Il semble inévitable que les deux camps finissent par s’affronter. Et peut-être plus tôt qu’on ne le pense.
« Dans chaque catastrophe de l’histoire américaine, il semble toujours qu’il y ait un homme de Harvard au milieu des décombres. » – Thomas Sowell
Peter Navarro refait parler de lui. On le présente comme « l’architecte » des politiques tarifaires de Donald Trump. D’après Fox :
« Le conseiller commercial de la Maison-Blanche, Peter Navarro, a déclaré lundi qu’une proposition du Vietnam visant à supprimer les droits de douane sur les importations américaines ne suffirait pas à convaincre l’administration de renoncer aux nouveaux prélèvements annoncés la semaine dernière. ‘Prenons l’exemple du Vietnam : s’ils viennent nous dire ‘nous allons appliquer des droits de douane nuls’, cela ne signifie rien pour nous, car ce sont les tricheries non tarifaires qui comptent vraiment’, a affirmé Navarro sur le plateau de l’émission Squawk Box, diffusée sur CNBC. »
Mais alors, que faut-il comprendre ?
Même en supprimant totalement les droits de douane, le Vietnam resterait-il exposé à des taxes dites « réciproques » de la part des Etats-Unis ? Et que signifie, concrètement, « éliminer les barrières non tarifaires » ? Stabiliser sa monnaie face au dollar ? Modifier son système fiscal pour qu’il n’avantage plus ses exportations ?
Faut-il qu’il renonce à ce qu’Adam Smith appelait son « avantage comparatif » – à savoir une main-d’oeuvre bon marché – et qu’il augmente les salaires pour se caler sur les standards syndicaux américains ? Avec, à la clé, protection de l’emploi, paiement des heures supplémentaires, congés et retraites inclus ?
Les pays riches en pétrole devront-ils compenser leur accès à une énergie bon marché ? Les pays nordiques devront-ils payer une pénalité pour ne pas avoir besoin de climatisation ? Et les pays chauds devront-ils présenter des excuses pour avoir des bananes ?
Les experts de la Maison-Blanche n’analysent aucun de ces éléments. Ils se contentent de regarder les volumes d’échanges. Ainsi, la seule façon de savoir si le Vietnam ne « triche » pas est de vérifier que la balance commerciale est équilibrée. Selon cette formule, les Etats-Unis ont été des tricheurs de 1875 à 1971… Ils ont enregistré des excédents commerciaux pendant toutes ces années. Ils avaient une économie très efficace et avancée. Auraient-ils dû être punis pour cela ?
Ce n’est qu’après que Nixon a modifié le système monétaire mondial que les déficits ont commencé à croître… et n’ont jamais cessé de le faire. Le nouveau « faux » dollar, que les Etats-Unis peuvent effectivement « imprimer » à volonté, est la cause des déficits commerciaux chroniques de l’Amérique, et non les barrières non-tarifaires. La vraie histoire : après 1971, les Etats-Unis ont pu acheter ce dont ils avaient besoin avec leur nouvel argent inépuisable. Ils n’ont pas eu besoin d’être compétitifs.
Peter Navarro serait titulaire d’un doctorat en économie de Harvard. Cela ne manque pas de nous rendre méfiants à l’égard des fameuses « normes » de cette institution. Car si Harvard a incontestablement joué un rôle central dans l’histoire des Etats-Unis, c’est bien souvent dans les épisodes les plus désastreux.
En théorie, une éducation à Harvard – et je parle ici en connaissance de cause, ayant partagé mon lit avec une diplômée de Harvard ces 41 dernières années – est censée aiguiser l’esprit, lui inculquer une logique rigoureuse, et l’enrichir d’un bagage solide en littérature, en histoire et en sciences.
Alors comment expliquer qu’un homme comme Pete Navarro ait pu décrocher un doctorat dans cette auguste maison ? Les exigences académiques ont-elles été revues à la baisse ?
Harvard, bastion du privilège, du pouvoir et du positivisme, cultive une mauvaise herbe des plus envahissantes : celle qui pousse l’individu à croire qu’il peut déterminer – grâce à la seule puissance de son intellect – ce que les autres doivent faire, et que le gouvernement doit être l’outil de cette imposition. Cette mauvaise herbe, née à Cambridge, s’étend inexorablement… jusqu’à couvrir les rives du Potomac.
Lorsque Donald Trump cherchait un conseiller économique, c’est son gendre qui serait tombé sur un livre de Navarro – peut-être alors en promotion, non loin de notre propre chef-d’oeuvre oublié, Empire of Debt.
Dans Death by China, Navarro cite fréquemment un certain Ron Vara, lui aussi diplômé de Harvard. Problème : Ron Vara n’existe pas. Il s’agit d’un alter ego fictif, inventé de toutes pièces par l’auteur. Autrement dit, la thèse centrale de Death by China repose sur l’autorité combinée de deux diplômés de Harvard – l’un imaginaire, l’autre délirant.
Et on apprend maintenant que Ron Vara est en conflit avec Elon Musk. Voici ce qu’en dit Politico :
« Aux premières heures de samedi matin, Elon Musk s’est emparé de sa plateforme X pour lancer ce qui ressemble à une attaque contre le principal conseiller commercial du président. Dans une vidéo diffusée sur CNN, on voit Peter Navarro expliquer la logique de l’administration Trump concernant l’imposition de droits de douane. Le chef du département de l’efficacité gouvernementale a répondu au commentaire d’un autre utilisateur louant l’explication de Navarro, en écrivant simplement à propos de l’économiste : ‘Il n’a rien construit.’ »
Le frère d’Elon s’est ensuite joint à la bagarre. Business Insider rapporte :
« Kimbal Musk, le frère cadet d’Elon Musk, a déclaré lundi que la série de droits de douane réciproques du président Donald Trump reviendrait à imposer une ‘taxe permanente’ aux consommateurs américains. »
L’équipe Musk et l’équipe Trump/Navarro ne font pas partie de la même équipe. Musk représente des intérêts économiques réels, Trump est la politique incarnée.
Les droits de douane sont une manoeuvre politique – un mélange de démagogie et d’opportunisme. Ils renforcent le pouvoir des politiciens, leur permettant de décider qui paie quoi, et à qui. Ils enrichissent quelques initiés, en favorisant certaines industries au détriment d’autres. Mais à terme, ils affaiblissent l’économie dans son ensemble et appauvrissent tout le monde.
Il semble inévitable que les deux camps finissent par s’affronter. Et peut-être plus tôt qu’on ne le pense. Newsweek explique :
« La critique ouverte de Musk à l’égard de la politique de la Maison-Blanche marque la première fois où la relation entre lui et Trump semble véritablement tendue. »
Musk s’est empressé de commenter :
« Un doctorat en économie de Harvard est un handicap, pas un atout. Il entraîne un déséquilibre où l’ego est bien supérieur aux capacités intellectuelles. »
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LE LIBRE-ÉCHANGE ? LA LOI DU PLUS RICHE.
« Les droits de douane affaiblissent l’économie dans son ensemble et appauvrissent tout le monde. »
C’est le refrain chanté par la majorité des médias occidentaux, le Libre-échange, c’est-à-dire « la Liberté », est en danger à cause de Trump et de son odieux Protectionnisme.
Faut-il rappeler quelques grandes actions du « Libre échange » sur la scène internationale ?
La Liberté du Commerce ? Dans les années 1840 et suivantes la Grande Bretagne a importé de l’opium en Chine pour obliger celle-ci à ouvrir ses portes au commerce occidental.
Quant aux Français ils ont saccagé la Cité Impériale au nom de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité, mais en réalité d’un « Libre Échange » qui n’était que motifs à de gros profits pour l’Occident.
Hong Kong, Canton, d’innombrables villes chinoises du littoral ont été colonisées au nom du « Libre Echange ». Seul le Japon a pu résister en se protégeant intelligemment de l’envahissement occidental au nom de la « Liberté », du Commerce.
Le « Libre Échange » ? Le commerce des esclaves noirs transportés en direction des Amériques ?
Parce que les peuples Amérindiens refusaient de travailler sur les exploitations des esclavagistes Européens.
Le « Libre Échange » c’est tout simplement, dans la réalité, la loi du plus fort dans le domaine industriel et commercial.
Le « Libre Échange » c’est la Guerre, commerciale, implacable, sans autre règle que le profit.
Le Libre Échange dans l’Europe actuelle, notamment dans le domaine des transports routiers c’est la loi de quelques « Grands Marchands » qui imposent aux chauffeurs routiers européens une vie d’enfer dictée par le profit d’un tout petit nombre d’entreprises. Toute une population de chauffeurs salariés est exploitée par quelques grands capitalistes, dans des conditions qui ont empirées au cours des 30 dernières années.
A bas le Protectionnisme. C’est la loi concurrentielle du Profit Libre Échangiste qui doit s’imposer.
En Vérité ?
Pour quels résultats à observer la misère populaire visible aux USA depuis bien plus d’une dizaine d’années, et dont le protectionnisme de Trump, au pouvoir depuis quelque mois, n’est évidemment pas la cause. Une misère qui s’étale dans les rues de beaucoup de grandes villes américaines. Des classes moyennes qui, même en travaillant, ne parviennent plus à se loger et vivent dans la rue ou dans leurs voitures. Une pauvreté qui est beaucoup plus répandue et publique qu’en Europe.
Au Canada, de même, les temps du développement sont terminés depuis au moins une dizaines d’années, Trump et son protectionnisme, qui n’a même pas eu le temps de produire le moindre effet, sauf dans les discours des médias, n’y sont à l’évidence absolument pour rien.
La réalité c’est qu’il faut ne Rien Adorer : ni le Libre Échange ni le Protectionnisme, mais pratiquer l’un et l’autre, l’un ou l’autre, en fonction des circonstances et des intérêts généraux et particuliers.
L’histoire est à suivre, comme toujours.
Les régimes communistes qui prétendaient tout régenter d’en haut par l’état se sont économiquement effondrés.
Les élites des régimes capitalistes occidentaux qui vénèrent le « Libre Échange » ont certainement encore beaucoup de choses à apprendre. « Enrichissez-vous » n’est pas une morale universelle exclusive. Et c’est sans doute ce qu’a voulu dire le peuple américain en votant Trump. Parce que non seulement le peuple US ne s’enrichissait plus, mais il s’appauvrissait.
https://www.youtube.com/watch?v=147ol1yY40U
Senator Adam Schiff
Is Donald Trump’s inner circle illegally profiting off of these huge swings in the stock market? We must find out.