Toujours plus d’avancées technologiques n’est pas forcément synonyme de toujours plus de prospérité. Alors si en plus les autorités s’en mêlent…
Il y a un hic dans la théorie de George Gilder, Gale Pooley, Marian Tupy et autres, disions-nous hier. Aujourd’hui, nous explorons ce dont il s’agit.
Il y a 200 ans environ, les machines ont commencé à remplacer le travail effectué par les êtres humains ; la productivité et la richesse ont augmenté. On peut labourer une plus grande surface avec un tracteur qu’avec une houe. Ainsi, à mesure que les tracteurs entraient en service, les coûts de la culture du blé baissaient. Les humains s’en trouvaient plus riches.
Aux Etats-Unis, nos grands-parents ont assisté à la plus grande augmentation de richesse de l’Histoire. Le docteur qui les a mis au monde arrivait en voiture à cheval. Mais le cortège suivait un corbillard motorisé lors de leur enterrement.
Nous sommes devenus de plus en plus riches à mesure que de plus en plus de machines accomplissaient de plus en plus de travail. Il n’était pas rare que le taux de croissance du PIB dépasse les 5%.
Puis ces taux ont commencé à décliner à partir de la Deuxième guerre mondiale – alors même que la technologie continuait de progresser à grande vitesse. Pourquoi ? Trois raisons…
De la force musculaire à la force mécanique
Premièrement, la Révolution industrielle – passant de la force musculaire à la force mécanique – était sujette au déclin de l’utilité marginale. Nous le constatons sur notre propre ferme.
Nous avons une camionnette Chevrolet de 1952 et une Ford de 1999. Sur la propriété, les deux se valent. La Ford plus récente fait à peu près le même travail que l’ancienne Chevy. Sur l’autoroute, en revanche, la Ford va deux fois plus rapidement ; elle est plus confortable et plus sûre.
Ce sont des différences importantes – mais réparties sur un demi-siècle, elles sont incrémentielles et non révolutionnaires.
Dans de nombreux pays, cependant, les tracteurs sont arrivés plus tard. Nous avons aussi vu cela de nos propres yeux en Argentine. Même s’ils sont courants dans la pampa, lorsque nous sommes arrivé dans la vallée de Calchaquí il y a 10 ans, il y avait peu de machines. Sur notre ranch, il n’y en avait aucune.
Les chevaux et les humains faisaient tout le travail. Un vieux percheron tirait la moissonneuse. Les gauchos ratissaient le foin et chargeaient les bottes.
A notre arrivée, nous avons fait venir quelques tracteurs et une pelleteuse. La production de foin a grimpé en flèche. Mais après avoir introduit ces nouvelles machines, que faire de plus ? Pas grand’chose. La production s’est rapidement lissée.
De l’économie réelle à l’industrie financière
Aux Etats-Unis, la deuxième raison du ralentissement de la croissance est probablement la « fausse monnaie » mise en place en 1971. Le système financier US a changé, passant du soutien à la production réelle au gonflement des actifs de l’industrie financière.
On appelle cela la « financiarisation ». Cela fait référence à l’envolée des actions, des obligations et de l’immobilier sans hausse correspondante dans l’économie qui les soutient.
Au lieu de pousser leurs enfants à se lancer dans une carrière industrielle, les mères voulaient que leurs rejetons deviennent courtiers en Bourse et gestionnaires de hedge funds plus tard. Au lieu d’aller à Detroit pour profiter du boom de l’automobile, les jeunes ambitieux déménageaient à Manhattan pour se lancer dans la finance.
Pourquoi pas, après tout ? C’est là qu’était l’argent.
Le véritable argent se gagne en produisant de vrais biens et services. Il allait donc aux producteurs. Mais ce nouvel argent bizarre allait là où le voulaient les spéculateurs, les initiés, les compères et les gros bonnets de Wall Street.
Naturellement, la majeure partie est allée dans leurs propres poches. Une fois le XXIème siècle arrivé, une bonne partie des gains de richesse du pays allaient aux 10% les plus riches. Ce qui laissait aux 90% autres – qui produisaient les gains de PIB – de moins en moins de résultats tangibles pour leur temps et leurs efforts.
Rouages grippés
Enfin, il y a une troisième raison au déclin de la croissance de l’ère des machines : les autorités ont grippé les rouages. Il est devenu de plus en plus difficile de lancer une nouvelle société et de faire concurrence aux grosses entreprises.
Jour après jour, on ajoutait des lois et des réglementations. Mois après mois, les entreprises s’apercevaient qu’elles avaient de plus en plus de règles à suivre… et qu’il leur fallait un nombre croissant d’employés non-productifs – avocats, comptables, clercs – pour éviter de se mettre les régulateurs à dos. Certaines estimations estiment que ce poids représente environ 50 000 Mds$ par an.
Les chiffres varient énormément… et ne sont que de la spéculation. Mais il n’y a guère de doute sur le fait qu’une grande partie de l’économie sombre dans le marigot de paperasserie et de réglementation… et qu’elle se développerait bien plus rapidement s’il y en avait moins.
Mais attendez…
Qu’est-il arrivé au « Meilleur des mondes » ? Où est la Nouvelle ère ?
La nouvelle technologie ne nous rend-elle pas tous plus riches, tout le temps… et à un rythme de plus en plus rapide ? Ne va-t-elle pas rendre la réglementation, le déclin de l’utilité marginale, la fausse monnaie, la dette, les politiciens idiots et les taux négatifs complètement hors de propos ?
A suivre…