Les autorités américaines n’ont plus aucune limite : dette et fausse monnaie coulent à flot, et les conséquences ne vont plus tarder à se faire sentir.
Bonne nouvelle pour les investisseurs : l’économie américaine boite… vacille… et s’affaisse.
Vous savez ce que cela signifie – du crédit meilleur marché… et plus d’argent pour les spéculateurs ! Jerome Powell s’est montré circonspect à ce sujet à l’issue du symposium de Jackson Hole, la semaine dernière… nous y reviendrons ultérieurement.
Et attendant, c’est Steven Ricchiuto, de MarketWatch, qui a probablement le mieux capté l’humeur des joueurs dans sa lettre ouverte à la Réserve fédérale. Il suffit de voir le titre :
« La Fed doit changer radicalement de politique et commencer à imprimer de l’argent. »
Faites chauffer la planche à billets. Laissez les bons temps rouler, comme on dit en Louisiane !
Appel à la folie
Prenons un peu de recul et voyons les circonstances qui rendent cet appel à la folie aussi populaire.
Revoilà MarketWatch, rapportant que l’économie n’est de loin pas aussi vigoureuse qu’on le pensait :
« L’économie [américaine] comptait environ 501 000 emplois de moins en mars 2019 que l’avait initialement calculé le Bureau des statistiques de l’emploi dans le cadre de son sondage des entreprises. C’est la révision la plus importante depuis l’apaisement de la Grande récession en 2009.
Les chiffres nouvellement révisés indiquent que les baisses d’impôts du président Trump et l’augmentation des dépenses fédérales n’ont pas énormément stimulé l’économie. Ils signalent également que l’économie est un peu plus faible que précédemment envisagé, et pourrait donner à la Réserve fédérale plus de raisons encore de réduire les taux d’intérêt en septembre. »
Les finances des autorités américaines se détériorent elles aussi. Dans le Washington Post :
« Le déficit fédéral américain se creusera d’environ 800 Mds$ de plus que précédemment attendu sur 10 ans, principalement à cause des deux séries de législations approuvées cette année, de sorte que le pays atteint désormais des niveaux de dette sans précédent depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, selon le Bureau du budget du Congrès US mercredi dernier.
Les Etats-Unis prévoyaient déjà d’atteindre quelque 1 000 Mds$ de déficits annuels l’an prochain, un chiffre inhabituellement élevé, surtout considérant que les déficits se contractent normalement durant les périodes de croissance économique durables.
1 900 Mds$ de nouvelles dépenses viendront cependant s’ajouter à ce déficit sur la prochaine décennie suite à un accord budgétaire passé entre les démocrates du Congrès US et Trump, ainsi qu’à un ensemble de dépenses d’urgence pour la crise à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. »
Une prédiction de plus
Nous offrons là une nouvelle prédiction audacieuse.
D’ici à 2030, les déficits US atteindront 2 000 Mds$ par an, et la dette fédérale totale dépassera les 40 000 Mds$.
Voici pourquoi : à un moment ou à un autre dans les mois qui viennent, un krach boursier et une récession seront inévitables.
On ne les affrontera pas avec grâce et courage ; au lieu de cela, ils causeront une panique indécente aux deux extrémités du corridor Washington-Wall Street.
Confrontées à la troisième crise de dette du siècle, les autorités suivront le même scénario que les deux précédentes.
Sauf qu’en 2001 et 2008, la Fed avait au moins 500 points de base (5%) à sa disposition, en termes de taux directeur. La prochaine fois, elle aura au maximum 100 points de base… si elle a de la chance.
Rappelez-vous : lorsqu’on est dans un piège de dette fondé sur la fausse monnaie, on n’a que deux choix. Ajouter plus de fausse monnaie… ou voir mourir le boom factice.
Lors de la prochaine crise, la politique monétaire ne suffira pas. Des yeux épuisés et désespérés se tourneront donc vers le Congrès et le président.
« Aidez-vous ; guérissez-nous ; donnez-nous plus de cet élixir magique », plaideront-ils.
Peu importe qui siègera alors à la Maison Blanche : on répondra à cet appel avec la relance budgétaire la plus agressive que ce pays ait jamais vue.
La Fed imprimera l’argent. Le Congrès le dépensera. Les déficits doubleront. Et la dette enflera, atteignant plus de 40 000 Mds$.
De plus en plus…
Selon nous, les Etats-Unis ont dépassé leur apogée à l’aube de ce siècle. Depuis, ils déclinent. Tout ou presque se dégrade et dégénère.
Les mensonges sont devenus plus gros. Les déficits, plus profonds. La politique, plus méchante et plus idiote. Les prix, plus insensés. Et le public, plus crédule que jamais.
A l’étranger, les Etats-Unis tentent d’intimider le reste du monde. En interne, les Américains tentent de s’intimider les uns les autres. Et à l’étranger tout comme sur le sol national… les Etats-Unis dépensent de l’argent qu’aucun Américain n’a jamais gagné et qu’aucun Américain n’a jamais épargné.
L’argent est factice. Mais il est disponible en telles quantités et à un coût si bas qu’il rend l’argent réel – l’argent représentant du temps et de vraies ressources – hors de propos.
Qui veut épargner du vrai argent quand ça ne rapporte rien ? Qui veut emprunter du vrai argent à un vrai épargnant quand on peut emprunter l’argent factice de la Fed et ne rien payer en retour ?
Enfin, qui veut prendre le risque et se donner le mal de construire des usines, de former des employés et de satisfaire des clients difficiles… quand on peut s’enrichir simplement en achetant des actions – y compris les siennes propres ?
Les chiens de l’enfer sont parmi nous
Les actions US ont été multipliées par 26 depuis 1980 ; à présent, les entreprises dépensent 100% de leur cash-flow disponible à racheter leurs propres actions.
Toute cette fausse monnaie bon marché a pratiquement oblitéré les deux choses dont le capitalisme a le plus besoin : l’épargne réelle (c’est-à-dire le capital)… et des prix honnêtes.
A présent, dans cette magnifique période de Fin de Bulle… le président des Etats-Unis exige de la Fed qu’elle prête à 100 points de base SOUS le niveau d’inflation des prix à la consommation…
… Tandis que ses opposants du côté démocrate trouvent de nouvelles manières de dépenser de l’argent qu’ils n’ont pas pour financer des programmes dont aucune personne sensée ne voudrait.
C’est ainsi que les chiens de l’Enfer se déchaînent – avidité, corruption, mensonges et sottises.
S’il reste de la vraie intégrité ou du capital réel… il ne fait aucun doute qu’ils se cachent soigneusement.