La Zone euro est nettement moins financiarisée que les Etats-Unis. Une bonne chose à première vue, sauf que…
Voici une observation intéressante de Holger Zschaepitz, très bon journaliste conservateur du quotidien allemand Die Welt.
Il fait remarquer que le financement de l’économie européenne est encore en très grande partie « en banque » : comme l’indique le graphique ci-dessous, originaire de la Deutsche Bank et twitté hier par Zschaepitz, le crédit corporate européen est constitué à 80% de prêts bancaires.
Cela signifie que nous sommes beaucoup moins financiarisés que les Etats-Unis.
Les USA se financent par le marché, ce qui se traduit de la façon suivante : la continuité du financement de l’économie américaine dépend des « esprits animaux » du marché, pour reprendre le terme de Keynes.
Le financement est soumis aux soubresauts, aux aléas, aux caprices de l’esprit de jeu… sans parler de l’opacité plus grande.
L’Europe, plus solide ?
J’en tirerais volontiers la conséquence que l’Europe est moins vulnérable à une crise boursière que les Etats-Unis.
Hélas, je crains que ce ne soit faux pour plusieurs raisons :
– insuffisance des dépôts et ressources stables en Europe ;
– ratios médiocres ;
– interconnexion des marchés mondiaux ;
– surexposition aux dérivés ;
– interconnexion bancaire ;
– surexposition des banques euros à la chose américaine en général ;
– besoin de refinancement en « dollars », c’est-à-dire en dollars extérieurs ;
– nullité théorique des gens de la BCE qui imitent les Etats-Unis et la Fed alors que les conditions en Europe sont différentes.
Il faudrait une politique consciente et méthodique de désintrication financière et bancaire en Europe pour que nous redevenions maîtres de notre destin.
Et bien sûr, il faudrait résoudre la question structurelle d’un système monétaire boiteux et mal ficelé…
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