▪ Pourquoi donc des gens sains d’esprit paient-ils des Etats pour garder leur argent à trois mois, alors qu’il existe des banques pour ça ? Voyons, c’est très simple : parce ces gens ont peur des banques et que les banques ont peur les unes des autres.
▪ Mais qui sont donc ces gens qui ont peur de laisser des liquidités dans des banques ?
La Suisse, les fonds de retraite ou fonds de pension, les banques elles-mêmes.
Commençons par la Suisse. Vous le savez, la Suisse a juré qu’elle maintiendrait la parité euro/franc suisse à 1,20 jusqu’à ce que mort s’ensuive. Rien qu’au mois de juin, cela a conduit la BNS (Banque nationale suisse) à augmenter ses réserves de change de 59 milliards de francs (la bagatelle de 46 milliards d’euros).
Vous imaginez bien que la BNS n’empile pas les coupures de 500 euros (les jolis billets mauves que personne n’accepte en France) dans des coffres. Il lui faut des placements à court terme. Donc, voilà déjà quelques milliards qui se retrouvent sur le marché de la dette à court terme. La Banque centrale européenne ayant baissé son taux à 0,75% jeudi 5 juillet, il en a résulté une nouvelle baisse de l’euro contre le dollar (de 2,5% à 1,2290).
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Faillite de la Grèce, possibilités d’éclatement de la Zone euro, reprise de la récession…
… SIMONE WAPLER AVAIT VU VENIR TOUT CELA
Que va-t-il se passer ensuite — et surtout comment vous y préparer ?
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Vous voyez, sur la courbe de parité euro/dollar, l’effet de la baisse de taux de la BCE.
Evolution de la parité eurodollar sur un an
Maintenant, comparez cette courbe à celle de la parité euro/franc suisse sur la même durée.
Vous voyez à l’oeuvre toute la puissance de feu de la BNS : électroencéphalogramme plat de la parité, alors que l’euro aurait dû chuter de la même façon (voire même pire) face au franc suisse que ce qu’il a fait face au dollar. Maintenant, faisons une loupe sur les deux derniers mois sur l’eurodollar (en vert) et l’eurofranc (en bleu)
Eurodollar et euroCHF sur trois mois
Si pour maintenir sa parité en mai, la BNS a dépensé 59 milliards de francs alors que l’euro ne baissait pas significativement face au dollar, imaginez ce que la BNS a dû dépenser ces dernières semaines !
Au fait d’où vient cet argent ? De nulle part, la Suisse le crée, c’est de la planche à billets. « La BNS ne peut pas isoler son économie des effets de son objectif de change. Pour que cette politique fonctionne, elle doit être prête à créer de l’inflation par le canal de la création de liquidité en quantité illimitée », indiquait L’Agefi du lundi 9 juillet.
Pour terminer, un mot rapide sur les banques. Déposer leur argent au guichet de la BCE ne leur rapporte plus rien. Elles ne peuvent prendre le risque de le prêter à d’autres banques en aussi piteux état qu’elle-même. Il reste donc les billets de trésorerie à très court terme. Et c’est ainsi que nous nageons en pleine folie dans les liquidités avec des taux négatifs.
▪ Ce que cela signifie pour vos investissements
Le franc suisse n’est pas une monnaie refuge, puisque c’est une monnaie qui s’imprime en quantité énorme. Il est bon d’avoir un petit matelas de cash dans cette monnaie chez vous en cas de crise majeure, de blocage du système bancaire et d’éclatement de l’euro. Cependant, cette monnaie n’est pas un abri durable de la même façon qu’une tranchée n’est pas un fort ou qu’une chaloupe n’est pas un vaisseau.
Le seul abri durable dans un monde financier en proie à une bataille de faux-monnayeurs (car émettre du papier ne correspondant à aucune richesse, aucun actif tangible, qu’est-ce d’autre ?) c’est bien évidemment l’or. Votre ligne de conduite doit être : dès qu’un gouvernement se transforme en faux-monnayeur, j’achète de l’or.
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[…] parution dans la Chronique Agora le 12/07/2012. AKPC_IDS += […]