▪ C’est ce dont on parle le plus aujourd’hui dans les marchés financiers. Le problème de la dette n’a pas été résolu. Les banques ont recapitalisé, compensant une partie de leurs pertes de 2008 et 2009. Mais on a toujours un système financier accro à la dette et à l’effet de levier. Et les investisseurs ont cru à l’histoire de reprise et parié sur les actions au moment même où ils devraient réduire les actions dans leur allocation d’actifs (selon nos estimations). Pourquoi ?
Le processus de désendettement lancé en 2008 a encore de la route à faire. Les banques le savent, c’est pour cette raison qu’elles ont réduit les risques en se montrant plus pingres sur les prêts. Les actionnaires, en revanche, ont fait l’inverse. Et cela pourrait leur coûter cher.
"Toute discussion concernant la réponse à la crise", rapporte Peter Larsen de chez Reuters, "doit prendre en compte le besoin de réduire les niveaux de dette contractée. Une étude de McKinsey, le cabinet d’expertise, a découvert que les précédents épisodes de désendettement ont généralement pris quatre formes : une période pendant laquelle il faut se serrer la ceinture, quand la croissance du crédit traîne loin derrière la croissance économique pendant plusieurs années ; des faillites massives ; une inflation importante ; ou une période de croissance rapide du PIB en résultat d’un effort de guerre ou d’un boom pétrolier".
Ce sera laquelle ? Les faillites massives ? L’inflation importante ? Ou une guerre et un boom pétrolier ?
Aucune de ces solutions n’est vraiment attirante. Mais aucune ne s’est encore produite pour l’instant. C’est pourquoi nous pensons que 2010 nous réserve encore plus de feux d’artifice. Peut-être un défaut de paiement de la dette par un gouvernement ou deux. Et puis on a de moins en moins d’entreprises financières survivantes, toutes considérées par le gouvernement comme "trop grosses pour sombrer". Ce n’est pas bon du tout.
▪ L’information est tombée en fin de semaine dernière… le Sénat américain a voté une augmentation du plafond de la dette des Etats-Unis, jusqu’à 14 300 milliards de dollars. Cela va permettre au Trésor US d’emprunter plus d’argent pour rembourser la dette existante, mais aussi payer le déficit annuel de 1 300 milliards de dollars de cette année. Ben Bernanke a également été réélu pour un mandat de quatre ans au poste de destructeur en chef du dollar, à 70 voix contre 30.
Prédiction : les Américains vont finir par s’énerver contre les clowns qui ruinent leur devise et leur avenir financier en amassant des dettes qu’il faudra des décennies pour rembourser, si on peut les rembourser un jour. Le Bureau du budget du Congrès US annonce que les intérêts sur cette dette vont doubler en tant que pourcentage du PIB. En clair, ils vont tripler, et passer de 202 milliards de dollars à 723 milliards de dollars.
Et ce ne sont que les intérêts ! C’est le prix à payer pour un pays qui vit au-dessus de ses moyens. C’est le prix à payer (en réalité, une partie du prix seulement) pour faire des promesses que l’on ne peut pas tenir. C’est un prix élevé. En attendant, nous prendrions tout rebond du dollar avec une pincée de sel. Même si nous avons lu il y a quelques jours que George Soros pense que tout est dans une bulle — y compris l’or — nous allons garder un oeil sur le bon vieux métal jaune… et envisagerons d’en acheter plus avec la solidité du dollar.