Bien équipés pour détruire des monnaies, abattre des ballons et faire exploser la dette…
Que de petits plaisirs ces dernières semaines !
Nous sommes passés d’un spectacle de clowns à un autre. Le Pentagone a gaspillé des millions de dollars pour abattre des ballons météorologiques inoffensifs…. pendant que tous les Etats-Unis pensaient assister à une guerre contre les extraterrestres… ou au moins contre les Chinois.
Le représentant du Kentucky James Comer – qui est censé être doté d’une intelligence humaine normale – s’est inquiété du fait que les ballons puissent être des vecteurs d’« armes biologiques », oubliant que des milliers de tonnes de produits en provenance de Chine sont importés chaque jour sur le sol américain. Si la Chine voulait attaquer le pays à l’aide d’armes biologiques, elle n’aurait pas besoin d’envoyer des ballons d’anniversaire.
Pendant ce temps, le bureau des statistiques du travail a fait savoir – alors que tout le monde le savait déjà – que les prix augmentaient. Malgré tous les rapports faisant état d’un « ralentissement » de l’inflation et d’un « pivot » à venir, les chiffres montrent que l’inflation n’est pas prête de disparaître. USA Today :
« L’inflation persistante inquiète les économistes alors que de nouveaux chiffres révèlent des prix plus élevés que prévu.
Les prix à la production, c’est-à-dire les prix facturés par les fabricants, les agriculteurs et les grossistes, ont augmenté de 0,7% en janvier après avoir baissé de 0,2% en décembre. Il s’agit de la plus forte hausse depuis juin et près du double de ce que les économistes avaient prévu.
Au cours des 12 mois précédant janvier, les prix [selon l’IPC] ont augmenté de 6%, ce qui est également supérieur aux prévisions des économistes, mais plus lent que la hausse de 6,5% enregistrée en décembre. »
Le poids de la réalité
Les augmentations des prix à la production entraînent des augmentations des prix à la consommation. La Fed devra donc maintenir ses hausses de taux. Et des taux plus élevés ne manqueront pas d’inciter les consommateurs et les entreprises à réduire leurs dépenses (en somme, une « récession »).
Le problème essentiel est le suivant : le cycle des taux d’intérêt s’est retourné en juillet 2020. Le coût de la dette est donc en hausse. A mesure que les taux d’intérêt augmentent, de plus en plus de personnes auront du mal à suivre. Alors, la dette qui ne peut pas être payée doit être liquidée.
La semaine dernière, nous avons appris que grâce aux taux d’intérêt ultra-bas de la Fed, les Etats-Unis ont maintenant atteint un montant record de dettes. La dette des entreprises… la dette publique – les deux sont à un niveau record – et continuent d’augmenter.
Voici ce que rapporte le New York Times sur la dette des ménages :
« La dette des ménages passe à 16 900 Mds$ ; les soldes des cartes de crédit dépassent le niveau pré-pandémique.
La dette totale des ménages a augmenté de 394 Mds$, soit 2,4%, pour atteindre 16 900 Mds$ au quatrième trimestre 2022, selon le dernier rapport trimestriel sur la dette et le crédit des ménages.
Les soldes des cartes de crédit ont augmenté de 61 Mds$ pour atteindre 986 Mds$, dépassant le sommet pré-pandémique de 927 Mds$ ; les soldes des prêts hypothécaires ont atteint les 11 920 Mds$, les soldes des prêts automobiles 1 550 Mds$ et les soldes des prêts étudiants 1 600 Mds$. La part de la dette actuelle a augmenté pour presque tous les types de dette. »
Dans une économie honnête, les gens créent de la richesse en produisant des biens et des services. La valeur de cette production est enregistrée et conservée dans la « monnaie ». Mais dans une société malhonnête, on se contente d’imprimer de la monnaie. Dans le premier cas, la monnaie est un crédit – elle reflète la richesse réelle. Dans le second cas, il s’agit d’un débit, c’est-à-dire d’une créance sur une richesse qui n’existe pas, mesurée sous forme de « dette ».
Un manque de réflexion stupéfiant
Et puis, à mesure que la dette augmente et que le coût de sa détention augmente, le décalage entre l’argent et les biens et services réels qu’il peut acheter devient insoutenable. Les comptes doivent être égalisés. Comment ? Les créances peuvent être effacées, par exemple par des défauts de paiement, des radiations ou des krachs boursiers. Ou bien, la valeur de la monnaie elle-même peut être ajustée à la baisse dans le cadre d’une dévaluation ou d’une inflation.
L’inflation est le résultat le plus probable. Politiquement, c’est la seule voie acceptable.
La semaine dernière, un autre rapport absurde a été publié par le bureau du budget du Congrès. Il estime que les Etats-Unis vont presque doubler leur dette « nationale » au cours des 10 prochaines années. Cette nouvelle loufoque mérite un commentaire particulier, nous y reviendrons donc demain.
Pour aujourd’hui, nous terminerons cet article par une observation. Ce qui nous a le plus étonné dans les reportages des médias la semaine dernière, c’est ce qui n’y figurait pas. Oui, la presse a travaillé dur la semaine dernière pour ignorer l’actualité la plus importante de ces dernières années.
Le président des Etats-Unis d’Amérique a-t-il ordonné la destruction d’une pièce vitale de l’infrastructure commerciale mondiale ? Le rapport du journaliste d’investigation Seymour Hersh (reconnu pour ses scoops concernant My Lai et Abou Ghraib) explique que l’équipe Biden a fait sauter le pipeline Nord Stream. C’est le genre de choses, comme nous l’avons souligné la semaine dernière, auxquelles les think tanks pourraient vouloir réfléchir. Mais, comme Chesterton l’a fait remarquer dans ses « Vingt manières de tuer sa femme », passer à l’acte témoigne d’un manque de réflexion stupéfiant.
Ignorance délibérée
Imaginez que le président ait ordonné à ses hommes de main de faire sauter le Holland Tunnel, qui relie Manhattan au New Jersey, ou le Golden Gate Bridge à San Fransisco. Les républicains auraient déjà organisé des auditions ; ils auraient mis le président en accusation presque immédiatement.
Mais ce vandalisme est bien pire. Faire exploser l’infrastructure de quelqu’un d’autre n’est pas seulement illégal, inconstitutionnel (la Constitution ne donne pas au président le pouvoir de déclencher une guerre) et criminel – c’est un acte de guerre contre deux pays étrangers, dont l’un est notre propre allié.
En Allemagne, au moins un membre du Parlement a demandé une enquête. Si les révélations de l’enquête sont vérifiées, il a dit qu’il exigera le retrait des troupes américaines du pays. Il y a eu des échos, aussi, dans la presse à travers le monde.
Mais aux Etats-Unis… pas un mot. Une interview de Hersh, qui apparaissait sur YouTube, a été bloquée. Le gouvernement américain est devenu véreux. Mais les Américains ne veulent pas le savoir… et la presse mainstream ne veut pas le leur dire.