Les politiques appliquées par Mario Draghi à la BCE n’ont servi à rien – pire, elles ont aggravé la situation. A présent, Christine Lagarde prend la relève…
Pauvre Christine Lagarde. Elle reprend les commandes de la Banque centrale européenne (BCE).
Elle est vraiment parfaite pour gérer l’une des banques les plus importantes de la planète. Elle est, fondamentalement, une initiée… un compère… une personne politique, bien entraînée et parfaitement adaptée à un monde politique.
Le banquier central idéal ? Un rocher
Normalement, la personne qui dirige la banque centrale devrait peu nous importer – en fait, elle ne devrait jamais nous importer. Le poste devrait être occupé par un technocrate anonyme, dont le travail consiste simplement à s’assurer qu’il ne se passe rien de bizarre pendant son service.
Nous ne nous inquiétons pas de qui pilote nos avions ou qui fait tourner nos réacteurs nucléaires ; nous partons du principe qu’ils ne feront pas d’erreur grave.
De même, un banquier central n’a pas besoin d’être un héros… et ne devrait pas voir son nom apparaître dans les journaux. Il ne devrait pas s’inquiéter du niveau des actions (cela ne le regarde pas)… ni de l’économie (il ne peut rien y faire)… ni même de l’évolution des prix à la consommation (à moins d’en être la cause).
Il devrait être passif… invisible… immobile, comme un rocher… muet et fiable.
Mais ça, c’était avant. A présent, le chef de la BCE est une célébrité… un décideur… un escroc d’ampleur mondiale.
Et – comme le chef de la Réserve fédérale Jay Powell de l’autre côté de l’Atlantique – il a une tronçonneuse en main… abattant les arbres censés abriter les futures générations pour profiter lui-même d’un bref moment au soleil.
Planification centrale et manipulations
La BCE se livre à la manipulation et à la planification centrale, et elle n’y va pas de main morte. Sa parole fait loi. Ses fantasmes sont la réalité des gens ordinaires. Et son argent est considéré comme vrai.
La réputation de son actuel président, Mario Draghi, s’est répandue partout… atteignant même le président des Etats-Unis. Lors d’une interview télévisée, Donald Trump a dit :
« Ce que l’Europe a fait avec Draghi, c’est qu’ils forcent l’argent à entrer [dans l’économie] ; nous faisons l’inverse. Nous sortons l’argent [de l’économie] et nous augmentons les taux d’intérêts – c’est insensé. »
C’était en juin dernier. Depuis, la Fed a tourné les talons ; désormais, elle « force l’argent à entrer dans l’économie », tout comme la BCE. Au taux actuel, elle injectera environ 1 000 Mds$ sur les 12 prochains mois.
Rappelez-vous que M. Draghi a pris les commandes de la BCE en 2011, alors que de la fumée noire s’échappait du moteur grec, tandis que l’Italie et l’Espagne perdaient rapidement de l’altitude. La BBC nous dit ce qui s’est passé ensuite :
« Mario Draghi est donc intervenu. Il s’agissait peut-être du moment le plus significatif de son mandat à la BCE. Lors d’un discours – hors de la Zone euro, à Londres – il a déclaré à son public et au monde financier : ‘sous notre mandat, la BCE est prête à faire tout ce qu’il faudra pour préserver l’euro. Et croyez-moi, ce sera suffisant’. »
La Grèce réfléchissait aux alternatives possible. Peut-être devrait-elle quitter l’euro. L’Italie et l’Espagne pouvaient suivre. Mario avait du pain sur la planche. Que fallait-il pour sauver l’euro ? Plus d’euros !
Comment repousser le jour du jugement
Telle était la politique crétine de quasiment tous les banquiers centraux de la planète. Dans les faits, tous ont réalisé qu’ils étaient tombés dans le piège « l’inflation ou la mort ».
Ils pouvaient soit admettre leurs erreurs et laisser les conséquences suivre leur cours. Ou ils pouvaient faire « tout ce qu’il faut » pour repousser l’échéance.
M. Draghi, dont le passage aux commandes de la banque centrale italienne avait été un succès retentissant pour l’économie du pays, était champion en la matière. Pour repousser le jour du jugement – depuis le jour où Draghi a pris son poste jusqu’à la fin de cette semaine –, il a fallu 3 000 Mds$ d’impression monétaire de la part de la BCE
Soit plus d’argent ajouté au bilan de la BCE (la manière dont cet argent est créé) que l’augmentation totale du PIB européen sur la même période.
En d’autres termes, chaque euro d’augmentation du PIB a vu la création d’un euro par Mario Draghi – et plus encore. Non seulement M. Draghi laissait des choses bizarres se produire, c’est lui qui faisait en sorte qu’elles se passent.
Une fausse prospérité
Faux ! False ! Falsch !
Peu importe la langue que l’on utilise, la description des politiques de Draghi – et leurs conséquences – commence par un F.
Pour commencer, elles n’ont pas produit de prospérité réelle. On peut le constater en observant le taux de croissance. Durant les huit années précédant la prise de pouvoir de Draghi, la croissance du PIB européen atteignait en moyenne un petit 1,2%. Durant les années Draghi, ce taux n’a pas bougé : 1,2%. En d’autres termes, les 3 000 Mds$ ajoutés à l’euro-économie n’ont rien acheté du tout.
Deuxièmement, l’afflux d’argent n’a pas non plus arrêté le cycle économique. Le secteur industriel allemand vient par exemple d’enregistrer son 10ème mois de déclin consécutif (l’Allemagne est la plus grosse économie d’Europe en termes de PIB).
Troisièmement, M. Draghi considérait que sa mission consistait à faire en sorte que les prix à la consommation grimpent de 2% par an. 2%, c’est le Graal de quasiment tous les économistes modernes ; moins de 2% est une menace pour la prospérité, pensent-ils.
Mario Draghi a prouvé par inadvertance que c’était n’importe quoi. Non seulement il n’a pas atteint son niveau d’inflation cible – l’IPC, l’indice des prix à la consommation, a chuté de 2% environ lorsque Draghi a pris le pouvoir à 1% actuellement – mais le PIB est resté le même. La baisse de l’inflation n’a pas entamé la croissance, en d’autres termes.
Toujours plus de sottises
Bien entendu, c’était évident dès le départ.
Les plus grandes périodes de croissance et de prospérité pour les Etats-Unis ont été marquées par un IPC faible ou en baisse. L’exemple le plus spectaculaire est aussi le plus récent : la période de boom (de 1980 à 2000) où l’inflation est passée de 14% à 3%, tandis que la croissance augmentait rapidement.
Mais ni les bizarreries commises par M. Draghi… ni les bizarreries qu’elles ont produites (baisse de la croissance, baisse de l’inflation, augmentation de la dette… dont 17 000 Mds$ ont des rendements négatifs – que diable, même la Grèce emprunte à des taux négatifs) n’ont appris quoi que ce soit aux banquiers centraux et aux politiciens – dont Mme Lagarde, notamment.
Les sottises continuent.
Juste avant que de quitter le siège de la BCE, M. Draghi a commis une ultime bizarrerie. Le mois dernier, il a réduit le taux directeur de la BCE à moins 0,5%… et a déclenché un nouveau programme d’assouplissement quantitatif à 20 Mds$ par mois.
A votre tour, Christine.
2 commentaires
Je vous lis depuis longtemps déjà et constate que vous êtes toujours aussi percutant…..et drôle,ils devraient vous laissez couvrir l’intronisation de Christine Lagarde a la tribune,cela changerait des louanges en usage,voire comme vous le dites n’en pas parler du tout.Continuer a nous éclairer,d’argentine ou d’ailleurs,c’est toujours un plaisir.
Et si l’on depassait l’inflation pour crééer une famille de phénomènes de destruction de capital…
Il y aurait bien sur l’inflation.
Il y aurait les taux négatifs
Il y aurait la guerre
Il y aurait la liquidation des entreprises
Il y aurait l’innovation règlementaire
Il y aurait l’annulation de dettes ( la reforme des retraites en est une comme le cas de chypre ou la crise des subprimes…)
Il y aurait de belle gamelles actions et autres produits financiers
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