L’Europe persiste dans une économie sous perfusion, où la dépense tient lieu de stratégie.
L’agence Fitch vient d’abaisser la note de la dette française.
Malgré l’envolée des taux d’intérêt, le gouvernement poursuit sa fuite en avant budgétaire.
Dans les médias, beaucoup de journalistes expliquent la hausse des déficits par les baisses d’impôts engagées depuis dix ans. Leur solution ? Rétablir les taxes, plutôt que réduire les dépenses publiques.
Pourtant, le tableau ci-dessous illustre clairement l’impact réel des baisses d’impôts sur les recettes, d’après les chiffres du budget 2024.

Beaucoup de journalistes, d’économistes et même de patrons d’entreprise souhaitent le maintien, voire la hausse des budgets publics – quitte à alourdir la fiscalité et l’endettement.
Jean Tirole, lauréat du prix Nobel d’économie (Banque de Suède, 2014), défend lui aussi une augmentation des dépenses publiques. Selon lui, le gouvernement « ne dépense pas assez, mais dépense aussi mal », notamment en matière de soutien aux entreprises et à la consommation.
Il plaide pour un effort budgétaire accru en faveur des technologies, de la biotech et de l’intelligence artificielle. D’après Tirole, les avancées technologiques expliquent en partie les gains de productivité observés aux Etats-Unis par rapport à l’Europe. Il cite notamment le budget annuel de 48 milliards de dollars consacré à la recherche en santé aux Etats-Unis comme un modèle à suivre.
Le graphique ci-dessous illustre les écarts de productivité entre la France et les Etats-Unis, selon les secteurs. Les colonnes rouges représentent les activités liées au secteur technologique.

M. Tirole plaide ainsi pour davantage de financements publics en faveur de la tech sur le continent européen.
Il fait également référence aux programmes de M. Biden : en effet, les plans de soutien à l’économie lancés par l’ancien président américain totalisent 1 100 milliards de dollars de subventions et plus de 500 milliards de dollars d’exemptions fiscales. Selon M. Tirole, la stagnation de la croissance en Europe justifie de nouveaux plans de relance. Il promet richesse et croissance futures en contrepartie de dépenses publiques immédiates.
Verkor, Volvo, tout-électrique : le lobby des subventions et des amendes
Outre les économistes comme Jean Tirole, certaines entreprises défendent elles aussi ces programmes – souvent par intérêt direct.
Dans bien des cas, elles bénéficient des aides publiques, des quotas ou encore des barrières aux importations.
Ainsi, malgré la déroute du secteur automobile dans son ensemble, un consortium de 150 entreprises a signé une lettre appelant au maintien des quotas de véhicules électriques, jusqu’à l’interdiction totale des moteurs thermiques en 2035. Pourtant, selon les données de la Plateforme automobile française, le marché de l’électrique recule en France depuis deux ans.

Les ventes automobiles ont plongé cette année, en particulier dans les segments des camions et des fourgonnettes. Sur les sept premiers mois de 2025, les ventes de camions ont chuté de 18 %. Face à la hausse des coûts et à l’incertitude autour des quotas et des amendes, de nombreuses entreprises suspendent la conversion de leurs flottes vers l’électrique.

Le graphique ci-dessous illustre l’évolution de l’indice WLTP des émissions, qui mesure les rejets de carbone des voitures et des camions. Malgré les objectifs environnementaux affichés, l’indice stagne. Les consommateurs, eux, continuent d’acheter des véhicules à moteur thermique.

Face à la débâcle, l’UE recule… et subventionne davantage
Face à l’évidence de la débâcle du secteur automobile, l’Union européenne a décidé de repousser à 2027 l’application des amendes pour dépassement des seuils d’émission.
Les constructeurs anticipent néanmoins des milliards d’euros de pertes et la fermeture d’usines, faute d’un sursaut de la demande dans l’électrique.
Pendant ce temps, le lobby du tout-électrique redouble de pression sur les autorités pour imposer davantage de contraintes aux voitures à moteurs thermiques. Ses représentants réclament plus d’incitations et de restrictions, via le renforcement des quotas et l’application des amendes.
Parmi les signataires des appels en ce sens, figurent Volvo et Polestar, constructeurs spécialisés dans l’électrique, ainsi que Verkor, exploitant d’usines de batteries. Tous profitent directement de l’interdiction des moteurs thermiques.
Le gouvernement français et l’UE ont répondu à ces pressions par une nouvelle salve de subventions. La France augmente ainsi son aide à l’achat de voitures électriques de 1 000 euros, tandis que Bruxelles crée un fonds de 1,8 milliard d’euros pour soutenir les producteurs de batteries.
Les entreprises du tout-électrique – usines de batteries, opérateurs de bornes de recharge, constructeurs comme Volvo ou Polestar – dépendent directement de ces dépenses publiques. Elles demandent donc encore plus de budgets et de mesures contraignantes, malgré les dommages pour les constructeurs traditionnels et les consommateurs, victimes d’une conversion forcée à l’électrique.
PwC : encouragements au gâchis dans les batteries
Des intermédiaires financiers et des sociétés de conseil profitent eux aussi des programmes publics. En retour, ils soutiennent les politiques de subvention, à travers rapports et communiqués favorables.
Le groupe PwC, géant mondial du conseil, anticipe ainsi un essor massif du marché des véhicules électriques au cours des dix prochaines années.
Un rapport de Strategy& [NDLR : qui fait partie du réseau de PwC] publié cet été explique :
« Les prévisions de court terme sur les voitures à batteries estiment qu’elles représenteront environ 20 % de la demande en 2025 et 60 % en 2035. Cette croissance portera la demande de batteries à 5 TWh. »
Selon PwC, cette progression découlerait d’une baisse des prix de vente, rendue possible par les avancées technologiques dans les batteries. Le cabinet prévoit une parité des prix d’achat entre véhicules électriques et thermiques d’ici 2030, puis une part de marché de 93 % en Europe en 2035, grâce aux quotas et à l’interdiction des moteurs thermiques.
PwC promet le succès du programme grâce à la hausse de la demande… mais, comme les entreprises du tout-électrique, le groupe a un intérêt direct à la poursuite des subventions et des quotas.
Croissance : manque de liberté, excès d’impôts
Les avantages des Etats-Unis, dans la technologie ou d’autres secteurs, proviennent de la liberté d’innovation des entreprises et des entrepreneurs.
L’exemple de Novo Nordisk, avec ses médicaments contre l’obésité, illustre ce modèle : ces innovations offrent à la fois des solutions concrètes aux consommateurs et des profits légitimes aux innovateurs.
Aujourd’hui, la concurrence intense dans ce domaine entraîne une baisse des prix. Les analystes de Goldman Sachs prévoient désormais une réduction annuelle moyenne de 7 % du prix des médicaments contre l’obésité, contre 2 % auparavant.
La concurrence stimule l’offre au bénéfice des consommateurs et encourage l’efficacité. Chez Novo Nordisk, la pression sur les marges conduit à une réduction du personnel de 10 % et à la fin du télétravail – une recherche d’efficacité rendue nécessaire par le marché.
En France, la concurrence dans les télécoms a eu le même effet : le prix d’un forfait de 20 Go par mois a baissé de 43 % en deux ans.
Ces progrès – plus d’offre, des prix plus bas – proviennent de l’innovation et de la concurrence, non des aides publiques.
A l’inverse, régulations et impôts freinent l’activité, limitent la rentabilité des entreprises et, in fine, pèsent sur le niveau de vie.
Union européenne : subventions sans réformes
Dans l’Union européenne, les gouvernements multiplient les subventions, les exonérations fiscales et les aides directes aux entreprises.
Le groupe STMicroelectronics, par exemple, a reçu plusieurs centaines de millions d’euros d’aides publiques. Le supercalculateur JUPITER, développé par Atos, bénéficie d’un financement public de 500 millions d’euros.
Economistes, journalistes et grandes entreprises réclament encore plus de dépenses publiques, promettant que la croissance ainsi créée résoudra la dette et relancera les niveaux de vie.
Mais la réalité est tout autre : les dirigeants entretiennent la cause même du décrochage – manque de rentabilité, faible productivité, poids des impôts et des régulations, rigidités du marché du travail.
Les profiteurs des programmes (Volvo, Verkor, PwC…) demandent toujours plus de distributions et de régulations. Et toute tentative de réduction des budgets se solde par une crise politique.
Résultat : les gouvernements poursuivent les dépenses et empilent les programmes, entretenant la stagnation de la croissance et des niveaux de vie.
[NDLR : Retrouvez plus d’analyses sans concession – et des recommandations concrètes qui vous aideront à protéger votre épargne et votre niveau de vie : cliquez ici pour en savoir plus.]
