L’administration Trump relance les vieilles lubies budgétaires : baisses d’impôts massives, explosion des déficits, pression sur la Fed. Une stratégie déjà éprouvée – et échouée – qui précipite les Etats-Unis vers une crise budgétaire annoncée.
« Le gouvernement n’est pas la solution à nos problèmes ; le gouvernement est le problème. » – Ronald Reagan
Si seulement la vie n’était pas si compliquée ! Si déroutante ! Si seulement il n’y avait pas de grosses bottes d’acier prêtes à expédier un coup de pied à tous les abrutis…
Les démocrates font fausse route depuis très longtemps. Ils pensent que le gouvernement est la solution à presque tous les problèmes. Ils ont mis en place des programmes à plusieurs milliers de milliards de dollars – pour lutter contre la drogue, vaincre la pauvreté, guérir le cancer, mettre fin au racisme, rendre le logement abordable… et, souvent main dans la main avec les républicains, vaincre le « terrorisme » et garantir l’hégémonie américaine dans le monde.
Aucune de ces mesures n’a fonctionné. Il est possible de retracer l’ensemble de la dette américaine à partir de ces programmes ratés.
Aucune de ces initiatives n’a fonctionné. On peut retracer l’ensemble de la dette américaine à partir de ces programmes ratés.
Les républicains, eux, sont encore relativement novices en la matière… et pas tous à l’aise avec cette logique. Ils avaient l’habitude de croire qu’un excès d’emprunts publics finirait par « évincer » le secteur privé en mobilisant l’essentiel du capital disponible dans le secteur le moins productif : l’tat. Mais après 1971, ils ont progressivement compris qu’ils pouvaient creuser d’énormes déficits – avec la complicité des démocrates – et avancer à grands pas.
Des décennies ont passé. Nous approchons de la fin de cette route… et la botte se dirige maintenant vers leur propre derrière.
Au coeur de l’économie de Trump 2.0 se niche le même vieux fantasme – celui qui a déjà échoué. L’équipe de Trump propose des solutions à des problèmes qui n’en sont pas… et ces « solutions » deviennent ensuite de véritables problèmes.
Le plus grand défi auquel l’administration ait été confrontée, c’est la maîtrise des dépenses et de la dette. Cela aurait dû être la priorité absolue de son Grand et Beau Projet de Loi. A. Ken Rogoff explique pourquoi dans le Financial Times :
« Le déficit budgétaire de 2024 s’élevait à 6,4 % du PIB, ce qui est stupéfiant ; des prévisions crédibles suggèrent qu’il dépassera les 7 % du PIB durant le reste du mandat du président Donald Trump. Et cela, en supposant qu’aucun ‘cygne noir’ ne provoque un nouveau ralentissement de la croissance et une explosion de la dette. La dette américaine dépasse déjà les 120 % du PIB, et il semble plus que probable qu’une crise budgétaire éclate d’ici cinq ans. »
Les baisses d’impôts prévues dans son Abominable Grand Projet de Loi comprennent une extension des allègements fiscaux de 2017, ainsi que de nouvelles réductions pour les salariés touchant des pourboires, faisant des heures supplémentaires ou percevant la sécurité sociale. Les réductions de dépenses, elles, sont renvoyées à plus tard.
Pendant ce temps, Trump met la pression sur Jerome Powell, exigeant une baisse des taux d’intérêt d’un point. The Financial Review :
« Le président Donald Trump a exhorté la Réserve fédérale à abaisser ses taux d’un point de pourcentage, intensifiant ainsi sa campagne contre le président de la Fed, Jerome Powell.
‘Trop tard, la Fed est un désastre !’ a posté Trump vendredi sur les réseaux sociaux, en utilisant un surnom moqueur pour Powell. ‘Malgré lui, notre pays se porte très bien. Allons y pour un point de moins !’ »
Tellement simple. Tellement clair. Le pays « va bien ». Aucun problème, donc. Alors, ajoutons encore quelques milliers de milliards de dettes – et nous en aurons un.
Dans les projections ensoleillées des experts républicains, le PIB progresse, et les baisses d’impôts « s’autofinancent ». Si seulement c’était aussi simple. Ken Rogoff ajoute :
« Les données, qui remontent à plusieurs vagues de réductions fiscales depuis Ronald Reagan dans les années 1980, montrent qu’elles sont loin de se financer d’elles-mêmes. En réalité, elles ont été un facteur majeur de l’augmentation constante de la dette au XXIe siècle. »
Les partisans du MAGA suivent leurs propres calculs et leur propre logique. Une grande partie de l’explosion de la dette viendra de la reconduction des baisses d’impôts de 2017. Mais si l’on suppose que ces baisses ne prendront jamais fin (alors que la loi prévoit leur expiration en fin d’année), on peut alors relever la « base de référence », ce qui permet de faire passer les nouvelles dépenses pour moins graves qu’elles ne le sont.
Le problème, c’est que tout le monde savait que les allègements fiscaux de 2017 ne seraient pas supprimés. Même Joe Biden était favorable à leur maintien. Relever la base de référence améliore l’apparence du BBBA (les dégâts étant déjà comptabilisés), mais n’a aucun effet réel sur le niveau de la dette.
Quoi qu’il en soit, et quels que soient les scénarios retenus, la dette fédérale totale devrait dépasser les 60 000 milliards de dollars d’ici 2035.
Musk a raison. Ce n’est pas beau. Ce projet de loi est une abomination – et elle garantit presque que les Etats-Unis accumuleront plus de 20 000 milliards de dettes supplémentaires au cours des dix prochaines années.
Et plus la dette grimpe, plus les taux d’intérêt montent eux aussi – ce qui oblige les autorités à emprunter davantage (et creuser encore la dette) pour continuer à payer les intérêts.
Un jour, un président et un Congrès futurs vont se prendre un mur… et ne pourront pas le repousser. Ils feront alors ce qu’ils devront faire : dévaluer le dollar (via l’inflation), relever l’âge de la retraite à 70 ans (comme vient de le faire le Danemark), conditionner certaines prestations à des critères de ressources… et augmenter les impôts sur les plus riches.
Ce serait la meilleure issue possible. Douloureuse, mais nécessaire.
Mais attention. Avec une dette de 37 000 milliards de dollars, les baisses d’impôts et de taux d’intérêt sont du « carburant pour fusée »… Et dans les dix prochaines années, quelqu’un ne manquera pas d’y craquer l’allumette.
2 commentaires
Bon.. d’accord, les Gouvernements sont un problème plus qu’une solution. Vous en avez une autre que de changer de gouvernement?
« garantir l’hégémonie américaine dans le monde » est la primitive de « garantir l’hégémonie d’Israêl au proche orient ».
le simple cumul de 5% d’intérêts pendant 10 ans donne 62,8% d’accroissement de la dette ce qui transforme 37000 milliards en
60000 milliards sans déficit primaire ni remise en cause des « droits » des créanciers… pas sûr que les débiteurs approuvent sans qu’on leur mette un fusil sur la tempe ou qu’on leur propose plus modestement le « droit’ de s’euthanasier.