Passage en revue de matières premières géopolitiquement stratégiques, les terres rares, et de leurs perspectives dans le marché actuel.
Malgré son caractère hautement stratégique et l’omniprésence de ces métaux dans les énergies renouvelables et les produits technologiques (piles à combustible, alliages, aimants permanents des éoliennes et des moteurs électriques), le marché des terres rares reste modeste, en valeur, comparé à d’autres métaux.
Il est évalué à 9 Mds$ pour 150 000 tonnes d’oxydes, mais elles entrent dans la composition de produits d’une valeur totale de 7 000 Mds$. Un téléphone portable en contiendrait en moyenne 0,5 g, un climatiseur 120 g, un vélo électrique 200 g, une voiture à moteur thermique 1 kg, une éolienne jusqu’à 200 kg pour 600 à 800 kg d’aimants permanents, un chasseur F-35 quelque 400 kg et un sous-marin 3 600 kg.
Pour ce qui est du lithium, les batteries d’une Tesla pèsent 600 kg et contiennent environ 300 kg de lithium.
Les conséquences de la guerre commerciale
La baisse de la croissance mondiale et la guerre commerciale en cours avec les Etats-Unis vont avoir des conséquences bien au-delà de l’économie et des marchés financiers.
M. Trump menace, punit, éructe et roule des mécaniques, mais il est loin d’avoir toutes les cartes en main. L’interdiction de commercer avec Huawei, qui a conduit Google à lui retirer sa licence Android, ne vise évidemment pas que cette société : c’est le leadership mondial qui est en train de se jouer.
La Chine reste le principal producteur de métaux au monde et nul doute que le pays garde bien cette cartouche dont il saura se servir en dernier recours.
Les normes environnementales, les coûts de production élevés et les faibles concentrations en métaux rares de certains gisements ont conduit des pays industrialisés à abandonner progressivement cette production peu rentable.
Ils ont donc dû laisser ce marché à la Chine, contribuant ainsi à la mise en place d’un monopole. Aujourd’hui, l’intérêt stratégique de ces éléments pousse les dirigeants et les industriels à chercher des alternatives.
Matériaux de substitution
Des recherches sont effectuées pour mettre au point de nouveaux matériaux pouvant s’y substituer, mais cela reste encore très hypothétique. Cependant, des travaux ont montré qu’il était possible de réaliser des aimants permanents rivalisant avec ceux élaborés à partir de métaux rares, ainsi que dans le domaine de la catalyse de nouveaux matériaux d’anodes sans terres rares, qui sont plus légers et résistants à la corrosion.
Recyclage
La seconde piste est celle du recyclage des objets existants pour récupérer les terres et métaux qu’ils contiennent. Extraire et recycler les métaux qui les composent pour pouvoir les réinjecter dans l’économie représente un enjeu considérable sur le plan technologique. Nos sociétés produisent des montagnes de déchets technologiques contenant des terres rares. Leur recyclage peut se révéler une alternative à l’exploitation minière.
Des industriels européens et japonais se sont lancé dans le recyclage des aimants permanents contenus dans les disques durs d’ordinateurs, les haut-parleurs et les petits moteurs électriques, mais également dans les batteries nickel-métal hydrure (NiMH), les lampes à fluorescence ou encore les poudres de polissage des verres. Reste à déterminer si le recyclage est valable, tant en termes de respect de l’environnement que de coût.
Il n’y a pas que les terres rares…
Vous aurez compris qu’il est difficile de jouer aux échecs ou au jeu de go avec les règles du bingo ; c’est pourtant ce que tente de faire M. Trump. Je pense que cela va être très difficile, voire impossible, pour les Américains de conserver leur domination.
La bataille des terres rares n’est évidemment pas la seule ; l’enjeu principal est ailleurs. A mon sens, le coup de grâce sera la fin de l’hégémonie du dollar, la dédollarisation d’une grande partie des échanges et la mise en place d’une alternative crédible comme un yuan basé et convertible en or.
La seule incertitude est la réaction qu’auront les Etats-Unis. Il faut garder l’espoir que la guerre économique reste économique et n’aille pas plus loin.
Les périodes de récession et de dépression sont souvent des périodes qui se sont terminées par des conflits armés, souhaitons que ce ne soit pas le cas.