Le monétarisme était censé être une politique stricte et rationnelle. A la place, elle a permis aux élites de s’endetter au-delà du raisonnable et de se lancer dans des folies impossibles à financer.
La richesse réelle est créée par des gens réels, qui se fournissent mutuellement des biens et des services. Elle est limitée.
Dans les sociétés modernes, les élites peuvent obtenir de l’argent en taxant ou en empruntant, mais elles se heurtent bien vite à des limites. Taxez trop et les électeurs vous virent. Empruntez trop et les taux d’intérêt grimpent, « étouffant » l’emprunt privé nécessaire pour produire des biens et des services.
Dans les deux cas, jusqu’en 1971, si la classe dirigeante américaine voulait plus d’argent, elle devait s’adresser aux représentants du peuple – au Congrès. A l’époque, il s’agissait clairement de l’argent du peuple, et si les politiciens en voulaient plus, ils devaient avoir une bonne raison.
Naturellement, le peuple – ou ses représentants – était sceptique. On posait des questions. « Faut-il vraiment une nouvelle guerre au Moyen-Orient ? » « Ces programme anti-pauvreté fonctionnent-ils vraiment ? » « Nous ne sommes pas sûrs de vouloir aller sur Mars, franchement. »
Tel était le lien crucial entre le peuple et le gouvernement – le pouvoir du porte-monnaie – qui limitait le pouvoir des élites.
Problème résolu !
Ce lien a été brisé au nom d’une nouvelle science économique – le monétarisme.
Au XXème siècle, l’économiste américain Milton Friedman pensait avoir « craqué le code » de l’inflation. C’était, « toujours et partout », un problème monétaire. Il pouvait être éliminé, pensait Friedman, en contrôlant la masse monétaire de manière prévisible et stricte.
Friedman proposa de retirer le soutien de l’or au dollar US, et de le remplacer par les bonnes intentions et la rigueur scientifique de la Réserve fédérale.
La Fed était censée augmenter la masse monétaire de 3% – ni plus ni moins – chaque année, soit à peu près l’équivalent du rythme de croissance du PIB.
Problème résolu !
Evidemment, le problème n’était pas résolu du tout. Il a empiré – le taux d’inflation grimpant à 14% en 1980.
L’ancien président de la Fed Paul Volcker a repris le contrôle de l’inflation – pendant un temps.
Ensuite, à mesure que la dette augmentait et que d’autres crises se présentaient, les autorités ont tout oublié du taux de 3% par an recommandé par Milton Friedman.
En 2008, la masse monétaire américaine n’était que de 860 Mds$. Sept ans plus tard, elle dépassait des 4 000 Mds$. Une augmentation de plus de 350%.
Actuellement, la Fed « imprime » 30 Mds$ de nouvel argent chaque semaine, augmentant la masse monétaire dix fois plus rapidement ce que recommandait Friedman.
Un changement fondamental
A présent, étant donné qu’elles ont le pouvoir d’imprimer autant de ce nouvel argent qu’elles le veulent, les élites n’ont plus besoin de la permission du peuple qu’elles sont censées servir.
Quelle que soit la chose insensée, imprudente et imbécile qu’elles veulent faire – généralement adossée à du charlatanisme – elles peuvent obtenir l’argent pour la financer.
C’est un changement fondamental… et fatal. C’est ce qui a permis aux élites de prendre le mors aux dents – de s’enrichir aux dépens du public…
… De financer des guerres idiotes et des programmes sociaux crétins…
… Et d’enterrer l’économie – ainsi que les ménages, les entreprises et le gouvernement lui-même – sous une montagne de dettes impossibles à payer.
Et ce pauvre Milton Friedman.
Sans le vouloir, le champion du capitalisme a probablement causé plus de dommage aux marchés libres et au gouvernement US que n’importe lequel des benêts socialistes de son époque.