▪ "L’or dit quelque chose", écrit Mark Gilbert, éditorialiste de Bloomberg.
Que dit-il ? Personne ne le sait. Enfin, personne dans les bureaux de la Chronique Agora. Nous écoutons. Nous entendons. Mais nous ne savons pas encore ce que diable l’or pourrait bien dire. Le métal jaune s’exprime par énigmes.
La semaine dernière, l’or a encore parlé. Il a atteint de nouveaux records.
Selon la sagesse conventionnelle, l’or nous dit d’être prudents. L’inflation arrive. Soit l’inflation normale… celle qui accompagne la "croissance"… soit celle qui est accompagnée du préfixe "hyper". Tout le monde ou presque apprécie l’espèce normale. Tout le monde ou presque déteste celle qui commence par "hyper".
Mais étant donné notre nature de contrarien ronchon, nous sommes enclin à penser qu’il y aura pas mal d’incidents entre la coupe de l’or à 1 300 $ et les lèvres entrouvertes d’une inflation en hausse douce.
Soyez prudent, cher lecteur, soyez prudent.
Non que nous disions du mal de l’or ou que nous critiquions les adeptes de l’or. Pas du tout. Nous pensons qu’il ira jusqu’à 1 500 $… puis 3 000 $. Mais la semaine prochaine ?
Nous n’en savons rien. Nous devons continuer à écouter… en essayant d’interpréter ses chuchotements.
▪ Il y a quelque chose de trop évident et de trop facile, concernant le marché de l’or actuel. Il ne fait que grimper. Année après année. Peut-être que c’est une piège.
En 2000, il y a eu un krach sur les dot.com. Toute la magie de la bulle des technos a soudain disparu. Et devinez quoi ? L’or a grimpé.
En 2001, la Guerre contre la Terreur a commencé. Et devinez quoi ? L’or a grimpé à nouveau.
Puis à nouveau en 2002. Et 2003. Et 2004.
En 2005, l’économie mondiale était au beau milieu d’une gigantesque bulle financière. Tout grimpait. L’or a lui aussi grimpé.
En 2006, les Etats-Unis ont connu une bulle immobilière majeure. L’or a grimpé.
En 2007, la bulle immobilière a commencé à fuir. L’or a grimpé.
En 2008, Wall Street était face au précipice. Lehman Bros. a fait faillite. Les autorités ont repris la finance immobilière, l’industrie automobile, l’assurance, les prêts commerciaux… et l’or a grimpé.
En 2009, les autorités ont tout mis en oeuvre pour essayer de créer une reprise. La Fed a augmenté ses engagements à hauteur de 1 200 milliards de dollars. Le budget fédéral américain est entré en déficit, à près de 1 500 milliards de dollars. Et l’or grimpait toujours.
Et que voyons-nous ? La récession a officiellement pris fin il y a plus d’un an. L’immobilier et le chômage sont encore en difficulté. Le désendettement est toujours en cours (David Rosenberg appelle ça une "dépression")… et allez comprendre : l’or grimpe encore.
Y a-t-il une chose qui puisse empêcher l’or de grimper ?
Nous n’en savons rien. Mais de nombreuses personnes intelligentes en viennent à la conclusion qu’on ne peut pas perdre, avec l’or. Si l’économie se remet… l’or ne pourra que grimper avec l’inflation. Si l’économie vacille… l’or grimpera lorsque la Fed arrivera à la rescousse avec de l’argent tout frais sorti de la planche à billets.
Et puis il y a les Chinois. Dieu sait qu’ils aiment l’or. Et ils n’en ont pas beaucoup. S’ils sont derrière ce marché aurifère, il pourrait durer encore 20 ans.
Si bien que l’or est un investissement "qui ne peut pas perdre".
Nous aimons l’or. Mais nous n’aimons pas les investissements "qui ne peuvent pas perdre". Que faire ?