Les élites pensent tenir les populations par la peur… mais en agissant ainsi, elles renforcent en fait ce qui menace leur existence même.
Mao, qui était maître dans l’art de la dialectique, disait : « Tout système évolue en fonction de ses contradictions internes et de ses contradictions externes. »
Ceci a été vérifié tout au long de l’Histoire. La difficulté est de cerner les contradictions qui sont à l’œuvre dans le système et de les hiérarchiser. Il faut trouver la contradiction majeure, celle autour de laquelle tout s’ordonne.
Je vais laisser de côté aujourd’hui les contradictions externes bien qu’elles soient exacerbées et que nous soyons passés de la coopération mondiale à la compétition stratégique puis à la guerre froide, et maintenant à la guerre tiède.
Contradiction majeure
La contradiction majeure de notre système depuis maintenant 12 ans, c’est celle qui oppose déflation à inflation.
Elle se formule ainsi : tendance spontanée forte à la déflation qui crée un besoin d‘inflation monétaire en raison d’un surendettement insurmontable.
Je m’explique.
Spontanément, depuis maintenant 12 ans, le système produit de la tendance à la baisse des prix, c’est-à-dire de la tendance à la déflation.
Les causes sont multiples. Parmi celles-ci, il y a : l’insuffisance de la demande, les progrès des techniques, la productivité, la concurrence internationale, le poids des dettes, le refus de l’assainissement de la pourriture économique, la pression du profit qui fait baisser ou stagner les salaires… et surtout ce que j’appelle synthétiquement « l’humeur des peuples ».
Doute généralisé
Nous sommes dans une grande phase cyclique où les peuples n’ont plus confiance en eux-mêmes, en leurs valeurs, en leurs élites ; ils doutent, ils ont peur de l’avenir, ils sont persuadés qu’il sera sombre, et donc ils sont frileux. Ils font de la rétention.
Dans un système qui se surendette depuis le milieu des années 80 grâce à la dérégulation néo-libérale, le stock de dettes ne cesse de gonfler – le tas de dettes devant nous est de plus en plus vertigineux.
Or la dette est un pari sur l’avenir qui consiste à tirer des traites. Elle ne peut supporter ni le ralentissement de la croissance ni la récession ; il faut que la bicyclette roule sinon elle chute.
La dette, c’est « avance ou crève ». Il faut donc de la croissance réelle et/ou nominale – en d’autres termes, il faut de l’inflation. La croissance est organiquement inséparable de la hausse des prix en particulier du prix du travail. C’est l’ancienne loi de Phillips.
De l’inflation, par pitié !
Le système, pour se maintenir et durer encore un peu, crie à l’inflation – il supplie, il en veut à tout prix.
En formulant la contradiction majeure qui est au centre du système de cette façon, j’ai conscience d’être très synthétique.
La notion d’humeur des peuples que j’utilise pour faire toucher du doigt cette synthèse a le mérite d’avoir été étudiée dans le passé (Ben Johnson) ; c’est une donnée reconnue. Le grand gourou du crédit dans le monde, Jim Grant, l’a utilisée en son temps.
Tout ceci pour vous dire que le choix des élites de vous gouverner par la peur, d’essayer de contrôler les peuples par la peur pour les faire tenir tranquilles, est idiot. Elles accentuent ainsi ce contre quoi elles devraient lutter : l’humeur maussade, rétentionniste !
Cela ne fait que se renforcer avec la peur climatique, la peur de la pénurie, la peur des migrations envahissantes, la peur du progrès des technologies, et bien sûr la peur sanitaire.
Nos élites croient nous tenir par la peur alors qu’elles ne font que renforcer… ce contre quoi elles devraient lutter pour maintenir en place le système qui leur est si favorable. Elles renforcent les tendances déflationnistes qui nous/les conduisent à la ruine !
Les élites creusent leur tombe.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]