Des dépenses à pleine allure pour l’année électorale.
En voilà une bien bonne : un haut fonctionnaire du gouvernement, Jerome Powell, tente de prévenir le Congrès qu’il fonce droit vers une cascade fiscale.
Business Insider rapporte :
« Pour Jerome Powell, les Etats-Unis sont en train d’accumuler des quantités dangereuses de dettes à cause de leurs dépenses excessives, et les générations futures vont très probablement en subir les conséquences.
‘Le gouvernement fédéral des Etats-Unis est sur une pente fiscale insoutenable’, signale le président de la Réserve fédérale dans une interview ce dimanche au micro de la CBS, pour l’émission ’60 Minutes’. ‘La dette évolue plus vite que l’économie.’
Un déficit budgétaire au cours de ces quatre dernières années seulement a atteint les 9 Mds$, ce qui a plus que triplé la dette nationale, qui s’élève aujourd’hui à la somme de 34 Mds$, record des deux dernières décennies, comme l’indiquent les données de la Trésorerie. »
« Insoutenable » veut dire que la situation ne peut plus durer. Et pourtant, elle perdure encore et encore, et depuis bien longtemps.
Depuis 1970, le PIB des Etats-Unis est passé de 5 Mds$ à 25 Mds$, il a donc été multiplié par cinq. Parallèlement, la dette est passée de 350 M$ à 34 Mds$, soit approximativement 100 fois plus.
Cela ne va surprendre personne. Tout le monde le sait. Mais cela dure depuis tellement longtemps que la majorité des gens (si toutefois ils y pensent !) trouve que la situation est parfaitement soutenable. Après tout, c’est comme cela depuis plus d’un demi-siècle.
Un milliard par ci…
Ce qui est nouveau à ce propos n’est pas si nouveau que cela. Ce n’est rien de plus que le schéma classique des enfantillages fiscaux qui maintient son cours. On commence par de petits déficits qui permettent aux dépenses d’augmenter aussi.
Il a fallu 27 autres années, jusqu’en 2009, pour accroître la dette de 10 Mds$.
Progressivement, les déficits augmentent et deviennent tout à coup des mammouths. De 2009 à nos jours, en l’espace de 15 ans, la dette a connu une hausse de 22 Mds$.
Et aujourd’hui, si on se base sur les cinq premiers mois de cette année fiscale, le déficit pointe vers les 2,5 Mds$… à ajouter à la dette nationale.
Ce sur quoi Jerome Powell attire l’attention, ce n’est pas un changement de direction mais un changement de vitesse.
Le cap a été fixé en 1971, lorsque les Etats-Unis ont basculé vers la fausse monnaie. Il a fallu du temps, au début, pour désapprendre les leçons données par le monde du vrai argent. La sagesse des innombrables générations précédentes s’est fondue en instincts.
Il n’y a pas de petites économies…
… Ne pas jeter l’argent par les fenêtres…
… Les bons comptes font les bons amis…
Tout ce « bon sens » a dû être remplacé par de nouvelles habitudes singulières.
Gérer son budget ? Réduire les dépenses inutiles ? Eteindre la lumière en quittant une pièce ?
Qui continue de le faire ? Dans ce nouveau monde, remarquable en tous points, les déficits ne comptent plus.
Zinzin ? Oui. Et finalement, quelqu’un d’autre que nous a tiré la sonnette d’alarme.
Un milliard par-là…
Alan Greenspan. Ben Bernanke. Janet Yellen. Aucun d’eux n’a pensé que la dette valait d’être mentionnée.
Par conséquent, tandis que les hommes et les femmes à la barre ont changé, aucune correction de cap n’a été appliquée. Le navire n’a fait que se rapprocher encore et encore de la limite du monde financier, là où l’économie plonge dans le chaos et la catastrophe.
Et maintenant ?
Cet avertissement de Jerome Powell aura l’effet d’un test d’alarme incendie sur un bateau de croisière. Aucune chance que les passagers sortent sur le pont glacial en sous-vêtements. « Le bateau n’a jamais coulé auparavant, se diront-ils, il ne coulera pas cette fois-ci non plus. »
D’ici là, le navire avance à pleine allure.
Le Cap’taine Biden dépensera autant que possible dans la préparation de l’élection présidentielle de novembre. De l’argent pour Israël. De l’argent pour l’Ukraine. De l’argent pour l’industrie des puces. De l’argent pour la puissance de feu. De l’argent pour la DEI (Diversité, Équité, et Inclusion) et pour qui diable. De l’argent pour tout. De l’argent pour tout le monde. L’argent coule déjà à flot. Les places pour le Superbowl, par exemple, frôlent les 10 000 $.
Mais, attendez. Et si Donald Trump gagnait les élections ?
Ahem.
L’autre mot en « T »
C’est ce même Donald Trump qui a pesté contre Jerome Powell pour baisser les taux d’intérêt, pour qu’emprunter deviennent plus facile à l’époque, en 2017. Et c’est ce même Donald Trump qui a fait gonfler le plus gros déficit de l’Histoire des Etats-Unis (plus de 3 Mds$). Il déclare à présent que s’il est élu, l’une de ses premières mesures sera de virer Jerome Powell.
Le Barron’s rapporte :
« Dans une interview publiée vendredi, Donald Trump accuse J. Powell, qu’il a lui-même désigné à la tête de la Réserve fédérale des Etats-Unis lors de son mandat, de faire de la ‘politique’, et sous-entend que Jerome Powell pourrait procéder à des réductions de taux d’intérêt pour aider le parti démocrate à se faire réélire.
‘Je pense qu’il va faire quelque chose pour aider les démocrates’, a révélé Trump lors d’une interview pour Fox Business ce vendredi, en référence aux prochaines élections présidentielles de novembre. »
La réduction des taux est justement ce que Powell n’a pas fait. Pas encore. Par contre, il a déclaré qu’il souhaitait voir l’inflation atteindre fermement son niveau cible de 2% avant de réduire les taux et il a aussi prévenu le Congrès et le public que ces emprunts, ces impressions de billets et ces dépenses devront être maîtrisés.
Mais Trump a raison : s’il campe sur ses positions et s’il veut vraiment mettre ces dépenses excessives sous contrôle, Powell va devoir s’en aller.