Loin d’une reprise éblouissante, l’économie mondiale est en train de sombrer dans une dépression sans précédent ou presque. Il faudra des années avant qu’elle puisse en sortir.
Aux Etats-Unis, un mois de plus vient de s’écouler comme si l’élection présidentielle n’avait pas lieu cette année. Evidemment, elle se déroulera bien le 3 novembre, soit dans un peu plus de trois mois.
Normalement, l’élection à venir devrait dominer les gros titres et les conversations, mais presque personne ne s’en soucie. Les gens s’en préoccuperont peut-être d’ici le mois d’octobre, mais pas pour l’instant.
En revanche, le public se focalise sur trois autres questions plus pressantes : la pandémie, la nouvelle dépression et les troubles sociaux. C’est bien normal.
Cette pandémie affecte la santé et peut coûter un grand nombre de vies.
La dépression est en train de détruire des carrières professionnelles, des emplois et des moyens de subsistance de façon telle qu’il ne sera peut-être pas facile de s’en remettre.
Quant aux troubles sociaux, ils affectent directement ceux qui vivent dans les grandes villes (jusqu’à présent), mais pourraient se propager aux banlieues et même aux zones rurales dans les semaines à venir. Lorsque la loi et l’ordre se trouvent menacés, cela peut être aussi dangereux que lorsque la santé et l’emploi le sont.
Ces trois menaces – la pandémie, la dépression et les troubles sociaux – ne sont pas sans rapport : la réaction à la pandémie a provoqué un blocage économique et la dépression. Le blocage et les difficultés économiques ont contribué aux troubles sociaux en induisant la peur, l’angoisse et une dépression psychique.
Cette dépression mondiale historique va persister pendant des années
Une pluie de mauvaises nouvelles s’est abattue sur les investisseurs concernant l’économie américaine. Le taux de chômage dépasse encore les 11% (malgré des chiffres pour juin annoncés le 2 juillet qui ont été meilleurs que prévu, avec 4,8 millions de créations d’emplois).
Le PIB du deuxième trimestre devrait chuter entre 30 et 50%, selon les estimations, en rythme annuel, ce qui représente 2 000 Mds$ de perte de rendement, en valeur absolue, par rapport à la tendance précédant la pandémie.
Des secteurs entiers – les compagnies aériennes, l’hôtellerie, la restauration, le sport, les concerts – ont été décimés, tandis que d’autres ont vu leurs revenus dégringoler de moitié. Les locataires ne payent pas leurs loyers et les propriétaires ne peuvent rembourser leurs prêts.
Non seulement le déclin économique est sévère, mais il s’est produit en quelques mois, et non sur des années, contrairement à la Grande dépression. L’économie américaine n’a jamais subi un revers aussi extrême.
Les dégâts ne se limitent pas aux statistiques économiques
Le confinement a infligé des coûts énormes dépassant de loin la perte de rendement économique. A cause de la quarantaine et de l’isolement, les gens souffrent d’angoisse, de dépression et d’un sentiment de colère. Les statistiques relatives à l’abus d’alcool, de drogue et au suicide ont toutes flambé. Ces problèmes étaient déjà graves avant la pandémie, mais ils se sont encore plus aggravés.
Alors même que le confinement commençait à être levé, des émeutes ont éclaté de Seattle à Atlanta et New York, et dans beaucoup d’autres villes. Des devantures ont été brisées, des magasins brûlés et pillés.
Il est difficile d’imaginer ce que ressent un entrepreneur ou un homme d’affaires qui a péniblement survécu pendant les 100 jours de confinement, avec une perte parfois totale de chiffre d’affaires et de revenus, et qui voit des émeutiers détruire son magasin alors qu’il s’apprêtait à rouvrir.
Les dégâts sont plus qu’économiques : ils laisseront des traces psychologiques. Et cela va entraîner un exode des zones urbaines vers les banlieues résidentielles ou la campagne par les jeunes, les talents et les capitaux. Les villes ne seront plus que des coquilles vides, avec des oligarques parqués dans des penthouses et des pauvres dans les rues. […] Le commerce et le rendement économique seront pénalisés dans le sillage de cet exode.
C’est déjà assez malheureux, mais cela ne s’arrêtera pas là.
Cette dépression économique est mondiale
L’économie chinoise (la deuxième économie du monde) a été bloquée avant les Etats-Unis et l’Europe. De grandes économies telles que l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont souffert autant, voire plus, que les Etats-Unis (en proportion de leur population), en termes de contaminations et de décès.
L’Amérique du Sud enregistre désormais le taux le plus élevé de nouvelles contaminations. Le Brésil arrive juste derrière les Etats-Unis, en nombre de cas confirmés et de décès, et le nombre de cas progresse rapidement.
L’impact mondial de cette pandémie entraîne un coût plus élevé que la somme de toutes les pertes de rendement de chaque pays. Ces coûts additionnels concernent le commerce mondial et les marchés financiers.
Même si, localement, une économie telle que la Chine s’en sort mieux, elle ne pourra peut-être pas exporter vers un autre pays comme le Brésil, car ce dernier se situe dans une phase pandémique plus grave. De même, les pays prêts à rouvrir leurs usines ne seront peut-être pas en mesure d’obtenir des matières premières.
Cela aura des conséquences de long terme, comme nous le verrons dès demain.