Les évolutions des investissements et des salaires ne signalent aucune expansion économique. Les dépenses publiques augmentent tandis que les recettes fiscales baissent.
Plus nous étudions la chose, plus nous sommes convaincu que toute cette histoire n’est qu’une gigantesque escroquerie.
Certes, on pourrait appliquer cette phrase à tout ou presque dans la vie publique – mais nous parlons plus spécifiquement des finances fédérales américaines et de la Théorie de la relance.
Beaucoup de lecteurs américains sont d’avis que la réduction d’impôts de M. Trump a créé un véritable boom.
Ce boom, pensent-ils, fera grimper le PIB, augmentera les recettes fiscales et réduira le problème de la dette (M. Trump a même affirmé qu’il rembourserait la dette nationale en huit ans !…).
Si c’est vrai, cela signifie que toutes nos théories sont déficientes… que les relances fonctionnent vraiment… que nous sous-estimons grandement l’occupant de la Maison Blanche… bref, que nous n’y connaissons rien à l’économie !
Voyons cela de plus près. Etes-vous accroché à votre siège ? Vous devriez… c’est probablement la question la plus importante de la finance moderne.
Hmmm… mais d’abord, jetons un oeil aux chiffres du PIB.
La dernière estimation de croissance du PIB pour le premier trimestre est de 1,3%. Pas grand’chose, en d’autres termes. Mais on ne parle que d’un résultat… peut-être est-ce un coup du hasard.
Nous allons donc faire la moyenne des chiffres publiés trimestriellement pour l’ensemble de la présidence Trump. On obtient 2,6%. C’est mieux mais ce n’est pas franchement éblouissant.
A présent, comparons aux taux de croissance moyen de la présidence Obama, afin de voir s’il y a eu une véritable amélioration. Qu’obtenons-nous ? 2,5% seulement.
Cela signifie-t-il que la seule preuve d’un boom Trump se monte à un maigre 0,1% – un dixième de pourcent – de croissance supplémentaire, un chiffre risible et sans aucune signification statistique ?
Des indicateurs importants – investissements et salaires
Attendez une minute. Regardons d’autres indicateurs importants.
L’un des principaux buts de la baisse d’impôts de Trump était d’augmenter les investissements des entreprises. Si ces investissements grimpent, cela suggère de futures augmentations de la productivité, des profits et des salaires.
Peut-être.
Hélas, les baisses d’impôts semblent avoir encouragé les entreprises à acheter leurs propres actions, non à investir dans des usines, de l’équipement, de la formation et de la technologie.
Les rachats sont à un sommet record – plus de 1 000 Mds$ en 2018 – après avoir atteint de nouveaux record durant chacun des quatre derniers trimestres. L’investissement, en revanche, est à peu près là où il en était durant les affreuses années Obama, soit 13% du PIB environ.
Qu’en est-il des salaires ? On a beaucoup parlé du fait que le travailleur moyen avait enfin eu de la chance. Peut-être que pour lui, la relance a fonctionné ?
En réalité, durant les deux premières années de la présidence Trump, la croissance réelle des salaires hebdomadaires a chuté. Elle était en moyenne de 1,3% (quasiment rien) durant les trois dernières années du règne d’Obama.
Elle est désormais inférieure à 1%.
Une approche binaire insuffisante pour un sujet compliqué
La politique encourage une approche simple et binaire des problèmes nationaux : « eux contre nous »… conservateurs contre progressistes… Trump contre Hillary.
Or la calamité à laquelle sont confrontées actuellement les finances des États-Unis dépasse de loin l’analyse « eux contre nous ».
Voici ce que l’équipe Trump a réellement accompli : elle a emprunté 180 Mds$ supplémentaires pour financer la baisse d’impôts de 2018 à elle seule.
Cette « relance » était censée mettre le feu à l’économie. Elle était censée faire grimper le PIB… ainsi que les recettes fiscales.
Nous avons vu que le PIB n’a pas grimpé… du moins pas encore… et nous présumons que les recettes fiscales non plus. Si l’on regarde les chiffres, on constate qu’elles ont chuté – à un plancher de quatre ans.
A ce jour en 2019, les recettes fiscales provenant de particuliers ont baissé de 3%. Les entreprises ont quant à elles payé quelque 20% de moins.
Cela porte l’ensemble des recettes fiscales à 16% du PIB, soit moins que lorsque Ronald Reagan en eut fini avec ses propres baisses d’impôts.
A la Chronique, nous sommes pour les réductions d’impôts. Mais sans réduction des dépenses publiques, elles ne sont qu’une fraude… que nous décrirons plus en détails dans une minute.
Plus de dettes maquillées en « relance »
Au lieu de tailler dans les dépenses pour compenser les réductions d’impôts, l’administration Trump les a augmentées.
Les dépenses pour les vétérans et les militaires augmentent au rythme de 10%, les coûts d’intérêts sont en hausse de 15% tandis que les dépenses de Sécurité sociale/Medicare ont pris 5%.
Le budget Trump propose en outre d’autres augmentations qui ajouteraient un total de plus de 800 Mds$ à la dette fédérale – soit une augmentation de 20% du déficit – par rapport à la dernière année Obama.
En pourcentage du PIB, les recettes fiscales frôlent un plus bas record pour l’ère moderne. Dans le même temps, les dépenses gouvernementales en tant que pourcentage du PIB sont à leur niveau le plus haut depuis la crise de 2008-2009.
Hausse des dépenses, baisses des revenus = déficits plus profonds.
C’est exactement ce qui s’est produit. En février, les autorités ont dépensé plus d’argent emprunté que d’argent perçu grâce aux recettes fiscales. Depuis qu’il est en poste, Trump a ajouté plus de 2 000 Mds$ à la dette nationale.
Y a-t-il la moindre théorie – ou expérience – laissant à penser que les politiques désormais appliquées par l’équipe Trump mèneront à la croissance et à la richesse dans les années qui viennent ? Pas que nous sachions.
Simuler n’est pas stimuler
A la place, nous assisterons à la continuation des politiques malhonnêtes de ces 30 dernières années, avec de plus en plus de dette déguisée en « relance ».
Sauf que la relance est une fraude. Elle fait semblant de stimuler l’économie. C’est faux. Ce qu’elle fait en réalité, c’est transférer la richesse du peuple américain vers les élites et les groupes favorisés par les autorités pour des raisons politiques.
C’est ce qu’a accompli la réduction d’impôts. Elle a distribué de l’argent – principalement aux actionnaires – qui sera facturé ensuite aux futurs consommateurs et contribuables.
Elle n’a pas stimulé la croissance réelle. Au mieux, elle a simulé la croissance réelle – donnant brièvement l’impression d’une économie saine tandis que les consommateurs dépensaient leurs maigres épargnes et que les entreprises rachetaient leurs propres actions.
Nous sommes d’avis que cette courte poussée de croissance simulée a pris fin au dernier trimestre 2018.
C’est pour cela que M. Trump en appelle désormais à une réduction de 50 points de base du taux directeur de la Fed – toujours plus de relance !
Et c’est pour cela que notre Indice de la Catastrophe est passé au rouge.
1 commentaire
Evidemment les baisses d’impôts sont peu efficaces avant d’entrer en vigueur. Aussi la qualité d’une politique économique se mesure mieux au travers du différentiel entre le taux de croissance économique du pays et le taux de croissance moyen à l’échelle mondiale (un pays avec une mauvaise politique peut être porté par une bonne conjoncture mondiale et inversement). A cet égard on constate une augmentation significative de la croissance américaine en 2018 par rapport à 2017 (année au cours de laquelle aucune mesure fiscale n’avait été prise) alors même que le reste du monde ralentissait.