Protégées des gouvernements par leurs statuts, les banques centrales les financent tout de même, tandis que la menace du chaos financier les propulse dans la fuite en avant.
Les banques centrales nous mènent au chaos social.
Dans leur volonté de protéger le capital et la propriété, face à la montée des démocraties, les classes possédantes ont, il y a quelques décennies, mis des garde-fous au pouvoir des peuples.
Parmi ces garde-fous, il y a les institutions internationales et le système des banques centrales.
Les banques centrales ont été conçues pour les élites, puis autonomisées pour mettre la gestion monétaire hors de portée des tentations démagogiques.
La fameuse indépendance des banques centrales est bien sûr un mythe que l’on oppose aux peuples car, en réalité, les banques centrales dépendent des puissances d’argent, des marchés, des affaires, etc.
Elles sont protégées des visées des gouvernements, mais elles les financent. Tel est l’arrangement.
C’est une sorte de mariage : d’un côté, vous ne touchez pas à mon indépendance formelle, mais, d’un autre côté, nous faisons en sorte de financer directement ou indirectement les dépenses dont vous avez besoin pour exercer et conserver le pouvoir.
C’est un marché, une alliance au centre de laquelle se trouve, dissimulée, la classe bancaire et les dynasties financières.
De nouvelles menaces pour remplacer les anciennes
Vis-à-vis des marchés, les banques centrales sont otages. Au fil du temps, les Bourses et les marchés des changes ont pris le pouvoir ; ce sont des ogres, ils imposent leur logique. Les banques centrales obéissent sous la menace du chaos. Cette dernière a remplacé les anciennes menaces du « mur de l’argent » des années 1920 et 1930.
Ce que je veux vous faire comprendre, c’est que, derrière la poudre aux yeux de la technicité, derrière l’apparente complexité et le langage diafoirique, la chose monétaire est très simple, et que c’est plus une question politique qu’autre chose.
Cependant, dans nos systèmes, la pseudo-expertise est utile pour camoufler les choix purement politiques, les choix de classe sociale. On fait passer les intérêts de classe pour un intérêt général. La gestion monétaire transfère plus de richesse et de revenus que la gestion fiscale.
Cette réalité doit être masquée car, quand on y regarde bien – et surtout vue de haut –, elle est scandaleuse et intolérable.
Les illusionnistes sont dépassés
Pour la masquer, il faut empêcher les débats, pratiquer le monopole de la pensée, entretenir la pensée de groupe par le recrutement, rendre opaque, inventer des bestioles, des raisonnements des modèles, des dérivées.
Bref, il faut mettre en scène un jeu d’ombres et de signes qui se substituent au réel.
L’ennui est que les apprentis sorciers, faux démiurges et vrais illusionnistes ont été dépassés, ils ont perdu le contrôle intellectuel du système qu’ils laissé se développer.
Les zozos de la monnaie en savent plus ce qu’est la monnaie, comment elle vit, meurt, se transfère, mute. Ils ont perdu le contrôle de ce que l’on appelle la transmission au monde réel. Maintenant, ils parent au plus pressé, comme le Titanic au milieu des icebergs.
L’optimisation à court reste encore possible, car le court terme est dominé par les perceptions – tandis que le long terme est dominé non par les perceptions, mais par la pesanteur, la rareté, les limites.
Le court terme est dérivable, linéaire ; le long terme est fractal, en tout ou rien, en rupture.
Le long terme, c’est le temps des réconciliations, le temps des comptes : on présente la facture.
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]