▪ Selon le New York Times, le Congrès US est pris entre le marteau et l’enclume.
D’un côté, les politiciens doivent réduire les déficits. De l’autre, ils doivent créer des emplois.
Bien entendu, le Times ne comprend rien à rien. Il essaie de faire croire que les membres du Congrès sont juste des innocents pleins de bonne volonté faisant de leur mieux pour résoudre des pressions contradictoires.
Pas du tout. Ce sont eux qui ont fabriqué le marteau — et l’enclume. D’un côté ils ont mis en place des programmes incroyablement chers. Ils n’avaient pas l’argent nécessaire pour payer toutes les usines à gaz et autres renflouages, si bien qu’ils ont dû emprunter. Les déficits, en d’autres mots, sont un problème qu’ils se sont eux-mêmes créé. La nécessité de réduire les dépenses déficitaires n’est jamais que la réalité qui se lève pour leur botter le train.
De l’autre côté, on trouve l’obligation de créer des emplois. L’idée n’est qu’une flatterie ridicule. Le Congrès n’a jamais vraiment créé un seul emploi supplémentaire de toute l’histoire. Les emplois viennent des efforts productifs — de la fabrication de choses ou de la fourniture de services… qui rapportent des profits. Une personne en paie une autre pour couper son gazon. Une autre encore pour lui soigner les dents. Tant le jardinier que le dentiste ont un emploi. Le gouvernement, en revanche, détruit des emplois. Il prend des ressources qui auraient pu être utilisées pour embaucher un dentiste ou un jardinier. Il peut mettre les gens au travail… mais uniquement en détournant des ressources, et des vrais emplois, de l’économie produisant de la richesse.
S’il le voulait, le gouvernement pourrait forcer tout le monde à travailler en leur faisant creuser des trous ou se compter les uns les autres. Il pourrait augmenter les salaires et annoncer "le plein emploi". Mais personne n’aurait de vrai emploi. Et nous serions tous ruinés.
▪ Les politiciens américains relèvent le défi de manière parfaitement factice — c’est-à-dire qu’ils font semblant de créer des emplois. Les Européens, quant à eux, annoncent qu’ils réduisent les déficits. Ils y sont obligés ; les prêteurs ont dit qu’ils ne leur donneraient plus d’argent. Comme le disait Nouriel Roubini, sur le Vieux Continent, "l’austérité n’est pas facultative".
En ce qui nous concerne, nous sommes du côté des Allemands. Les autorités européennes commencent à corriger leur erreur, même si elles ne le font pas de manière honnête. Les Américains ne font qu’empiler une bourde sur une autre.
Ni les Américains ni les Européens ne sont satisfaits des réactions de l’autre. Le secrétaire au Trésor US a accusé les Européens de menacer la "reprise" en supprimant la demande à un tournant critique. Il a insinué que s’il y avait une autre Grande Dépression, elle serait engendrée par les Européens. Jean-Claude Trichet, de son côté, déclare que tout est de la faute des Américains. Ce sont eux qui ont inventé les prêts subprime, et ce sont eux qui ont permis la spéculation imprudente et avide à Wall Street.
A ce moment du raisonnement, la plupart des journalistes et des économistes diraient quelque chose comme : "les deux parties devraient mettre leurs différends de côté, travailler en harmonie et remettre l’économie en ordre". Mais vous n’entendrez pas ce genre de sottises bien-pensantes de notre bouche ! Les Européens devraient arrêter de renflouer les banques françaises et allemandes (en garantissant les dettes de la Grèce, du Portugal, de l’Espagne, et al.). Les Américains devraient arrêter de renflouer tout le monde. Tout le monde devrait arrêter les renflouages et simplement s’écarter du chemin pour que l’économie puisse s’effondrer si elle le souhaite.
Vous penserez peut-être que notre point de vue est trop radical, cher lecteur. Beaucoup de gens le pensent. Mais les preuves montrent qu’un effondrement est en réalité une bonne chose. Les économies de libre-échange sont remarquablement robustes. Elles n’ont pas besoin du génie des politiciens et des bureaucrates pour fonctionner. Et lorsqu’elles trébuchent et tombent parfois, c’est en réalité assez sain. Cela leur permet de se débarrasser de leurs parasites.