« Les marchés ne sont pas l’ennemi », affirme le New York Times… mais si ce n’est pas eux, alors qui – et comment cela fonctionne-t-il ?
Le New York Times sort un article intéressant intitulé « Les marchés ne sont pas l’ennemi ». La réflexion est intéressante mais limitée.
Les marchés ne sont pas l’ennemi quand on veut bien se donner la peine de les analyser.
Le New York Times devrait préciser et s’interroger : les marchés ne sont pas l’ennemi… mais qui, alors ?
Là, ma réponse est la suivante : les marchés ne sont pas l’ennemi de l’intérêt public ou du plus grand nombre, mais ils sont les ennemis des dirigistes, des constructivistes, des kleptocrates, des autorités qui prétendent tout gérer au profit d’une conception pourrie du bien économique et social.
Les marchés sont les ennemis de tous ceux qui se croient plus intelligents, de tous ceux qui croient détenir la vérité et les clefs de l’avenir.
Les marchés sont les ennemis de ceux qui se prennent pour les maîtres et qui en fait ne sont que de médiocres tyranneaux. Les marchés imposent la symbolique du bien commun, les tyranneaux imposent l’imaginaire de leur volonté de puissance névrotique.
Spontanément les marchés ne sont pas source de déséquilibres mais de recherche d’équilibres.
La fonction des marchés… en principe
La fonction des marchés est simple : c’est la découverte des vrais prix, le clearing de l’offre et de la demande. Grâce aux vrais prix ainsi découverts, les préférences se manifestent et se rencontrent pour satisfaire le plus grand nombre de gens possible.
L’allocation des ressources est socialement efficace et, sinon raisonnable, du moins rationnelle compte tenu de l’état de la société.
Tout ceci n’est vrai que si les marchés ne sont pas truqués – soit par la banque centrale, soit par le gouvernement, soit par des positions dominantes, soit par des lois scélérates qui organisent le dysfonctionnement !
Le problème des marchés vient du fait qu’ils ne sont pas libres de fixer les prix d’équilibre… parce qu’il y a des classes sociales à qui ces prix d’équilibres déplaisent.
On le voit clairement s ‘agissant de prix importants comme celui de l’énergie, celui de l’argent, celui du crédit, celui du travail ou celui des services fournis par le gouvernement et ses connivents, les fonctionnaires. Ce sont tous des prix truqués, faussés par des volontés qui ont des moyens supérieurs à ceux des citoyens.
A notre époque le principal acteur qui fausse les marchés est la banque centrale – car c’est en fait elle qui gouverne nos sociétés, pas les gouvernements. Les gouvernements ne sont que les auxiliaires des banques centrales depuis qu’ils sont surendettés. Ils leur mangent dans la main.
Responsable de la crise
La banque centrale fausse tous, absolument tous, les prix – et c’est pour cela que c’est elle qui est l’ultime responsable de la crise et des crises à répétition.
La banque centrale fixe le taux d’intérêt qui est l’opérateur central des choix entre le présent et l’avenir. En d’autres termes, elle est « maître des horloges », maître de gérer la préférence pour le présent et la pénalité imposée au futur : rendez-vous compte de ce pouvoir !
La banque centrale fixe la quantité de monnaie et surtout à qui, par quel canal, elle la distribue, par quelle voie elle déverse l’argent et donc qui en est bénéficiaire.
Les deux pouvoirs réunis – celui des rapports entre le présent et le futur et celui de la quantité de monnaie déversée et à qui l’attribuer – font de la banque centrale le démiurge, le magicien du crédit.
Tout ce qui est bien dans le crédit vient de la banque centrale… mais hélas, tout ce qui est mal aussi vient de la banque centrale.
Il n’y a plus de marchés, il n’y a d’ailleurs jamais eu de marchés, pas plus que vous n’avez eu un père idéal, vous avez dû vous contenter d’un père réel et combler votre déception/manque par un père imaginé/imaginaire comme Emmanuel Macron, lequel se croit fils de Rothschild.
Ainsi, de proche en proche, les marchés ne peuvent plus réaliser leur fonction de découverte et de clearing parce que les banques centrales créent du faux argent et s’éloignent de l’orthodoxie.
Elles mettent dans le circuit de l’argent qui n’a pas de contrepartie – et surtout injectent cet argent à un endroit particulier du circuit économique et financier, comme nous le verrons demain.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]