La baisse des taux de la Fed met en lumière des problèmes jusqu’alors sous-jacents, notamment aux Etats-Unis.
De nouveaux records absolus sont tombés mercredi soir sur le S&P 500 (5 741) et le Dow Jones (42 300).
Nette dégradation des T-Bonds
Il convient de souligner, parce que c’est la première supposition qui vient à l’esprit, que les marchés obligataires ont dû contribuer, comme la veille, à l’optimisme initial des acheteurs.
Mais les T-Bonds semblaient évoluer dans un monde parallèle ce 25 septembre, avec une nette dégradation en début de journée, en décalage complet avec le compartiment « actions » aspiré vers de nouveaux zéniths historiques, avant que la vapeur s’inverse dans les deux secteurs – ce qui semble valider un phénomène de vases communicants.
En fait, Wall Street se motive depuis 48h avec un narratif qui a gagné en popularité : les investisseurs valident une probabilité de 58% de baisse des taux de 50 points de base lors de la prochaine réunion de la Fed de novembre, contre 37% il y a une semaine.
Cela fait suite à la publication mardi d’une chute aussi inattendue que brutale de l’indice de confiance des consommateurs qui a plongé de 105,6 vers à 98,7 en août, alors que les économistes s’attendaient à une embellie. Il s’agit, au passage, de son repli le plus marqué en trois ans.
Le sous-indice du jugement des Américains sur leur situation actuelle a décroché de 10,3 points à 124,3, tandis que celui mesurant leurs anticipations a reculé de 4,6 points à 81,7.
Un seul chiffre, même pire que prévu, paraît insuffisant pour espérer une réaction spectaculaire de la Fed.
Des Américains inquiets pour leur travail
Eh bien, il y en a d’autres qui ne jouissent pas d’une publicité aussi large mais qui, ajoutés les uns aux autres, finissent par conforter ce scénario.
Voici une autre enquête trimestrielle concernant le troisième trimestre 2024, que vous n’aurez probablement pas vu passer sur Bloomberg ou CNBC. Elle concerne le pourcentage d’Américains qui craignent de perdre leur emploi au cours des quatre prochains mois : les chiffres ont bondi de 2,8% à 4,4% en trois mois. Alors, 4,4%, cela ne paraît pas bien spectaculaire… mais c’est le pire score observé depuis dix ans, et les 4% enregistrés en 2014.
Dans l’emploi toujours, avec une autre statistique concernant les apprentis ou les jeunes diplômés : le taux de chômage des 16-24 ans a atteint 9,7% en août, son plus haut niveau depuis juin 2021 (post-pandémie), ce qui représente une hausse de 3,1, soit plus de 40% par rapport au plancher de 6,6% d’avril 2023. Il y a également beaucoup de précarité parmi les salariés plus âgés mais peu qualifiés, avec plus d’un million d’emplois à plein temps perdus en 18 mois.
Cela entraîne des conséquences que les économistes s’appliquent à passer pudiquement sous silence. Pas moins de 18% des emprunteurs américains qui ont contracté des prêts hypothécaires de catégorie FHA (tranches avec des scores de crédit faibles, limite subprime) se retrouvent avec des impayés de plus de 90 jours.
Wall Street vole de record en record
C’est tout simplement le score le plus élevé enregistré de tous les temps, plus qu’au troisième et quatrième trimestre 2009, avec un précédent record de 17%. Donc, Wall Street a battu trois records consécutifs pour cette entame de quatrième trimestre sur l’anticipation d’une baisse de 100 points des taux en six semaines, alors que le discours officiel de la Fed c’est « croissance et emplois robustes, consommation résiliente ».
Avez-vous déjà vu la Fed baisser de 100 points ses taux en début de cycle ?
Avez-vous déjà vu 100 points de baisse de taux quand l’économie américaine n’est pas ou ne file pas tout droit en récession ?
Si cela se produit, que faisait Wall Street au plus haut historique ce mercredi 25 septembre vers 16h10 ?