Et si la vraie crise couvait là où on ne l’attend pas ?
Petit retour d’expérience sur le Salon du Trading du vendredi 28 mars : le salon porte bien son nom, et le trading continue de passionner les amateurs de stratégies « systématiques » et de « scalping ».
Les participants étaient assez optimistes, non du fait de la poursuite d’un mouvement directionnel « bullish » depuis l’automne 2023, mais parce que la volatilité est de retour depuis le début de l’année, avec déjà une première poussée de fièvre à plus de 66 (sur le VIX) le 10 mars… et une seconde qui se dessine avec +23% en 48h (vendredi puis ce lundi vers 24,00).
La « volat » est largement imputée à la guerre des « tarifs » et aux tweets imprévisibles et intempestifs de Donald Trump, et de façon secondaire au risque de récession aux Etats-Unis (un scénario qui est encore loin de faire l’unanimité).
Le concept d’une menace de récession visant à faire corriger Wall Street, de façon à générer un afflux de liquidités – salutaire – vers les bons du Trésor US (T-Notes et T-Bonds), afin d’encaisser le choc des 9 000 Mds$ de refinancement de la dette US en 2025 n’est pas encore validé, car c’est manifestement l’or qui semble attirer les capitaux (nouveau record absolu ce lundi à plus de 3 120 $/Oz).
Mais la véritable crise qui menace l’économie américaine est peut-être celle dont les traders parlent le moins… L’essentiel du patrimoine, c’est l’immobilier, et là, ça coince sérieusement !
L’accessibilité au logement aux Etats-Unis continue de se dégrader : le revenu annuel nécessaire pour s’offrir une maison moyenne est désormais de 124 200 dollars (il faut pouvoir rembourser des mensualités de 3 000 $ à 3 300 $/mois pour l’achat d’un bien de 480 000 $ avec 20% d’apport) – un record absolu. Cela pose un vrai problème, sachant que le revenu médian des ménages américains est de 79 200 $, soit 45 000 $ de moins que le minimum requis.
L’écart entre le revenu nécessaire pour acheter une maison et le revenu annuel est ainsi le plus important jamais enregistré.
Et tout est allé très vite ; le revenu médian des ménages était d’environ 3 000 $ supérieur au revenu requis pour acheter une maison il y a seulement quatre ans : l’écart s’est creusé à un rythme plus rapide que celui observé lors du gonflement de la bulle immobilière de 2006.
Depuis 2000, le prix d’une maison a bondi de 162%, mais le revenu médian des ménages n’a même pas doublé dans l’intervalle.
En 2022, le prix d’une maison représentait 5,8 fois le revenu médian, contre 4,1 fois en 2019. Et au début des années 2000, le ratio était inférieur à 3,0.
Depuis l’envolée des taux d’intérêt en 2022, l’accessibilité financière n’est pas seulement un problème, elle engendre une véritable situation de crise.
Et quelle sera l’évolution future des taux hypothécaires si les « taux marché » continuent de se tendre du fait des immenses besoins de refinancement des Etats-Unis ?
Le taux de défaut sur les prêts hypothécaires a franchi le cap des 11% : ce ratio est supérieur au pire score observé lors de la crise des « subprimes » (10%).
Et la bulle avait éclaté lorsque le taux de défaut avait dépassé 7,5% mi-2008.
1 commentaire
Effectivement depuis une dizaine d’années se manifeste clairement une régression économique et sociale qui frappe les classes populaires et moyennes. Pas seulement aux USA, c’est le même constat dans toute l’Europe de l’Ouest. C’est la mondialisation. Le niveau de vie en Chine ou en Inde augmente, il baisse en Occident.