Les riches ont profité des largesses accordées par les autorités ces 30 dernières années. Maintenant que la récession s’installe, ils veulent apaiser leur conscience.
Selon le Washington Post :
« La récession [liée au] coronavirus est terminée pour les riches, mais la classe laborieuse est loin de s’être remise.
Les actions US sont proches de sommets records, une reprise stupéfiante depuis mars, qui souligne la nouvelle phase dans laquelle l’économie est entrée : les riches ont récupéré la majorité de leurs pertes. Pour la moitié la plus pauvre, on en est encore loin.
Cette dichotomie est évidente dans de nombreuses facettes de l’économie, notamment l’emploi. Les personnes gagnant les salaires les plus élevés ont récupéré la totalité de leurs postes, mais pour ceux qui gagnent moins de 20 $ de l’heure, moins de la moitié des emplois perdus au printemps sont de retour, selon une nouvelle analyse des données de la main d’œuvre effectuée par John Friedman, professeur d’économie à l’université de Brown et co-directeur d’Opportunity Insights. »
Quel est ce bruit qu’on entend en sourdine… venant de la rue ? Est-ce une foule scandant « mangeons les riches, mangeons les riches » ?
Pas cher payé
Lorsque les gens en viennent à penser que « le système » est injuste… les choses ne tardent pas à tourner au vinaigre. Yahoo! Finance rapporte que les démocrates aiguisent leurs couteaux :
« Les plans fiscaux de Biden ont été analysés par tout un éventail de groupes, dont l’American Enterprise Institute et la Brookings Institution. Un ensemble d’analyses multiples révèle qu’avec les plans de Biden, les Américains les plus riches verraient leurs impôts augmenter de 13% à 18%.
Les Américains aux revenus plus modestes verraient également des hausses d’impôts, mais elles ont été qualifiées d’’indirectes’ et représentent une hausse plus limitée : environ 0,2% à 0,6%. »
Une augmentation d’impôts de 13% semble n’être pas cher payé en regard du butin que les autorités ont fourni aux riches ces 30 dernières années.
Les riches possèdent des actifs financiers – des actions, des obligations et de l’immobilier commercial, par exemple. Ils deviennent plus riches non seulement grâce à leurs gros salaires, mais aussi quand la valeur de ces actifs grimpe.
Or ces trois dernières décennies, la Fed s’est précisément donné pour mission de faire en sorte que la valeur de ces actifs continue de grimper.
Les années 90 ont commencé avec le Dow exactement à un dixième de son niveau actuel. Ce qui signifie que les riches ont multiplié leur fortune – telle que mesurée par le Dow Jones – par près de 10 au cours des 30 dernières années.
Ce gain – en termes de richesse représentée – se monte à environ 7 500 Mds$ (en se basant sur l’augmentation de la capitalisation boursière des valeurs du Dow).
Si l’on divise cette somme par les 10% les plus riches de la population, elle représente un gain d’environ un million de dollar pour chaque foyer de quatre personnes.
Sur la même période, le revenu médian des ménages américains est passé de 35 000 $ à 78 000 $ – il a donc un peu plus que doublé.
Pourquoi cette énorme différence ? Comment se fait-il que les riches soient devenus bien plus riches, tandis que la majorité des gens « pas si riches » suivaient tout juste l’inflation ?
Une garantie implicite
Il y avait probablement de nombreuses causes à cela. Mais celle qui ressort, c’est que la Fed soutenait le marché boursier avec une garantie implicite (le put Greenspan) : si les prix chutaient, la Fed était là pour les faire remonter.
Cette escroquerie a été mise en place après le krach de 1987. Elle s’est faite progressivement plus hardie suite au krach du Nasdaq en 2000… au krach de la finance hypothécaire en 2008… et enfin au krach du coronavirus en 2020.
Cela démontre que les efforts de la Fed pour injecter de l’inflation fonctionnent relativement bien lorsqu’ils sont appliqués aux marchés de capitaux. Il n’y a qu’un nombre limité d’actions, d’obligations et de propriétés commerciales. Lorsque la Fed injecte plus d’argent dans l’économie financière, une mesure classique, cet argent vient s’infiltrer dans les actifs, faisant grimper les prix.
Qu’est-ce que les investisseurs pourraient faire d’autre avec cet argent ?
(Dans l’économie réelle, en revanche, l’inflation est plus compliquée. Non seulement les autorités ne peuvent pas vraiment augmenter la croissance du PIB… mais elles ne peuvent pas non plus engendrer l’inflation des prix à la consommation avec fiabilité.)
Ce n’est pas une question d’argent
Parallèlement, le fossé entre les riches et les non-riches attire de plus en plus de sottises. Les riches essaient désormais de sauver leur tête en rejoignant les sans-culottes.
Un article du Guardian le mois dernier :
« Un groupe de 83 des personnes les plus riches au monde ont appelé les gouvernements à augmenter de façon permanente les taxes qui leur sont imposées, ainsi qu’à d’autres membres des riches élites, afin de contribuer à financer la reprise économique suite à la crise du Covid-19.
[Ces personnes] super-riches, dont Jerry Greenfield, cofondateur de la marque de crème glacée Ben & Jerry’s, et Abigail Disney, héritière de l’empire Disney, ont invité ‘nos gouvernements à augmenter les impôts de gens comme nous. Immédiatement. Substantiellement. De manière permanente’. »
Evidemment, rien n’empêche ces gens d’envoyer plus d’argent aux autorités. Pas besoin de modifier les lois fiscales pour ça.
Mais cela n’a rien à voir avec l’argent.
Dans les faits, ces méga-riches étaient les principaux bénéficiaires des biens volés au public. A présent, ils sont si épouvantablement riches que l’utilité marginale d’un dollar de plus est de zéro ou presque.
Bénis soient leurs petits cœurs plaqués or, ils s’agenouillent… et espèrent que les foules les épargneront. Ce qu’ils recherchent désormais, c’est le statut, le prestige et l’approbation sociale.
Et à présent, ils peuvent s’acheter tout cela avec l’argent du public !