L’économie mondiale est désormais « en flux tendu »… et le moindre frôlement peut rompre ce fragile équilibre. La crise actuelle est bien plus qu’un frôlement : comment allons-nous nous en sortir ?
Assigné à résidence, en isolation forcée, nous sommes plus concentré.
Sur ce qui nous entoure, pour commencer… et sur la phase la plus dramatique de l’histoire économique et financière dont nous ayons jamais été témoin.
Des masses d’argent changent de mains. Et des sommes encore plus énormes s’évaporent tout simplement. Nous n’avons jamais été confronté à un tel défi.
Oui, cher lecteur, c’est maintenant ou jamais.
Si nous réussissons à maîtriser cette situation, nous passerons sans doute le restant de nos jours dans une insouciante tranquillité financière. Dans le cas contraire… je vous laisse imaginer.
La prochaine étape – politique, en tout cas
Ces jours-ci, nous étudions les conséquences… ou plutôt, nous tentons de déterminer où tout ceci va nous mener.
Nous sommes aujourd’hui dans la phase de déflation ; la bulle explose, la valeur des actifs chute brutalement et revient aux niveaux qu’elle n’aurait jamais dû quitter.
Quelle sera la prochaine étape ? L’orage est-il passé ?
Hélas, la réponse est simple : non… on n’a encore rien vu.
Aujourd’hui, nous allons nous concentrer sur la partie politique du problème. Comment cette crise change-t-elle le gouvernement ?
L’économie du juste-à-temps
Nous commençons à nous rendre compte que le coronavirus est une chose naturelle.
On entend sur la toile des rumeurs qui affirment qu’il a été créé par l’armée américaine à Fort Detrick dans le Maryland… ou par l’armée chinoise à Wuhan. Il est bien plus probable qu’il soit en réalité le produit de rencontres fortuites on ne peut plus normales.
L’économie, en revanche… la manière dont elle réagit au virus… et la réponse des autorités… voilà des questions purement politiques.
Nous utilisons ici le terme « politique » au sens large.
Nous ne parlons pas du combat entre gauche et droite… mais de la sphère globale dans laquelle les décisions sont prises – non pas en trouvant des compromis gagnant-gagnants, mais par le biais d’une intrusion des autorités, sous une forme ou sous une autre.
Au cours des 20 dernières années, nous les avons vues distordre l’économie (nos lecteurs fidèles, à ce stade, en ont sans doute déjà assez entendu sur ce point…). L’argent factice et des taux d’intérêt qui le sont tout autant ont, petit à petit, fragilisé le système immunitaire de l’économie.
Les taux d’intérêt extraordinairement bas ont découragé l’épargne et encouragé la spéculation, l’endettement, les rachats, les primes, les aubaines, les inégalités et toutes les autres fragilités et bizarreries qui font l’objet de nos Chroniques depuis deux décennies.
Pour faire simple, nos dirigeants ont créé une économie en flux tendu, dans laquelle tout le monde – des ménages lambda aux travailleurs précaires en passant par les chefs d’entreprises et les réserves fédérales elles-mêmes – est convaincu que l’argent et le crédit sont une ressource illimitée.
En cas de souci, donc… les autorités en mettraient toujours davantage à disposition.
C’est sur la base de cette conviction que les cours boursiers, la dette, les dépenses gouvernementales, les déficits et les obligations ont atteint des niveaux sans précédent dans l’histoire de l’humanité.
Mais il y a toujours eu un cheveu dans la soupe…
Un cheveu dans la soupe
L’argent véritable – tout comme le vrai temps, les vraies compétences et les vraies ressources – n’est pas illimité. Une fois les limites franchies, des choses terribles commencent à se produire.
D’une part, la politique elle-même est corrompue… corrodée… et, faussée, commence à prendre de nouvelles formes grotesques.
Pour commencer, les autorités obtiennent davantage de pouvoir simplement en vertu du fait que ce sont elles qui distribuent l’argent. Le dernier projet de relance américain, en attente d’évaluation par le Congrès US, demande la distribution de 2 000 Mds$.
Les lobbyistes, en file indienne, quémandent des faveurs, des exemptions et des plans de sauvetage. Les citoyens, eux aussi, contactent déjà leurs dealers, leurs bookmakers, leurs contrebandiers et leurs créditeurs… et s’attendent à ce que de l’argent tombe bientôt du ciel, tout droit dans leurs poches.
Les petites gens recevront 1 500 $ par tête, soit un total de seulement 300 Mds$ environ. Qu’arrivera-t-il au reste de ces 2 000 Mds$ ?
Le New York Times évoque une ruée vers l’or des lobbyistes :
« Les restaurants affirment avoir besoin de 325 Mds$ d’aide fédérale. Boeing veut 60 Mds$. Le secteur du tourisme demande 250 milliards et celui de la production industrielle, 1 400 Mds$ de prêts pour gérer la dévastation économique que le coronavirus laissera dans son sillage.
Sans parler des casinos, des compagnies aériennes et des propriétaires de franchises, qui ont également tous indiqué qu’ils auront besoin de l’aide du gouvernement fédéral pour survivre. »
Vaches maigres
Pour y voir plus clair, concentrons-nous sur Boeing.
Pendant les années fastes, l’entreprise s’est accaparé la quasi-totalité de ses bénéfices sur les dix dernières années… et les a généreusement distribués aux actionnaires et à l’équipe dirigeante – par le biais de rachats et de primes.
Arrivent maintenant les années de vaches maigres… et l’entreprise n’a pas le capital nécessaire pour faire face à la crise.
Boeing (en tant qu’entreprise bien réelle) ne va pas pour autant disparaître. Ses ouvriers ne vont pas oublier comment riveter. Ses commerciaux ne vont pas perdre leurs carnets d’adresses. Ses ingénieurs ne vont pas oublier ce qui fait voler un avion.
Dans un système capitaliste honnête, la direction et les propriétaires d’une entreprise paient pour des erreurs comme celle-ci. Ils sont mis à la porte et perdent leur argent. C’est ainsi que les choses sont censées fonctionner.
Si une entreprise a besoin d’être recapitalisée, les propriétaires, les directeurs et les investisseurs peuvent mettre la main à la poche, désengorger un peu leurs comptes en banque et… par ici la monnaie.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Désormais, les pertes sont « socialisées » – c’est-à-dire qu’elles sont endossées par des personnes qui n’ont jamais gagné le moindre centime grâce à Boeing.
Les capitalistes pourris garderont leur argent ; le gouvernement paiera !