La crise du Covid-19 a précipité une foule de mesures protectionnistes et interventionnistes : préparez-vous, l’URSS est de retour… chez nous, cette fois-ci.
« L’économie de l’URSS a été, jusqu’en 1990, une économie socialiste planifiée, dirigée par le parti communiste à travers un système centralisé d’administration économique. La propriété d’Etat y jouait un rôle dominant et l’ensemble des activités économiques était orienté par un plan impératif. Ce système s’est effondré en 1991. »
– Encyclopédie Universalis
Cela ne vous fait-il pas penser à quelque chose de plus récent que 1991 ?
Donald au pays des Soviets
Donald Trump est en période électorale et il sait qu’il ne sera pas réélu si les marchés financiers se cassent la figure. Sa seule chance de faire un second mandat est de limiter au maximum la crise économique et ses conséquences sur les marchés.
Il actionne donc les seuls leviers qu’il ait : le déficit budgétaire et la planche à billets de la banque centrale, la Fed et l’Etat fédéral étant à peu près aussi indépendants l’un de l’autre que ne le seraient deux siamois.
L’Etat et la Fed garantissent tout, rachètent tout : de l’entreprise pétrolière à la banque, en passant par le coiffeur et envoient des chèques à tous les Américains. Je suppose donc que bientôt, quel que soit votre métier ou votre statut, votre feuille de salaire portera l’en-tête de la Fed ou du gouvernement américain.
Nous sommes face à une soviétisation de l’économie américaine. Les pouvoirs publics sont en train de mettre la main sur la totalité de l’économie du pays. Que reste-t-il du secteur privé ? Pas grand-chose en réalité.
Si on retire :
✓ceux qui feront tout de même faillite ;
✓ceux que l’on va tellement endetter qu’ils appartiendront aux banques (elles-mêmes détenues par l’Etat) ;
✓les ménages qui dépendront du chèque que leur envoie M. Trump et qui seront eux aussi endettés comme jamais ;
✓les sociétés qui seront directement nationalisées…
… Il ne restera pas grand monde dont la rémunération ne proviendra ni de l’Etat ni de la banque centrale, ce qui revient au même.
Les marchés y sont aussi…
Les taux bas et les achats massifs des banques centrales de toutes les obligations, qu’elles soient investment grade ou pas, des actions, des ETF, des indices, nous ont fait passer dans un régime de prix administrés.
Les prix de marché n’existent plus. Le risque n’existe plus.
La valeur des choses n’existe plus, seul le prix fixé par les autorités compte.
Les entreprises zombies, pour peu qu’elles soient dans les petits papiers de nos hommes politiques, continueront d’être renflouées par le contribuable. Privatisation des gains et mutualisation des pertes prennent tout leur sens.
… Ainsi que l’Europe, bien entendu
Ne croyez pas que seuls les Etats-Unis soient sur la voie de la soviétisation : nous faisons la même chose en Europe et évidemment au Japon. Mme Lagarde veut tout racheter : l’Italie, la Grèce, bientôt les dettes corporate pourries… En France, l’Etat va nationaliser Air France et peut-être la Société Générale.
Les secteurs sinistrés sont nombreux : l’aérien, l’automobile, le tourisme, l’hôtellerie, la restauration, le BTP, la distribution non alimentaire, l’événementiel, le parapétrolier, bientôt les banques et les assureurs, la mode, les coiffeurs.
Ce sera encore plus difficile pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI, plus de 250 salariés et moins de 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires), qui ne bénéficient pas des mêmes accès aux marchés financiers et aux prêts bancaires.
Ces entreprises se voient appliquer des critères d’éligibilité au prêt garanti par l’Etat plus stricts que pour les PME. Elles doivent se conformer à des ratios qu’elles ne peuvent pas respecter.
L’Etat va donc être sollicité, que ce soit pour participer aux futures augmentations de capital des groupes dont il est déjà actionnaire comme Renault ou PSA, voire la SNCF, ou pour intervenir dans les sociétés privées en difficultés. L’addition devrait se chiffrer en centaines de milliards d’euros.
Quant aux marchés, à fin mai, le résultat des manipulations de prix se mesurait ainsi : le S&P 500 était en baisse de 9,53% depuis le début d’année, le Nasdaq 100 positif de +6,48%, le CAC 40 négatif de 25,42%, le DAX de 16,41%, Shanghai en recul de 5,38%, le Nikkei de 12,11%.
Ces chiffres traduisent toute la déconnexion qu’il peut y avoir entre l’économie réelle et la Bourse ou entre le prix et la valeur.
Nous verrons la suite dès demain…