveau élevé du dollar ;
– la fuite devant le risque.
Je devine cependant que cette insistance est un moyen de désamorcer les craintes sur les pays développés et même je dirais que l’on se préoccupe d’aider les pays émergents afin d’éviter des difficultés chez les développés.
En quelque sorte, on plaide pour aider les émergents mais c’est pour sauver les pays et les banques des pays développés, nous sommes dans les cas de la Grèce et de l’Italie. On envisage de sauver les débiteurs pour… sauver les créanciers !
Tout remonte vers les centres
J’insiste : quand le système craquera, ce sera par un maillon faible de la chaîne du crédit.
Pour l’instant, les institutions internationales localisent ce maillon faible chez les émergents. Tout à fait logiquement, elles demandent que les autres maillons de la chaîne se cotisent pour renforcer celui qui est vulnérable.
Dans mon analyse prévisionnelle de la grande crise, du Grand reset, toutes les dettes, toutes les promesses, toutes les assurances bidon remontent vers les centres.
D’abord les dettes privées remontent vers les dettes publiques, puis les dettes publiques remontent aux banques centrales, puis les banques centrales remontent au banquier central mondial de dernier ressort : la banque du dollar, la Fed américaine.
La Fed ne pouvant à son tour se tourner que vers quelque chose de plus gros… qui n’existe pas encore.
Quelques éléments à comprendre absolument
J’essaie de vous faire comprendre que :
– la crise n’est pas un événement mais un processus très étalé ;
– la crise sanitaire n’est pas une crise déclenchante mais une crise qui accélère le processus ;
– que ce processus est très avancé et dure, dans phase aiguë, depuis plus de 10 ans ;
– que tout ce qui se passe est conforme, hélas, à mes prévisions de remontée de la crise vers le centre ultime. Jamais je n’ai eu besoin de changer quoi que ce soit à mon cadre analytique ;
– que les autorités font absolument tout ce qu’il ne faudrait pas faire : elles bétonnent le système et le cimentent au lieu d’accepter d’en sacrifier une partie. Elles favorisent ainsi la contagion ultime ;
– que les crédits et les dettes sont l’opérateur du mouvement de l’Histoire qui veut que l’ordre ancien issu de la Deuxième guerre mondiale, de Bretton Woods et de la Jamaïque (changes flottants) en 1973 soit remplacé par un ordre plus adapté et moins américano-centré.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]