La dernière exigence de Trump sonnerait le glas du Dollar et du système financier mondial.
Aucune outrance verbale n’arrête Donald Trump – nous le savons depuis 30 ans (réflexions sexistes, provocations et vocabulaire dignes d’une cour de récré, etc.) – mais quand l’outrance devient conceptuelle et que les retombées se chiffrent en milliers de milliards de dollars, il devient urgent de se demander si la planète finance ne court pas à sa perte.
Le président Trump a appelé la Fed, ce 9 juillet, à mettre en oeuvre la première baisse de 300 points de base des taux d’intérêt – une baisse trois fois plus brutale que la réduction de 100 points de base du 15 mars 2020 décidée dans la panique boursière liée au COVID, causée par l’imminence de la mise à l’arrêt des économies occidentales.
Cette réduction de 100 points reste à ce jour la plus importante de l’histoire des Etats-Unis… et elle a débouché sur une inflation qui frôlait les 10 % dix-huit mois plus tard (du jamais vu depuis 1974 ou 1981).
Donald Trump justifie sa demande par le fait que des taux plus élevés (le refinancement s’effectue à un coût moyen de 3,3 %) deviennent une charge très lourde pour le pays : 1 200 Mds$ d’intérêts versés aux créanciers ces douze derniers mois, soit 3,3 Mds$ par jour.
Mais que se passerait-il si les taux étaient brusquement ramenés à 0,00 %/0,25 %, comme il y a cinq ans ?
La charge de la dette tomberait à 350 Mds$ et les emprunteurs privés pourraient se ruer sur du crédit gratuit pour investir en Bourse (déclenchant un boom à Wall Street), accroître leurs capacités de production ou acheter la maison de leurs rêves.
Mais, presque aussitôt, l’inflation se mettrait à flamber (ce qui ne fut pas le cas durant l’année 2020, les Américains n’ayant pas pu dépenser en raison des confinements), car il n’y aurait soudain plus aucune restriction pour des achats à crédit.
Les prix de l’immobilier se mettraient à flamber, annulant en quelques semaines le gain en pouvoir d’achat procuré par des taux hypothécaires ramenés de 7 % à 4 % (comme en 2020, le prix de l’immobilier ayant bondi de 50 % en quatre ans).
Les premiers acheteurs (capables de racheter des « portefeuilles » de biens d’un trait de plume… ou d’un clic de souris) feraient les meilleures affaires avant que les prix ne redeviennent inabordables pour la majorité des Américains.
Mais revenons aux « fondamentaux »…
Jamais la Fed n’a mis en oeuvre une baisse de taux de 75 points de base (et une seule fois une réduction de 100 pts) en dehors d’une période de récession.
Or nous ne sommes clairement pas en récession en ce moment, même si le PIB US affiche un repli de 0,5 % pour des raisons essentiellement techniques (phénomène d’anticipation des tarifs douaniers fin 2024, effet de base négatif par rapport au premier trimestre 2024).
Une réduction de taux drastique dans une économie forte servirait de détonateur pour un plongeon de 10 % supplémentaire du dollar. Mais surtout, qui viendrait acheter une dette de 37 050 Mds$ – anticipée à 40 000 Mds $ d’ici l’été 2026 – mais qui n’offre aucune rémunération pour un risque maximum ?
La fuite des détenteurs de dollars (notamment les banques centrales de la sphère BRICS et partenaires) deviendrait historique, et le prix de l’or grimperait à plus de 5 000 $… et c’est une hypothèse conservatrice, car nous pourrions repartir sur un cycle de +40 % en douze mois, voire beaucoup plus, les Etats-Unis étant obligés de faire rugir la planche à billets pour refinancer leur dette, en mode « Japon des années 1990 ».
Et l’argent métal ? Il pourrait rapidement se hisser vers les 60 $/oz, voire doubler de valeur : qui voudrait d’un dollar « fondant » en règlement d’un actif concret et structurellement en pénurie ?