** J’ai été invité comme conférencier au Salon de l’Analyse Technique qui se déroule ces vendredi 28 et samedi 29 à l’Espace Cardin, avenue Gabriel, juste en face de l’Ambassade d’Angleterre et à deux pas du Palais de l’Elysée. J’ai saisi cette occasion pour me munir de mon meilleur boîtier numérique équipé d’un zoom électronique de 400mm pour tenter de capter — à la dérobée — quelques images de Carla Bruni-Sarkozy de retour de Buckingham Palace afin de résoudre un épais mystère qui hante mes nuits depuis mercredi dernier.
La presse britannique s’est en effet emparée de la question du choix de chaussures à talons plats et d’une tenue griffée Dior — mais tellement « Jackie Kennedy » — par la First Lady lors de l’arrivée du couple Sarkozy à Heathrow. L’ex-top model a-t-elle renoncé aux talons aiguilles et au casual wear en public pour réserver ce bonheur à son président de mari lorsqu’ils se baladent tendrement enlacés dans les jardins de l’Elysée ? Voilà qui ferait taire les ricaneurs qui associent abusivement les deux tourtereaux à des kings of bling…
Je ne manquerai pas de vous apporter des éléments de réponse concrets et précis dès la Chronique de lundi, et je n’hésiterai pas, au besoin, à interroger les résidents du quartier qui peuvent les croiser fortuitement lorsqu’ils font du shopping rue du Faubourg Saint-Honoré.
A l’occasion, et comme j’utilise le statut d’analyste technique comme couverture pour me rapprocher discrètement de la présidence — et de Carla –, je laisserai également traîner une oreille dans les amphithéâtres et les auditoriums de l’Espace Cardin afin de glaner quelques idées concernant l’évolution des marchés financiers d’ici fin 2008.
L’organisateur du salon m’a même recommandé de préparer « un petit quelque chose », au cas où je serais appelé à m’exprimer devant un micro avec un graphique du CAC 40 ou du dollar en toile de fond — à 14h30 aujourd’hui et à 13h ce samedi.
Je m’attends à voir les salles de conférence se vider à tout instant pendant mon intervention si jamais un des visiteurs, surveillant l’avenue Gabriel par l’une des baies vitrées de la buvette du premier étage, s’écriait : « Voilà Carla ! »
** Pour ceux qui se désintéressent du people et resteraient hypnotisés par les graphiques, j’ai rassemblé quelques idées que je vous livre pêle-mêle — et un peu maladroitement, je m’en excuse par avance — à défaut de pouvoir les illustrer à l’instant par un chart, lequel vaut souvent mieux qu’une longue démonstration littéraire.
Nous voyons depuis une semaine Wall Street faire l’impasse sur les déboires des banques. Ainsi, comme nous le rappelait Bill Bonner jeudi dernier, Goldman Sachs chiffre les pertes prévisibles liées aux subprime à 460 milliards de dollars. Les signaux de ralentissement économiques aux Etats-Unis se multiplient : le Nasdaq Composite a bondi de 8,5% en cinq séances (du 17 au 25 mars), le Dow Jones reprend 800 points (+7%), tandis que le CAC 40 se contente d’une hausse de 6% et de 5,5% pour l’Eurotop 100 dans le même intervalle.
Ce n’est qu’une nouvelle illustration du phénomène de contre-performance systématique des actifs libellés en euro par rapport à ceux cotés en dollar depuis le 1er janvier dernier. Le principal avantage de l’euro fort est qu’il permet aux gérants américains de matérialiser des gains via un différentiel entre les deux devises malgré l’orientation négative des indices boursiers.
La tentation de liquider les valeurs françaises ou européennes est d’autant plus grande qu’aucun stratège n’a jamais envisagé — comme l’ont longtemps prétendu la BCE et le gouvernement français — que nos entreprises seraient relativement épargnées par le processus de récession qui se radicalise Outre-Atlantique depuis l’automne 2007.
Le sentiment commun à beaucoup de gérants, c’est que les sociétés exportatrices basées dans l’Euroland vont souffrir bien davantage que leurs rivales implantées en zone dollar.
La faiblesse du billet vert risque de s’intensifier à l’approche de la fin de l’année fiscale au Japon avec le rapatriement des investissements hors de la zone yen. Chaque dollar supplémentaire injecté dans le système par la Fed — elle y va à coups de centaines de milliards depuis le début du mois de mars — vient dévaluer le stock de dettes libellées dans cette devise.
Voilà une façon commode de se débarrasser du fardeau de la bulle du crédit mais aussi du leadership économique planétaire au profit de l’euro — en tant que monnaie de réserve — et des pays asiatiques — en tant que moteurs de la croissance mondiale.
Du point de vue monétaire, à défaut d’offrir de la stabilité — par rapport à quoi ? –, la BCE offre de la visibilité. 95% des cambistes anticipent donc le maintien inflexible du « Repo » à 4% d’ici fin 2008. Neuf mois de tranquillité — même si l’Euroland accouche d’une récession bien joufflue en 2009–, cela vaut bien la peine d’épaissir son matelas d’euros pour s’y reposer confortablement jusqu’aux élections présidentielles américaines de novembre prochain.
Si ce raisonnement est pertinent, alors l’Euro Stoxx 50 ou le CAC 40 devraient sous peu voir revenir les gérants anglo-saxons car nombre de valeurs de premier plan offrent aux cours actuels des rendements qui n’ont rien à envier aux Bunds (3,9%) ou aux OAT (4,1%) et ridiculisent les T-Bonds qui offrent à peine 3,5% pour une maturité de huit à dix ans.
** Les achats techniques ont fini par propulser le CAC 40 (+0,9%) au-delà des 4 700 points hier, et même au contact des 4 720 points à l’issue d’une séance marquée par une volatilité qui donnait le tournis : pas moins de quatre mouvements successifs de cours supérieurs à 1,5% d’amplitude en l’espace de quelques heures. Cependant, les volumes sont demeurés étrangement modestes : 5,3 milliards d’euros contre 5,6 milliards d’euros la veille… ce qui nous intrigue beaucoup.
Le CAC 40, qui avait ouvert en repli de 0,2%, s’est envolé à partir de 13h30 — jusque vers 4 750 points, (+1,6%) suite à l’annonce d’un repli du chômage aux Etats-Unis la semaine passée. Il a cependant reperdu 85 points en moins d’une heure, déstabilisé par la glissade initiale de Wall Street — la chute d’Oracle de 8% s’avérant plus pénalisante que prévu pour le Nasdaq.
Pour en revenir au registre de l’analyse technique, le franchissement par le CAC 40 d’une résistance oblique baissière moyen terme unissant tous les sommets depuis le 12 décembre dernier et qui gravitait ce 27 mars vers 4 690 points semble préfigurer une poursuite de l’embellie qui se dessine depuis le test des 4 430 points, le plancher de clôture du 17 mars dernier.
Le franchissement du palier des 4 767 points, qui coïncide avec la MM50, pourrait conditionner une accélération en direction des 4 980 points et peut être même des 5 081 points (gap du 18 mars 2008). Voilà un pronostic que ne désavouerait pas Raphaël Garaud, de Vos Finances – La Lettre du Patrimoine dont l’optimisme naturel nous semble bienvenu en cette période de giboulées de mars où la contre-offensive de l’hiver, sous forme de bourrasques de grêle et de neige mêlées, nous fait douter de l’imminence d’un printemps boursier.
Pourvu que Carla Bruni-Sarkozy troque sa robe grise d’infirmière griffée Dior — John Galliano se serait-il assagi à ce point ? — contre un twin-set chamarré Christian Lacroix, relevée de broderies by Lesage et chausse des escarpins à double lanières Gucci ou des ballerines multicolores Isabelle Stanlowa rehaussées de strass ou de cristaux Swarovski (sur demande) !
Tous les détails dans notre prochaine Chronique « Y’a pas que la bourse… matelassée de chez Chanel, dans la vie » !
Philippe Béchade,
Paris