Les parallèles entre les années 1970 et la décennie qui s’annonce sont de plus en plus nombreux. Ce ne sera pas agréable pour les investisseurs…
Que va-t-il se passer ? Les actions vont-elles grimper… ou s’effondrer ?
Nous n’en savons rien. Les marchés sont imprévisibles – mais pas la Réserve fédérale. Si les cours chutent, nous savons ce que la Fed va faire : intervenir pour les refaire grimper. C’est-à-dire qu’elle va faire jouer l’inflation, avec des taux ultra-bas, la folie repo, de l’assouplissement quantitatif (QE) et des programmes « non-QE ».
Telle est la politique de la Fed depuis que son ex-président Alan Greenspan y a eu recours pour la première fois en 1987. Dans les années qui viennent, à mesure qu’elle cherche de plus en plus désespérément à entretenir l’inflation, elle tentera probablement aussi de nouveaux tours de passe-passe, comme par exemple acheter des actions ou encore « contrôler la courbe » (« curve control »), c’est-à-dire fixer les taux d’intérêts tout le long de la courbe des rendements.
Nous savons aussi que la Fed ne peut pas rester les bras croisés. Sans une inflation croissante, les marchés d’actifs vont chuter… et l’économie entrera en récession… forçant la Fed à gonfler encore plus.
C’est comme ça. L’inflation est partie pour durer. Et l’inflation est partout et toujours un phénomène politique. Elle est intentionnelle, comme un vol de rue, conçue pour séparer les gens de leur argent.
La question du jour est donc : qui se fait dépouiller ?
Folie repo
Il va falloir réfléchir. Parce que la folie repo de la Fed nous emmène dans une phase plus large et plus audacieuse du vol.
Jusqu’en septembre dernier, la Fed faisait au moins semblant de suivre les principes traditionnels des banques centrales. Ses excès de 2009-2015, disait-elle, n’étaient que des mesures d’urgence. Elle « normaliserait », a-t-elle promis, dès que les conditions le permettraient.
Mais ensuite, alors qu’il n’y avait pas un nuage dans le ciel, la Fed a commencé à imprimer de l’argent – mucho argent. FX Empire décrit le nouveau programme :
« Pour simplifier, il n’y a pas assez de cash et trop d’obligations gouvernementales US. Les intervenants peuvent remercier le président Trump, qui a notablement augmenté le déficit budgétaire. Comme l’estimait le CBO la semaine dernière, le déficit fédéral a grimpé de 12% durant le premier trimestre de l’exercice fiscal 2020 par rapport à la même période l’année précédente. Des déficits plus importants signifient que plus de bons du Trésor US arrivent sur le marché, mettant une pression à la hausse sur les taux d’intérêts. »
En deux mots, la Fed s’est mise à agir comme la banque centrale d’une république bananière… imprimant l’argent pour payer les factures du pays.
Qui finira par payer les pots cassés ?
Durant le krach de 1987, le Dow a chuté de 22%, passant sous les 1 800 points. Le meilleur pari consistait à simplement acheter le creux, conserver, et laisser l’impression monétaire de la Fed faire grimper les prix. Le Dow Jones a été multiplié par 16 entre 1987 et 2020.
Durant cette phase, l’inflation de la Fed a désavantagé les 90% de la population américaine qui n’avaient pas d’actifs financiers substantiels.
Les riches sont devenus plus riches. En termes relatifs, tout le monde est devenu plus pauvre… les 50% au bas de l’échelle perdant environ 30% de la richesse qu’ils avaient en 1999, selon les mesures d’inflation de la Fed elle-même.
Et aujourd’hui ?
Nous commençons à nous demander si la décennie qui s’annonce ne va pas ressembler aux années 1970, lorsque l’Express Fausse Monnaie a quitté la gare. Comparons les deux périodes aux Etats-Unis, voyons qui s’est fait avoir à l’époque… et qui se fera avoir cette fois-ci…
A l’époque : les années 1970 suivaient une période taux d’intérêts bas de 20 ans.
Aujourd’hui : les taux d’intérêts suivent une tendance baissière générale depuis 40 ans.
A l’époque : le marché boursier grimpait depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale. Le Dow a atteint un sommet historique en 1968, à plus de 950 points.
Aujourd’hui : les actions grimpent depuis 1980, avec deux interruptions majeures. En 2000, la bulle des dot.com a éclaté. En 2007, la bulle immobilière a éclaté. Chaque fois, la Fed est intervenue sur les marchés avec plus d’argent (inflation).
A l’époque : le chômage US était bas en 1970.
Aujourd’hui : idem.
A l’époque : la croissance du PIB US était vigoureuse depuis la guerre.
Aujourd’hui : nous sommes encore dans la plus longue expansion économique de l’histoire des Etats-Unis.
A l’époque : le gouvernement américain avait trop dépensé dans les années 60… pour financer des gabegies comme la Great Society et la Guerre du Vietnam.
A présent : il a trop dépensé en programmes sociaux à domicile et guerre contre le terrorisme à l’étranger.
A l’époque : au début des années 1970, les autorités US pensaient qu’elles ne pouvaient plus continuer les politiques financières normales. Elles avaient fait un véritable gâchis des finances américaines et ne pouvaient pas se fier aux marchés pour rétablir la situation.
Normalement, le gouvernement US aurait honoré ses engagements envers les gouvernements étrangers, qui détenaient des milliards de dollars US. Ils profitaient du droit de les échanger contre de l’or, à un taux fixe, depuis 1792 – avec quelques interruptions durant les périodes de guerre.
Au lieu de cela, les autorités US ont fait un tour de passe-passe, introduisant une nouvelle devise qui n’était plus adossée à l’or. Cette manœuvre était vue comme un ajustement « technique », et non une chose dont les citoyens ordinaires devaient s’inquiéter.
Aujourd’hui : en août 2019, sous la pression de Donald Trump, la Fed a cessé de normaliser les taux d’intérêt. Et le 17 septembre 2019, les taux d’intérêts au jour le jour ont grimpé à 10% – le signe clair qu’il y avait trop d’emprunt et pas assez d’épargne. La réaction normale aurait été de laisser les vendeurs et les acheteurs se débrouiller. C’est ce à quoi servent les marchés.
A la place, la Fed a accéléré l’inflation, injectant du nouvel argent sur les marchés de prêts de court terme, au rythme d’environ 60 Mds$ par mois.
A l’époque : les consommateurs se sont fait avoir dans les années 70. En moyenne, les prix ont doublé. Et les détenteurs de dollars à l’étranger ont eux aussi été perdants lorsqu’ils ont été dans l’incapacité d’échanger leurs dollars à l’ancien taux.
Cela a été pire encore pour les investisseurs. En termes nominaux, en nouvelle devise, les actionnaires ont terminé la décennie à peu près là où ils l’avaient commencé. Mais si l’on compte en anciens dollars pré-1971, adossés à l’or, ils ont perdu 92% de leur richesse.
Les investisseurs obligataires ne s’en sont pas beaucoup mieux tirés. En termes de dollars adossés à l’or, les investisseurs ayant acheté des bons du Trésor US à 10 ans ont perdu 87% de leur richesse.
En bref, les détenteurs d’actions, les détenteurs d’obligations et les détenteurs de dollars ont fini par payer les pots cassés.
Aujourd’hui : nous sommes d’avis que les années 2020 ne seront guère différentes.