Les banques centrales ou l’art de transformer l’eau d’égout en eau claire… et de dépouiller les contribuables par la même occasion.
En 2008, la Fed a déclaré que sa politique n’était pas une monétisation, puisqu’elle serait en mesure d’assainir son bilan. Ce fut le plus grand vol de l’histoire des Etats-Unis. Non seulement il est maintenant démontré que la Fed ne peut pas réduire la taille de son bilan… mais elle doit l’augmenter à nouveau.
La Fed joue sur le décalage entre les mots et la réalité d’une part, et d’autre part sur le décalage dans le temps entre les opérations et leur débouclage. C’est ce décalage qui donne sa vraie signification à ses opérations – une signification a posteriori.
On sait maintenant que depuis 2008, la Fed fait de la TMM, de la Théorie monétaire moderne, du chartalisme, sans le dire. Elle monétise les déficits du Trésor US.
C’est la même chose en ce moment avec le crédit au jour le jour, les repos dont la Fed prétend que ce ne sont pas des QE et donc pas des financements monétisés. Selon Jim Grant, on en serait à 3 000 Mds$ d’opérations.
Nous ne saurons que dans deux ans le détail et la réalité de ces opérations.
Il y a tout lieu de penser que ce sont des « investisseurs » – si on ose les appeler ainsi – qui qui ont acheté des actifs grâce à la dette, en levier, et qui cherchent à les refinancer.
Il y a fort à parier que les très grands établissements qui ont des réserves refusent de s’en séparer parce que les collatéraux qu’on leur offre sont de médiocre, voire de mauvaise qualité, et de liquidité douteuse.
Le retour des CLO/CDO
Ce sont par exemple des CLO, des collateralized loan obligations – ces « paquets » de dettes que l’on appelait CDO du temps de la grande folie hypothécaire.
Les dettes des entreprises sont empaquetées afin de faire ressortir des notations favorables, on transforme l’eau des égouts en eau claire et on prétend ainsi qu’ils sont sans risque. Bref on leur produit une liquidité artificielle. Ce serait cette qualité qui serait en ce moment contestée.
On ne manque pas de liquidités, c’est une évidence. Si le marché des repos est en difficulté, ce ne peut être que parce que les emprunteurs ont un problème de garantie à offrir, un problème de collatéral. Or le collatéral qui pose problème – on le sait, il suffit de regarder les graphiques de spreads –, c’est les CLO.
Ces titres, ces CLO, ne seraient pas aussi bons que cela et donc pas aussi liquides.
Si la Fed se substitue aux grandes banques détentrices de vraies liquidités pour alimenter le marché des repos, je pense que cela peut s’interpréter comme un soutien à ce marché des CLO, et que cela vise à soutenir la pyramide financière du crédit aux entreprises – dont on sait qu’il est semi-pourri et vulnérable.
Cette pyramide est menacée par la raréfaction du dollar et le risque de récession.
Le but ? Vous endetter
La Fed subventionne ainsi les entreprises qui s’endettent… y compris celles qui sont dans le private equity ou qui rachètent leurs propres actions !
L’argent finit entre les mains de Wall Street (imaginez si vous pouviez vendre des morceaux de papier sans valeur à la Fed et si elle vous en donnait le prix que vous en vouliez…).
Les financiers l’utilisent ensuite pour tout rafler, tout prendre en charge : centres commerciaux, immobilier, commerce de détail, technologie, assurances, routes, pensions, services publics, terres agricoles, hommes politiques, etc.
La dette de ces financiers est socialisée, portée par la banque centrale, c’est-à-dire par les contribuables, et subventionnée, puisque ces financiers qui raflent tout ne sont pas obligés de payer les coûts/primes de risque attachés à leurs dettes.
Leur objectif ultime est de vous endetter, vous en tant que corps social, et de tout posséder de façon privée.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]