La dette de la nation s’élevait à 20 000 milliards de dollars lorsque Trump est entré à la Maison-Blanche en 2017 et à 27 000 milliards de dollars lorsqu’il l’a quittée en 2021. Il n’y a guère eu de changement de cap appréciable en matière de politique intérieure ou étrangère.
« Ensemble, nous déterminerons le cours de l’Amérique, et du monde, pour de très nombreuses années à venir. » – Donald Trump, lors de son investiture en 2017
Une nation trouve le leader dont elle a besoin quand elle en a besoin.
L’Angleterre a trouvé Churchill. La France a trouvé Bonaparte. L’Union soviétique a trouvé Staline. Les Etats-Unis auraient-ils trouvé le président parfait pour faire le travail qui l’attend ?
Peut-être. M. Trump semble être en phase avec les folies financières de notre époque.
Truth Social ne semblait pas avoir la moindre chance de devenir une véritable entreprise rentable. En septembre, l’action valait 12 dollars, et CNN a dévoilé ceci :
« Trump a perdu 4 milliards de dollars dans l’effondrement de Truth Social »
Mais attendez. Ensuite, Trump a gagné les élections. Les actions s’échangent désormais pour 40 dollars. L’entreprise continue de perdre des millions, appauvrissant le monde, mais Trump s’enrichit plus que jamais. Forbes rapporte :
« La fortune de Trump grimpe à 7 milliards de dollars, suite au rallye haussier sur Truth Social »
Vous voulez savoir combien vous pouvez gagner en pariant sur la société de médias non rentable de Trump ? Demandez à Pam Bondi…
La nouvelle monnaie de Trump, le Trump Coin, appartient à une toute autre catégorie. Il s’agit d’une crypto « meme », qui n’est pas censée avoir une quelconque valeur. Mais elle suit le Fartcoin (en hausse de 4 012% au cours des douze derniers mois) et le Butthole Coin (en hausse de 46%, 50% et 75% toutes les 24 heures), et prend la tête de la gloire scatologique.
La monnaie de Trump, lancée au cours du week-end, valait jusqu’à 74 milliards de dollars dimanche. Le grand livre des comptes montre qu’un de ses détenteurs possède 80% des jetons. En supposant que le détenteur du grand portefeuille mystérieux soit Donald J. Trump lui-même, cela signifie qu’il a augmenté sa propre richesse (sur le papier !), entre vendredi soir et lundi matin, d’environ 8 milliards de dollars.
Notre pouls s’accélère. Nos paumes transpirent. Nous avons la tête qui tourne.
Si Trump s’est enrichi de 8 milliards de dollars, qui s’est appauvri de 8 milliards de dollars ? Mais c’est là que les compétences particulières de Donald Trump pourraient s’avérer les plus précieuses pour la nation : il est un expert en matière de faillite, et d’ascensions d’entreprises qui ont échoué.
L’Université Trump. Trump Mortgage. La compagnie aérienne Trump. La vodka Trump. Les steaks Trump. Le magazine Trump. Le Casino Trump Taj Mahal. Trump, le jeu de société.
La compagnie aérienne Trump Shuttle a ouvert ses portes en grande pompe en 1989. Un classique pour Trump. Il a emprunté 365 millions de dollars pour la faire fonctionner. En 1992, la compagnie s’est effondrée en raison d’un défaut de paiement de ses emprunts, dont plus de 100 millions de dollars garantis personnellement par Donald Trump. Lors de négociations ultérieures et d’une vente, Donald Trump a pu se débarrasser d’une grande partie de ces obligations et a déclaré avoir gagné de l’argent sur l’opération.
Le moment choisi pour créer Trump Mortgage, une société de prêts hypothécaires, n’aurait pas pu être plus mal choisi. Mais sur la chaîne CNBC, M. Trump a déclaré au monde entier : « Je pense que le moment est idéal pour créer une société de prêts hypothécaires… qui connaît mieux que moi le financement ? » Lancée en 2006, la société devait devenir le plus grand prêteur hypothécaire du pays. Au lieu de cela, elle a fait faillite un an plus tard, en raison de la crise du crédit hypothécaire.
Et puis il y a eu la vodka Trump. Lancée la même année que l’entreprise de prêts hypothécaires, elle a suivi une trajectoire similaire. M. Trump avait pourtant déclaré ceci : « D’ici l’été 2006, je m’attends à ce que le cocktail le plus demandé en Amérique soit le T&T ou le Trump and Tonic. »
Il n’en fut rien. La vodka a disparu – excepté en Israël, où l’on peut encore trouver une version non autorisée de la boisson.
L’année 2006 a été chargée pour l’équipe de Trump. Ils ont même lancé un service de voyage, appelé GoTrump. Donald a expliqué leur stratégie commerciale : « Lorsque des millions de personnes utilisent votre service et que vous obtenez X dollars par personne, cela représente beaucoup d’argent. » GoTrump n’est pas allé bien loin. L’entreprise a fermé ses portes en 2007.
Lors de la procédure de faillite, il a affirmé au tribunal que ce n’était pas de sa faute. Il n’avait rien à voir avec la gestion de la société, disait-il.
« Alors, comment se fait-il que vous figuriez sur la liste de paie de l’entreprise ? »
« Pour mon génie », avait-t-il répondu.
Il s’agit de l’une des quatre faillites qu’il a subies dans le cadre de ses activités de villégiature. Le Casino Taj Mahal en 1991. Une autre faillite de Trump Entertainment Resorts en 2004, une autre en 2008, et enfin en 2014.
Les pertes, mises ensemble, s’élèvent à plus de 5 milliards de dollars.
Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? Un mauvais timing. De mauvaises analyses. Une mauvaise gestion. La malchance. Cela peut arriver à n’importe qui.
L’Université Trump n’a pas connu un destin très différent. Elle proposait toute une série de cours… mais pas de crédits universitaires. National Review l’a qualifiée « d’escroquerie massive ». Les étudiants ont intenté des actions en justice, y compris un recours collectif contre Trump et d’autres responsables. Le Texas, l’Etat de New York et la Floride étaient sur le coup. La Floride s’est toutefois retirée du procès. Wikipedia explique pourquoi :
« Le bureau du procureur général de Floride Pam Bondi a annoncé en septembre 2013 qu’il envisageait de se joindre à un procès intenté à New York contre l’université Trump. Quatre jours plus tard, la Fondation Donald J. Trump a fait un don de 25 000 dollars à ‘And Justice for All’, un groupe soutenant la campagne de réélection de Mme Bondi. Par la suite, Mme Bondi a refusé de se joindre à l’action intentée à New York. »
Mais attendez. Mme Bondi fait de nouveau parler d’elle. C’est ce que rapporte ABC News :
« Pam Bondi, la procureure générale choisie par le président élu Donald Trump, a gagné au moins 3 millions de dollars grâce à la fusion qui a donné naissance à la société mère de la plateforme Truth Social de M. Trump, comme le montre sa nouvelle déclaration de situation financière personnelle. Au total, Mme Bondi et son conjoint ont déclaré une valeur nette de 20 millions de dollars… »
Ce n’est pas la première fois que Donald J. Trump prête serment en tant que commandant de bord. La dette de la nation s’élevait à 20 000 milliards de dollars lorsqu’il est entré pour la première fois à la Maison-Blanche en 2017 et à 27 000 milliards de dollars lorsqu’il l’a quittée en 2021. Pour le reste, il n’y a guère eu de changement de cap notable, que ce soit en matière de politique intérieure ou étrangère.
Cela n’a peut-être pas été bénéfique pour le pays. Mais cela a fonctionné pour lui.
Bienvenue dans le monde de Trump 2.0 !
3 commentaires
Pour ce qui est des affaires il ne semble pas que Trump ait grand chose à prouver. C’est en politique qu’il va devoir démontrer qu’il n’est pas un faiseur de bulles comme ses adversaires.
Petit bras, monsieur Trump, par rapport à Thierry Breton !
Avec ce qu’il a hérité de papa, il n’a fait que des coups fourrés et foireux … ce n’est pas exactement un génie des affaires parti de rien . C’est un bateleur, comme d’autres (on en a un super modèle chez nous) qui ne marchent qu’à la communication … notre siècle est malade de sa communication !
Et les memecoins, il fallait oser ! Mais il ose tout !
Ceci écrit, avec un peu de chance, il est peut-être un pastiche du « Diable et du Bon Dieu » , de Sartre ; le meilleur est peut-être à venir …