Les banques centrales appliquent une doctrine parfaitement erronée qui conduit à déresponsabiliser les marchés – et à faire porter les risques, au final, par… vous.
La doctrine criminelle – il n’y a pas d‘autre mot, et tant pis pour ceux qui trouvent que je caricature et que je suis un polémiste –, résumée en un tweet (reprenant une déclaration de Ben Bernanke en 2006, à la veille ou presque de la crise immobilière de 2007 aux Etats-Unis, qui a ensuite entraîné la crise des subprime) :
« A cause de la dispersion des risques financiers auprès de ceux qui sont le plus enclins, désireux et capables de les supporter, l’économie et le système financier sont plus résilients [c’est-à-dire plus résistants et plus solides] », dit Bernanke.
Une doctrine entièrement fausse
Ce qui est important et que j’ai cent fois analysé, c’est cette doctrine de la dispersion.
C’est une doctrine fausse.
La dissémination des risques, au lieu de rendre le système plus résistant, le rend beaucoup plus fragile.
Quand le risque est concentré sur les banques commerciales, il est suivi par des gens compétents, capables d’alerter et de le supporter. Les banques commerciales savent que si elles sont négligentes, elles paient. Ce n’est pas un système de tiers payants.
En revanche, le risque qui est disséminé sur les marchés est réparti sur des gens aveugles, obsédés par la performance et soumis aux caprices des « esprits animaux ».
La dissémination est un moyen cynique de spolier le public et ses institutions collectives. Au lieu de rendre le système résilient, elle le fragilise.
Une fois encore, c’est le plus grand nombre qui paie
La dissémination des risques est une expression pudique permettant d’exprimer cyniquement qu’il faut les faire supporter par le plus grand nombre.
C’est toute la conception intellectuelle de ces zozos, fondée sur les statistiques à la façon de John Law, qui est fausse.
Ces conceptions partent de l’idée qu’il faut « gaver » l’économie de risques, et que pour ce faire il faut en faire absorber statistiquement le plus possible au plus grand nombre…
… Or c’est exactement le contraire qui est vrai : pour supporter les risques, il faut savoir les mesurer, les étudier, les apprécier et avoir les reins solides. Les marchés ne le peuvent/sont pas. Les marchés sont stupides et avides.
Résultat : tous les risques en 2008 et maintenant en 2020 se reconcentrent et remontent où ?…
… A la banque centrale, qui est obligée de tout ravaler et de tout garantir !
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]