La crise du coronavirus est aussi un prétexte pour les gouvernements, en toute discrétion, d’augmenter encore leur pouvoir et leur rayon d’action.
Dans toute cette crise, au milieu de cette cascade de mesures d’aide et d’annonces retentissantes… il faut se rappeler un fait essentiel : les gouvernements, intrinsèquement, n’ont pas d’argent.
Actuellement, c’est même pire encore : ils ont déjà plusieurs milliers de milliards de dollars de dettes. Pour financer les plans de sauvetage, les cadeaux et les programmes de relance, la seule option est donc d’imprimer davantage de billets – de provoquer l’inflation.
Celle-ci se répand ensuite comme une infection… et mène systématiquement à une augmentation du pouvoir gouvernemental.
Selon Ludwig von Mises :
« L’inflationnisme n’est […] pas un phénomène isolé. Il n’est qu’une pièce dans le cadre général des idées politico-économiques et socio-philosophiques de notre temps.
Tout comme les partisans de la saine politique monétaire de l’étalon-or allaient main dans la main avec le libéralisme [il entend par là ce que nous appellerions du conservatisme monétaire et fiscal], le libre-échange, le capitalisme et la paix, l’inflationnisme est une composante de l’impérialisme, du militarisme, du protectionnisme, de l’étatisme et du socialisme. »
Comment tout cela fonctionne-t-il ?
Les autorités ont de l’argent (factice). Comme un cambrioleur donne de la viande crue à un chien de garde, elles l’utilisent pour acheter le silence de l’opposition.
Voilà pourquoi les vrais conservateurs ont pratiquement disparu du parti républicain aux Etats-Unis : pourquoi « conserver » quoi que ce soit… quand l’argent est une ressource apparemment illimitée ?
Nous assistons donc aujourd’hui au spectacle d’un président supposément « conservateur », à la tête d’un parti républicain censément « conservateur », opérer le plus gros coup de force depuis Franklin Roosevelt.
Personne ne semble s’inquiéter le moins du monde du déficit – ni les républicains, ni les démocrates (ils s’entendent même parfaitement sur le sujet… dans la mesure où il leur permet d’accroître leur pouvoir).
L’équilibre budgétaire ? La Constitution ? Les sacro-saints principes financiers ? L’Etat de droit ?
Qu’ils aillent au diable !
Pourquoi gâcher une si bonne crise ?
La légende veut qu’ici, dans la vallée de Calchaqui, les autochtones tuaient leurs chefs en période de famine ou de peste, en offrande à leurs dieux.
Aujourd’hui… nous leur donnons plus de pouvoir.
« Il ne faut jamais gâcher une bonne crise, » a déclaré Rahm Emmanuel, ancien chef de cabinet d’Obama. Mieux vaut l’utiliser pour renforcer le pouvoir gouvernemental.
Voici un exemple particulièrement odieux. Selon Politico :
« Le département américain de la Justice a discrètement demandé au Congrès d’autoriser certains juges à maintenir sur demande des personnes en détention pour une durée indéterminée, sans procès, en situations d’urgence – dans le cadre d’une opération visant à augmenter leur pouvoir pendant que le coronavirus se répand dans l’ensemble des Etats-Unis. »
L’habeas corpus est un principe vieux de plusieurs siècles, et qui constitue le pilier central du système judiciaire américain. Il déclare notamment :
« Aucun homme libre ne sera saisi, ni emprisonné ou dépossédé de ses biens, déclaré hors-la-loi, exilé ou exécuté, de quelque manière que ce soit. Nous ne le condamnerons pas non plus à l’emprisonnement sans un jugement légal de ses pairs, conforme aux lois du pays. »
Il faudra renoncer à cela aussi… si le gouvernement Trump réussit à imposer son bon vouloir.
Un gouvernement sage et tout-puissant
Il y a une semaine, un haut responsable du gouvernement Trump a mis au point un nouveau plan imbécile pour acheminer plus d’argent entre les mains des fumistes de Wall Street.
Selon le Thursday Morning Market Commentary de Stansberry Research :
« Larry Kudlow, conseiller économique de la Maison Blanche, suggère au gouvernement de réfléchir à l’achat de participations dans les entreprises qui ont besoin d’aide face au coronavirus. »
Pour prendre le contrôle des ‘moyens de production’, les politiciens ont plusieurs options.
Ils peuvent les saisir… comme les bolcheviks l’ont fait en Russie en 1917. Ils peuvent aussi les mobiliser pour un immense effort de guerre économique… comme les nazis l’ont fait en Allemagne dans les années 1930. Ils peuvent encore les ‘nationaliser’… comme l’a fait la France en 1944-1946.
Mais ils peuvent aussi les acheter avec de la fausse monnaie – sous couvert d’urgence nationale, bien sûr.
De nombreuses voix – à gauche comme à droite – s’élèvent pour exhorter les autorités à accroître encore les pouvoirs d’un gouvernement déjà omniprésent.
Selon le professeur Margaret O’Mara de l’université de Washington :
« Les Etats-Unis n’auront pas seulement besoin d’une dose massive d’intervention gouvernementale pour sortir de la crise… Nous aurons aussi plus que jamais, dans son sillage, besoin d’un gouvernement sage et aux pouvoirs étendus. »
Joe Nocera, journaliste chez Bloomberg, disait la même chose la semaine dernière :
« Un gouvernement à poigne est exactement ce dont nous avons besoin en période de crise. »
Mais le point de vue le plus idiot, pour le moment, est sans doute celui de l’économiste Jack Rasmus, qui affirme que nous devons nous mobiliser pour une guerre :
« L’ennemi a déjà, dans les faits, bloqué une bonne partie de notre économie, mis des millions de personnes au chômage, et menace de saboter notre système bancaire et financier. La destruction de notre économie, comme celle qu’une guerre aurait provoqué, est déjà en cours.
Il faut y répondre par une guerre budgétaire digne de la mobilisation économique qui, pendant la Deuxième guerre mondiale, a permis de défendre la vie de millions de nos concitoyens. »
Le système capitaliste américain est déjà sévèrement affaibli par des décennies de fausse monnaie et d’ingérence des autorités. Aujourd’hui, la fièvre le cloue au lit, et il émet un râle étrange à chaque inspiration…
… Et voilà qu’arrivent M. Rasmus (et beaucoup d’autres) pour lui enfoncer un oreiller sur le visage.
Dans une économie de guerre, les autorités contrôlent tout. Une économie planifiée de manière centralisée est toujours une catastrophe.
Cette leçon aussi, comme l’Etat de droit, l’étalon-or, la vertu de la paix, et le besoin de maintenir le gouvernement sous contrôle, a été apprise au prix de grandes souffrances pour des millions de personnes.
A suivre…