▪ Isaac Newton nous a montré que pour toute action il y a une réaction égale et opposée. C’est pourquoi toute force à la baisse dans le secteur de l’énergie crée des opportunités à la hausse ailleurs. Le défi consiste à trouver ces dernières. Il faut comprendre le mécanisme énergétique mondial dans sa globalité pour deviner quels sont les domaines qui bénéficient du changement de paysage.
De ce point de vue, la révolution du gaz de schiste en Amérique du Nord change véritablement la donne. A présent, beaucoup de gens le comprennent : le boom des réserves et de la production de gaz naturel aux Etats-Unis et au Canada modifie la manière dont l’Amérique du Nord s’alimentera en électricité dans le futur.
Ce que beaucoup de gens ne comprennent pas, c’est comment tirer profit de ce changement.
Les prix du gaz naturel sont bas et on s’attend à ce qu’ils le restent à court/moyen terme. Par conséquent, investir dans les options de gaz naturel ou dans un tracker sur le gaz naturel ne rapportera probablement pas de gros bénéfices dans l’immédiat. Les actions américaines dans le gaz naturel sont un investissement encore plus risqué — la plupart des producteurs réduisent leur production et vendent leurs actifs : ils font le dos rond en préparation des années difficiles qui s’annoncent.
▪ L’uranium
L’abondance de gaz bon marché a conduit les services publics à envisager de construire plus de centrales électriques au gaz. Certains observateurs ont suggéré que ceci se fera au détriment du secteur nucléaire américain. Mais cette vision est très court terme.
Il est vrai que certaines entreprises de service public ont retardé de quelques années la construction de nouvelles centrales nucléaires, principalement à cause de la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon et à la forte opposition de l’opinion publique qui s’en est suivie. Mais cette réaction brutale est déjà en train de disparaître. Ces retards n’auront finalement qu’un impact minime sur le secteur nucléaire aux Etats-Unis.
Cinq nouveaux générateurs seront livrés d’ici 10 ans, dont deux réacteurs approuvés il y a quelques semaines seulement (ce sont les premières autorisations de nouveaux réacteurs aux Etats-Unis depuis trente ans). Ils s’ajouteront aux 104 réacteurs qui sont déjà en fonctionnement dans le pays et qui produisent 20% de l’électricité américaine.
Ces réacteurs consommeront 19 724 tonnes d’U3O8 cette année, ce qui représente 29% de la demande mondiale d’uranium. Cela vous semble beaucoup ? Ça l’est effectivement ! Les Etats-Unis produisent plus d’électricité nucléaire que tout autre pays, ce qui signifie qu’ils consomment aussi plus d’uranium que les autres. Toutefois, la production nationale étant en déclin depuis des années, les Etats-Unis produisent seulement 4% de l’uranium mondial.
Avec une si faible quantité d’uranium produite sur le sol national, les Etats-Unis doivent importer plus de 80% de l’uranium dont ils ont besoin pour alimenter leurs réacteurs. Heureusement, pendant 18 ans, un accord avec la Russie a permis cet approvisionnement. Grâce à cet accord « Megatons to Megawatts » (Mégatonnes contre Mégawatts) la Russie — qui a appauvri de l’uranium hautement enrichi issu d’ogives nucléaires afin de créer du combustible pour les réacteurs — fournit aux Etats-Unis une source d’uranium stable et bon marché depuis 1993. Le problème est que ce programme touche à sa fin l’année prochaine.
Actuellement, le monde produit juste assez d’uranium pour satisfaire la demande mondiale mais cet équilibre précaire vacille déjà. Il existe des dizaines de nouveaux réacteurs en construction en Chine, en Inde, en Corée du Sud et en Russie qui auront besoin de combustible. Il n’est guère probable qu’une hausse de la production grâce à de nouvelles mines ou à des expansions de mines permettra de suivre ce rythme. La course pour s’assurer des ressources d’uranium est ouverte et pour la première fois, les Etats-Unis doivent concourir.
La réponse est la production nationale. Le sol américain contient de grandes quantités d’uranium, assez pour apporter une contribution significative aux besoins en uranium du pays. Le plus grand obstacle à l’exploitation de cette ressource est l’opposition du public face aux dangers nébuleux de l’exploitation minière de l’uranium. Mais avec la fin du programme Megatons, les Américains commenceront à se rendre compte que les alternatives à la production nationale sont carrément pires : rivaliser avec la Chine, l’Inde, etc., dans le domaine de l’uranium est une manière onéreuse et instable d’acquérir une ressource énergétique désespérément nécessaire.
En fait, chez Casey Research nous prédisons un boom axé sur la demande de la production d’uranium américaine. Nous nous attendons même à voir un uranium made in America prendre plus d’importance que le yellowcake importé, de la même façon que dans le domaine du pétrole, la demande nationale de Brent est plus importante que celle de l’abondant West Texas Intermediate.
▪ Les entreprises d’extraction
Les techniques utilisées pour libérer le gaz naturel des réservoirs de schiste — forage horizontal et fracturation hydraulique — fonctionnent si bien qu’elles ont créé une offre excédentaire qui modifie la scène énergétique mondiale. Cette offre excédentaire incite aujourd’hui les producteurs de gaz naturel à réduire leur production. On pourrait penser que c’est là une mauvaise nouvelle pour les entreprises/d’extraction du gaz.
Pas d’inquiétude pour autant : l’Amérique du Nord est également au beau milieu d’un boom de la production de pétrole brut. Le point commun reliant la plupart des nouveaux puits du continent est un forage et des méthodes de production hautement techniques. Les fournisseurs de ces techniques sont les entreprises d’extractions et leurs services sont très demandés.
Les entreprises d’extraction ont pu compenser la perte de l’activité de fracturation du gaz en passant au pétrole lorsque l’industrie pétrolière a adopté la fracturation pour libérer ses dépôts schisteux. Si vous avez entendu parler du boom de la production pétrolière qui maintient au beau fixe l’économie du Dakota du Nord, vous avez alors certainement entendu parler de la formation de schiste de Bakken.
Dans cette région, les puits sont forés horizontalement pour suivre la couche qui piège le pétrole. Puis, des fluides à haute pression sont envoyés dans le puits pour fracturer le schiste et libérer le pétrole.
Entre-temps, le défi que représente la production de pétrole dans les eaux profondes du golfe du Mexique continue à tester les limites de la technologie de forage. Avancer à travers des kilomètres d’eau avant de forer à travers autant de kilomètres de roches puis extraire et transporter le pétrole à partir d’une plate-forme battue par les vagues et menacées par les ouragans, tout cela exige énormément d’équipements et d’opérateurs spécialisés.
La plupart des compagnies de pétrole et de gaz ne possèdent pas de foreuses et, en fait, ne forent ni ne fracturent leurs propres puits. Elles sous-traitent ces travaux à des entreprises dont la tâche est de forer et de fracturer, et que l’on appelle des entreprises d’extraction.
Les puits sur les champs de pétrole et de gaz d’Amérique étant en plein boom, ils nécessitent des services plus compliqués et plus techniques au fil du temps qui passe. Les services que ces entreprises offrent sont essentiels pour les producteurs américains de pétrole et de gaz.
[NDLR : Comment profiter de la révolution énergétique qui s’opère en ce moment même en Amérique du Nord ? Notre expert matières premières et énergies vous y aide mois après mois, avec des valeurs idéalement placées dans le secteur. Continuez votre lecture pour tout savoir…]