Le dollar est désormais la monnaie mondiale, la norme du système ; maintenant que ce système a trouvé ses limites, les tensions montent.
Le système né de Bretton Woods puis du désancrage du dollar et enfin de la dérégulation financière est un tout, avec des éléments interdépendants. On ne peut toucher un élément sans bousculer tous les autres.
Le système Bretton Woods 2 avec recyclage des déficits américains est un tout, un tout qui maintenant dysfonctionne ; on ne peut isoler un ou deux éléments. Tout cela a été analysé depuis longtemps en Europe.
Par ailleurs, le point central est la rentabilité des capitaux investis, comme Bernanke l’a dit fin 2009 :
« Quand la croissance américaine reviendra, alors les capitaux du monde entier se précipiteront aux Etats-Unis, attirés par une meilleure rentabilité et une plus grande sécurité, ils feront baisser les taux et réduiront les primes de risque. »
Il a expliqué ceci pour détourner les critiques qui disaient qu’il y allait avoir un hiatus après l’expiration des mesures de la Fed.
Nous y sommes et c’est cela qu’il faut analyser !
Le problème incontournable est que ce sont les Etats-Unis qui constituent la norme :
- la norme du taux de profit espéré par le capital mondial
- la norme du risk-off à cause du dollar en tant monnaie souveraine des Etats-Unis
- la norme théorique de la valeur telle que fixée par la finance
- la norme de la liberté économique et juridictionnelle
- la norme de la financiarisation stimulée par les buybacks.
Il y a un besoin de plus en plus clair de compartimenter, de déglobaliser et de redomestiquer : la globalisation est sur le déclin sur tous les plans. Elle en est au stade où elle ne peut plus supporter la liberté des mouvements de capitaux !
La bourgeoisie américaine ne supporte plus les règles, les conséquences, les effets induits non-voulus du système qu’elle a instauré par l’inconvertibilité du dollar, la dérégulation, la financiarisation.
La solution néo-libérale à l’érosion tendancielle de la profitabilité du capital total, productif, fictif, de poids mort, a fait son temps : c’est le sens profond de toute l’action chaotique de Trump ! Un sens, une logique, traverse toute l’action de Trump – logique dont il n’a bien sûr pas conscience.
MAGA, « make America great again », ce n’est rien d’autre que le mot d’ordre populiste, vulgaire, de cette action surdéterminée par les limites du néo-libéralisme.
La solution néo-libérale a buté en 2007 sur ses limites internes :
- stock de dettes
- déficits dangereux pour la sécurité nationale.
A présent, elle bute sur les inégalités et sur la fragilité systémique produites par la tentative de lutter contre les tendances négatives, destructrices, dialectiques qui rongent le système.
La solution néo-libérale butera – cela a commencé – sur ses limites externes manifestées par les compétitions stratégiques avec la Chine, la Russie et… le spiritualisme religieux.
Un jour ou l’autre il faudra qu’il y ait la guerre, on le sait bien…