Pourquoi Donald Trump est-il en politique comme un poisson dans l’eau… et comment son pays est-il arrivé là où il en est actuellement ?
Nous n’en avons pas terminé avec M. Trump.
Oui, cher lecteur, nous en venons enfin à l’argent…
S’il y a bien une chose pour laquelle M. Trump était censé être doué, c’est bien l’argent. Après tout, sa communication était basée sur le fait qu’il était milliardaire… et un homme d’affaires prospère.
Nous avons lu son livre, L’Art de la négociation, qui nous a laissé dubitatif. M. Trump pense qu’on réussit en affaires en s’assurant que l’autre partie perde.
Telle n’est pas notre expérience. Dans la vie privée… comme en affaires… il vaut généralement mieux aider l’autre à gagner. C’est la règle d’or.
Il vaut mieux le croire, par ailleurs, même si ce n’est pas vrai. Sinon, on termine avec des disputes sans fin… des divorces… et des procès (le journal USA Today dénombrait 4 095 procès impliquant Donald Trump sur les 30 dernières années).
Une vision gagnant-perdant
C’est par les accords gagnant-gagnant – par millions… délicats et solides… évidents et cachés… simples et infiniment nuancés – que la main invisible et légère de l’économie réelle crée de la vraie richesse.
[NDLR : Bill Bonner explique cette notion dans son dernier ouvrage, Gagner ou perdre – probablement plus intéressant à lire que celui de M. Trump, et disponible ici.]
Les accords gagnant-perdant sont l’affaire de la politique – ce qui est probablement la raison pour laquelle Le Donald s’y est mis aussi facilement. La politique, ce sont des batailles… des combats… des confrontations…
Cette vision gagnant-perdant l’a mené à prendre des décisions brutales, agressives, qui ont en fait endommagé l’économie au lieu de l’aider.
Les guerres commerciales, par exemple, étaient une mauvaise idée dès l’origine. Idem pour ses escarmouches constantes avec le Congrès et les médias. Certes, elles ont amélioré son image auprès de sa base. Mais elles ont miné la coopération et le soutien dont il aurait eu besoin pour mettre en place des réformes significatives, s’il en avait prévu.
En route vers le désastre
Tout de même, rien de cela n’aurait peut-être eu beaucoup d’importance. Parce que lorsque le grand homme a posé son imposant arrière-train dans le Bureau ovale il y a près de quatre ans… le pays était déjà engagé sur la longue route solitaire vers le désastre.
Ce qui est, au passage, le principe de nos méditations de ces derniers jours.
Oui, nous pensons que Donald Trump est particulièrement incompétent et capricieux. Mais même une personne plus sérieuse n’aurait pas eu beaucoup plus de succès à Washington.
L’establishment tout entier – l’élite du Deep State, qui gère réellement le gouvernement – est profondément implanté… bien armé… et vent debout contre toute réforme.
Ceci étant dit, le mandat de Donald Trump a été particulièrement catastrophique. Non seulement il a manqué toute opportunité de faire faire demi-tour au navire de l’Etat… mais il a appuyé sur le champignon.
Ces derniers jours, nous avons décrit les notes de bas de page… les obiter dicta du mandat de M. Trump. Comme nous l’avons souligné, la plupart des tendances des années précédentes ont continué sans entraves. Le pays était déjà sur la pente descendante… après avoir atteint son apogée à la fin du siècle dernier.
Nous avons vu également comment M. Trump a accéléré le déclin… et augmenté le pouvoir des élites prédatrices du marigot.
Clairs et nets
Aujourd’hui, nous nous intéressons à ce qui a rendu tout cela possible : l’argent. L’argent factice.
Là, les chiffres sont clairs et nets.
Durant les près de quatre années de gouvernement Trump, la dette publique américaine a augmenté plus rapidement, en pourcentage du PIB, que sous toute autre administration américaine ces 40 dernières années.
Lorsqu’Obama a quitté la Maison Blanche, la dette gouvernementale était déjà à 100% du PIB. Après quatre années Trump seulement, elle est passée à 135% – la plus grande augmentation en un seul mandat de l’histoire du pays.
Trump a ajouté 4 500 Mds$ à la dette nationale en quatre ans de gouvernement – même sans compter le plan de dernière minute de 2 000 Mds$.
Voilà qui ne ressemble pas à « rembourser la dette nationale ». Cela ressemble plus à la route vers la faillite.
Prenons du bon temps
C’est aussi ce qui soutient les bestioles du marigot, et tous les parasites et empêcheurs de tourner en rond qui ne rendent absolument pas sa grandeur à l’Amérique.
Le déficit de 2016, la dernière année d’Obama, était déjà honteux, à 585 Mds$. Il était encore plus imprudent et irresponsable qu’il le semblait, parce qu’il arrivait après six années d’expansion économique.
L’idée est de profiter des années de vaches grasses. Or le soleil brillait depuis 72 mois… et on n’avait toujours rien mis de côté pour les lendemains moins radieux.
Ensuite est arrivé le grand homme, et la météo a continué à être favorable pendant 36 mois… mais la grange restait désespérément vide. Il n’y avait aucun signe de surplus… ni de prévisions pour l’avenir.
Au contraire, Donald Trump ne voulait rien avoir à faire avec épargner pour le lendemain. Il voulait prendre du bon temps dès aujourd’hui.
Pour commencer, il a mis la Réserve fédérale sous pression, afin de la forcer à réduire les taux. Ensuite, il a baissé les impôts de 1 700 Mds$ — principalement pour les riches, dont les caisses étaient déjà pleines.
Mais au lieu de réduire symétriquement les dépenses, il a augmenté le budget militaire de 200 Mds$, ce qui était bien la dernière chose dont le Pentagone, déjà obèse, avait besoin. Il a également enterré 100 Mds$ supplémentaires dans des usines à gaz nationales.
Toujours plus de dette
Selon ses fans, cela aiderait l’économie à se sortir de la dette par la croissance. Cela « stimulerait » la croissance, ont-ils dit. La seule chose que cela a vraiment stimulé, c’est la dette.
Comme un adolescent renfrogné en pleine poussée de croissance, le déficit Trump de 2017 s’est envolé à 665 Mds$ – puis 779 Mds$ pour 2018, et 984 Mds$ pour 2020.
Arrivé en 2020, le gamin se cognait la tête aux montants de portes… avec un déficit de plus de 1 080 Mds$ en 2020.
Et ça, c’était avant la panique Covid-19 !
Ensuite, avec un Donald Trump incapable de contredire sa propre équipe sanitaire… et toujours assoiffé de taux d’intérêts plus bas et de plus de dépenses… le déficit de 2020 est passé à 3 100 Mds$. Les autorités dépensaient plus de 2 $ pour chaque dollar de recettes fiscales.
Ce déluge de dépenses (en fausse monnaie, bien entendu) comprenait des centaines de milliards de prêts corporate louches… des livraisons d’argent par hélicoptère au grand public, dont la vaste majorité travaillait et touchait encore un salaire… et des suppléments d’allocations chômage qui ont donné à certains deux fois plus que ce qu’ils gagnaient en travaillant.
Des finances dignes d’un trou m***ique.
A présent… lancés à pleine vitesse sur la route… les électeurs américains menacent de changer de conducteur.
Qui serait le plus prudent ? Le plus sobre ? Qui aurait le plus de chance d’aider le pays à négocier le virage en épingle qui se profile ?
A suivre…