Alors que l’économie est supposée être en pleine forme, la dette américaine s’envole et les taux d’intérêt aussi. Bientôt, ils seront le premier poste de dépense.
Nous avons passé les deux derniers jours à travailler à notre grange. Les pignons s’étaient effondrés — il y a probablement un demi-siècle de cela, voire plus — et devaient être remplacés. Nous avions hâte de terminer le travail afin que les échafaudages puissent être démontés en notre absence.
Les jours sont courts. Et le travail — monter des pierres et du ciment jusqu’au niveau du toit — est dur.
Mais nous avons fini hier soir, avons lavé nos truelles et nos seaux, et nous nous sommes préparé à retourner aux États-Unis pour Thanksgiving et Noël.
« J’imagine que ce genre de travail vous permet de rester sain d’esprit », a suggéré un voisin qui nous regardait depuis le sol.
« Sain d’esprit ? Je ne sais pas. Mais c’est réel. Tout est d’aplomb… ou pas. On ne peut pas mentir : il suffit d’un niveau à bulle, on voit tout de suite ce qui est droit ou non ».
« Dans quoi est-ce que vous travaillez ? » a demandé notre voisin.
« Eh bien… j’essaie de comprendre ce qui se passe dans l’économie et les marchés financiers. Le problème, c’est que tout ou presque n’est qu’absurdités, fraude et sottises ».
Plus tard, autour d’un bol de soupe amical, nous avons expliqué :
« Pour empirer les choses, l’économie vire souvent à la politique. Parce que les politiques budgétaires et monétaires gouvernementales ont un gros effet sur les marchés et l’économie.
« Ensuite, même si l’on essaie simplement de comprendre ce qui se passe économiquement parlant, les gens prennent parti politiquement. C’est particulièrement aigu en ce moment, parce que les gens ont des sentiments très forts envers M. Trump. Certains l’adorent, peu importe à quel point il les trahit. D’autres le détestent, et peu importe le bien qu’il peut faire.
« Et ils ont des avis si tranchés qu’on peut à peine en parler ».
Nous étions sur le point de continuer sur notre lancée — mais nos invités regrettaient probablement d’avoir abordé la question. Nous avons donc changé de sujet.
Nous y revenons ici pour vous, cher lecteur.
Des chiffres qui montrent que rien n’est d’aplomb
Le marché continue de lutter. Tôt ou tard, un krach se produira — et le Dow Jones perdra 1 000 points par jour — ou plus. A ce moment-là, les gens commenceront à poser des questions.
[NDLR : Et si, ce jour-là, vous transformiez les pertes… en gains ? C’est parfaitement possible : notre spécialiste a aidé ses lecteurs à engranger des plus-values de 26,5%, 17,6%, 22% (et d’autres encore) alors même que les marchés dévissaient en octobre dernier. Il suffit de suivre les bonnes instructions au bon moment ! Tout est expliqué ici.]
Nous sommes prêt. Nous avons nos propres questions.
Mais d’abord, examinons quelques nouvelles qui en disent vraiment très long.
De l’agence Reuters :
« Le gouvernement fédéral américain enregistrait un déficit de 100 milliards de dollars en octobre, le premier mois du nouvel exercice fiscal, selon des données publiées mardi par le département du Trésor.
Ce déficit était en ligne avec les attentes des analystes.
Le Trésor a déclaré que les dépenses fédérales ont augmenté de 18% par rapport au même mois l’an dernier, à 353 milliards de dollars en octobre, tandis que les recettes ont grimpé de 7% à 253 milliards de dollars ».
Voici des questions : comment cela se fait-il… alors que l’économie est en plein boom… que les autorités augmentent leurs dépenses deux fois plus rapidement que leurs revenus ? Pourquoi doivent-elles emprunter ? Et si elles n’arrivent pas à équilibrer le budget quand tout va bien, en sont-elles capables, tout simplement ?
Et voici le Wall Street Journal :
« Les Etats-Unis en passe de dépenser plus pour la dette que pour la défense.
Lors de la décennie passée, la dette américaine détenue par le public est passée à 15 900 milliards de dollars, par rapport à 5 100 milliards de dollars précédemment ; cependant, financer toute cette dette n’était pas un problème. L’inflation basse et la demande mondiale forte pour des bons du Trésor sûrs ont permis de maintenir la charge de la dette au plancher pour le gouvernement ».
Vous avez bien lu : la dette fédérale a triplé en 10 ans. Mais les frais liés aux intérêts étaient bas. La Réserve fédérale achetait des bons du Trésor dans le cadre de son programme de quantitative easing. Cela permettait de maintenir le taux d’intérêts au plancher. Et comme la Fed achetait des obligations, le gouvernement n’avait pas besoin de les vendre sur les marchés.
A présent, la Fed a changé de cap. Au lieu d’acheter des obligations, elle s’en débarrasse. Et au lieu d’aider à maintenir les taux au plancher, elle aide à les faire grimper.
Et devinez quoi ? Si cela continue ainsi, nous dit le Wall Street Journal, les Etats-Unis paieront plus pour financer leurs emprunts que pour protéger le pays :
« … On s’attend à ce que le gouvernement franchisse les seuils suivants : en 2020, il dépensera plus en intérêts qu’il ne dépense pour Medicaid ; en 2023, plus que ce qu’il dépense pour la défense nationale ; et en 2025, plus que ce qu’il dépense pour tous les programmes discrétionnaires hors défense combinés »…
Tout cela fait naître encore plus de questions. Dans quoi les autorités dépensent-elles tant d’argent ? Comment est-ce qu’il peut être une bonne idée d’emprunter à tel point que les paiements des intérêts représentent le principal élément de votre budget ?
Et que se passe-t-il quand l’économie tourne mal ? Que se passe-t-il quand les actions chutent ? Que se passe-t-il quand le chômage grimpe et qu’une récession se déclare ?
Que se passe-t-il quand les gens réalisent que tout cela n’est qu’une arnaque ? Les chiffres du chômage… la réduction d’impôts… la croissance du PIB… l’inflation… le budget de la défense… les allocations… MAGA… républicains… démocrates…
Rien de tout cela n’est d’aplomb.
A présent, le temps est compté tant pour l’économie américaine que pour le gouvernement américain. Que se passera-t-il quand ce temps sera épuisé ?
3 commentaires
Vous posez la question: » Que se passera-t-il quand ce temps sera épuisé ? »
La réponse est simple: Une guerre thermonucléaire et conflits asymétriques par proxy interposés impliquant l’Europe et les Etats-Unis. Ils n’y échapperont pas même s’ils pensent que le bénéfice sera d’éponger toutes leurs dettes d’un coup et de rebooster l’industrie militaire pour éviter la récession. Cela a fonctionné lors des deux conflits mondiaux, mais cette fois-ci, cette stratégie échouera lamentablement même si le dicton « jamais deux sans trois » a la peau dure.
Poutine l’a bien exprimé le 18 octobre depuis le colloque du Club Valdaï à Sotchi:
“Nous ne riposterons que lorsque nous serons certains que nous sommes attaqués. Ce sera une catastrophe, mais nous n’en aurons pas été les initiateurs.” et « Rien ne peut nous effrayer. Avec un tel territoire, une telle défense et une telle population, nous sommes prêts à défendre nos intérêts.” et “Nous [les russes] irons au paradis en martyrs. Eux [les USA], ils crèveront tout simplement, ils n’auront même pas eu le temps de se repentir ».
Alea jacta est! Une locution latine signifiant « le sort en est jeté », ou « les dés sont jetés », que Jules César aurait prononcée le 10 janvier 49 av. J.-C. avant le passage du fleuve Rubicon. La tradition a retenu la forme latine de cette phrase, mais il n’est pas impossible qu’elle ait plutôt été prononcée en grec : Ἀνερρίφθω κύϐος (Anerríphthô kýbos). = Bonne chance ! Bon courage !
Il y a quelques années, alors que les milliards de dettes s’ajoutaient aux milliards, je m’étais posé la question, ici même, sur la limite de ce modèle.En mathématiques comme dans la vie, les limites sont intéressantes quelque soit le problème. Je m’étais répondu les yeux dans les yeux : La limite sera atteinte quand les intérêts deviendront égaux aux revenus, puis, conservant l’élan de la bêtise humaine, la dépasseront.
A l’époque, c’était tout à fait improbable, aussi improbable que la collision de la Terre avec un météorite d’un kilomètre de diamètre ou que l’existence d’une parcelle d’éthique dans ceux qui ordonnent et participent à la conception de produits phytosanitaires anti-vie.
Si le pire n’est pas toujours certain, il arrive qu’il advienne.
N’oublions pas quand même que la dette US est financée sur une durée moyenne de l’ordre de 6 ans, que 40% de la dette est contrôlée par le gouvernement lui-même au travers de la sécurité sociale et de la FED (les profits de la FED sont reversés au gouvernement), qu’il y a toujours l’option de soumettre les intérêts à l’IRPP (ils en sont actuellement exemptés) et qu’à la prochaine crise la FED renverra les taux au planché. La dette me semble donc parfaitement soutenable au niveau actuel. Là il faut vraiment arrêter d’urgence les conneries en revanche, c’est du coté du déficit…