▪ Incroyable le nombre de choses qui ne se sont PAS produites.
Le plus incroyable, c’est probablement le fait que le dollar ne s’est PAS effondré. Il a perdu du terrain et s’échangeait à 1,43 $ la dernière fois que nous avons regardé — pourtant, personne ne vous rit au nez lorsque vous allez échanger des dollars… ou quand vous proposez de payer en dollars plutôt que dans la devise locale.
Ces 10 dernières années, la masse monétaire américaine s’est développé environ deux fois plus rapidement que le PIB. Et la Fed a doublé ses engagements rien qu’au cours des 18 derniers mois. Cette dernière information est stupéfiante. Il a fallu près de 100 ans à la Banque centrale américaine pour faire grimper sa trésorerie à 1 000 milliards de dollars. Puis, sous la direction de Ben Bernanke, elle a ajouté 1 000 milliards supplémentaires en quelques mois. Qu’est-ce que cela signifie exactement ? Cela signifie que les responsables de la Fed ont acheté une gigantesque quantité de dette aux agences américaines et au secteur financier. Cela signifie aussi qu’ils ont "monétisé" cette dette… ils l’ont transformée en cash en la payant avec de l’argent créé spécialement dans ce but. Cela signifie aussi que le secteur financier a une plus grande base de nantissement pour ses prêts. La Fed s’appuie sur sa trésorerie pour prêter à ses membres. Ces banques prêtent ensuite à d’autres banques qui prêtent aux entreprises et aux consommateurs. La quantité de crédit potentiel — ainsi que la quantité même de liquidités — a grimpé.
Il y a une loi d’airain, en économie. La qualité et la quantité évoluent en proportions inverses… ce qui est un autre moyen de dire que lorsqu’on augmente la quantité d’une chose… chaque unité vaut moins que l’unité qui l’a précédé (toutes choses étant égales par ailleurs). C’est certainement vrai de la devise. Plus il y a de monnaie dans un système financier, moins chaque unité a de valeur. Ajoutez assez de nouvel argent — comme l’a récemment prouvé le Zimbabwe — et chaque unité perd toute valeur.
Sauf que jusqu’à présent, le dollar ne s’est pas effondré. Il a chuté, mais en douceur…
▪ Parallèlement, le taux d’inflation n’a PAS grimpé. Il a plutôt baissé. Allez comprendre. Quand on ajoute une telle quantité d’inflation monétaire, on pourrait s’attendre à voir l’IPC grimper. Mais non. Pas encore.
D’un autre côté, nous sommes déjà dans une récession/dépression majeure depuis un an et demi. On pourrait s’attendre à de la déflation. Ce qui ne s’est pas produit non plus. Les prix baissent. Mais pas autant qu’on pourrait l’attendre, étant donné l’ampleur de la baisse.
▪ Et, lié à la fois au dollar et à l’inflation, il y a le marché obligataire. Encore plus surprenant, le marché obligataire ne s’est PAS effondré. Voyons voir, une gigantesque injection d’inflation monétaire : voilà qui devrait tuer le marché obligataire. Il y a aussi eu les plus grandes ventes de bons du Trésor américain de l’histoire — nécessaires pour couvrir un déficit de 1 700 milliards de dollars cette année. Cela aurait aussi dû tuer le marché obligataire. Et par-dessus tout, une projection de la Maison Blanche qui nous dit que les autorités ajouteront 9 000 milliards de dollars de dette au cours des 10 prochaines années. Et ça en se basant sur une reprise totale de l’économie ! Voilà qui devrait certainement tuer le marché obligataire.
Pas du tout ! Les rendements obligataires ont grimpé… mais le bon du Trésor américain à 10 ans ne rapporte toujours que 3,4%.
Evidemment, dites-vous, c’est une dépression. Les rendements obligataires baissent toujours durant une dépression.
Mais si c’est une dépression, comment se fait-il que les matières premières grimpent ? Et les actions ? Par-dessus tout, comme se fait-il que les actions chinoises grimpent ? Tout le monde sait que la Chine gagne son argent en vendant des produits à des Américains et autres non-Chinois. Si le reste du monde est en dépression, à qui la Chine va-t-elle vendre ? Comment se fait-il que la Chine ne soit pas déjà en dépression ? Mais voilà — encore une chose qui ne s’est pas produite. Les actions chinoises ne se sont pas effondrées.
▪ Et pour en revenir aux matières premières : elles sont toutes en hausse. Les commodities ne grimpent pas, pendant une dépression ; tout le monde sait ça. Elles baissent. Mais en ce moment, les matières premières ne sont PAS dans un marché baissier. Allez comprendre.
Enfin, bien entendu, il y a l’or. Le métal jaune n’est pas loin de la barre des 1 000 $… et un soupçon au-dessous de son sommet historique. L’or est une matière première… mais c’est aussi de la monnaie sous sa forme la plus pure et la plus fiable. Les matières premières baissent durant une récession. La monnaie grimpe. Mais dans la mesure où l’or est une alternative à la devise papier, elle tend à grimper uniquement lorsque la monnaie-papier baisse. Comme expliqué ci-dessus, le dollar ne s’est PAS effondré. Alors pourquoi l’or grimpe-t-il ? Il devrait baisser, reflétant l’effet d’une récession.
Il y a deux réponses possibles.
Premièrement, peut-être que les lois d’airain de l’économie ont été annulées.
Ou, deuxièmement… peut-être que les lois d’airain n’ont pas encore rattrapé le marché — pour l’instant.