On parle beaucoup de la réforme de la taxation des entreprises actuellement débattue au sein du G7 : quelles en sont les implications, et quel effet pourrait-elle avoir sur les marchés ?
Un lecteur et ami nous demande :
« J’ai l’impression avec la bonne blague de l’impôt G7 à 15% qui ancre dans le marbre le taux effectif actuel […] que les marchés seraient incapables d’encaisser un retour à une fiscalité plus raisonnable pour les grands groupes.
Qu’en pensez-vous ? »
Ma réponse :
La hausse de l’impôt sur les bénéfices est un simulacre, une gesticulation destinée à calmer les critiques des socio-démocrates fabiens, lesquels sont les meilleurs défenseurs du capitalisme financier.
The Economist fait campagne depuis longtemps – trois ans – pour une hausse des taxes sur les bénéfices. La hausse de la taxation des profits a pour objectif de protéger la propriété logée dans les vrais paradis fiscaux que sont les trusts, les fondations et les zones franches – qui seraient tous dans le viseur si on instaurait un impôt mondial sur le très grand capital.
La vraie réforme n’est pas celle que l’on croit
Si on instaurait un vrai impôt sur les très grandes fortunes, cela aiderait à les connaître, à les recenser et à les localiser : fini le secret, fini le pouvoir…
Cette hausse des impôts sur les bénéfices réduirait encore l’investissement et aggraverait la stagnation séculaire… or les ultra-riches adorent la stagnation séculaire.
La taxation des profits vise à détourner l’attention populaire de la seule chose qui nuirait aux dynasties kleptocratiques et à la noblesse d’argent – à savoir une taxation confiscatoire du très grand capital. La hantise, la seule crainte des dynasties, ce sont les droits de succession.
La hausse des taxes sur les bénéfices aggrave la crise de l’insuffisance de profitabilité systémique du capital. Elle prolonge la situation actuelle de suraccumulation.
A l’inverse, la confiscation d’une partie des très grandes fortunes acquises de façon illégitime car produites par la politique monétaire, cette confiscation serait positive : elle réduit la suraccumulation et donc le besoin de profit dans le système.
Par ailleurs, elle réduit radicalement les dettes des Etats.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]