L’inflation se manifeste un peu partout – mais l’emploi US vient donner des signes contradictoires : rien n’est acquis…
Les marchés influencés par la hausse des matières premières et surtout du pétrole s’enflamment pour l’inflation. Ils y croient comme en 2016.
Vous connaissez ma position, elle est réservée et dubitative : une bouffée inflationniste est acquise mais elle ne signifie rien pour le futur. Ce n’est que plus tard, en fonction des politiques qui seront menées et des réactions des marchés de l’emploi, que l’on pourra dire si risque inflationniste il y a ou non.
Le taux de chômage US en baisse à 6,2% contre 6,3% est trompeur.
Pour le moment, les marchés de l’emploi ne nous disent rien d’inflationniste. Certes, les chiffres sont spectaculaires, mais ils ne signifient rien ; les rebonds sont des mirages statistiques pour observateurs à courte vue.
A part l’emploi en restauration, pas grand’chose à se mettre sous la dent
Les derniers chiffres américains sont, sous cet aspect, ridicules : l’essentiel des créations concerne la catégorie des serveurs de restaurant et autres emplois du même genre. Rien de significatif.
L’enquête « établissements » a gagné 379 000 en février 2021, dont 465 000 auraient été ajoutés par l’économie privée (l’emploi dans le gouvernement a diminué de 86 000).
Le problème, c’est que l’industrie combinée des loisirs et de l’hôtellerie est responsable de 355 000 créations, ce qui ne laisse pas grand-chose pour le reste. Ces personnes ont absolument besoin de retourner au travail après les fermetures pendant près d’un an pour des raisons à la fois économiques et sanitaires.
La masse des heures travaillées est un indicateur fiable et elle reste très déprimée : le nombre total d’heures du mois dernier était en baisse de 6,3% d’une année à l’autre en non désaisonnalisé.
La dégradation des chiffres de la population active en dit bien plus long que la hausse des créations d’emplois au-dessus des prévisions.
Le chiffre qui est vraiment significatif de la vigueur du marché du travail, ce n’est ni celui du chômage ni celui des créations d’emplois, mais celui de la participation au marché de l’emploi : or elle reste faible, dégradée. Les gens sont et restent à l’écart, ils sont découragés.
Le rebond de l’emploi n’a pas eu lieu, du moins pas à ce stade ; il manque au moins quatre millions d’emplois dans le système américain – et peut-être même plus de six !
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]