Il y a des décennies que la Fed a abandonné tout contrôle sur son propre bilan ; aujourd’hui, elle persiste et signe, et ne recule devant rien pour manipuler les marchés.
Aujourd’hui, nous posons une oreille sur les rails… et le grondement nous annonce l’approche d’une locomotive.
Les marchés libres et honnêtes sont ligotés à une traverse ; ils pleurent, crient et se débattent. Le cheval de fer fond sur eux. Jerome Powell est à la manœuvre… et il est assoiffé de sang.
Quel est le dernier projet en date de la Réserve Fédérale pour annihiler ce qu’il reste d’eux ? Parviendra-t-elle à ses fins ?
Commençons par revenir en arrière… en l’an de guerre 1942… où commence notre histoire.
Le soldat Fed et la Deuxième guerre mondiale
Les guerres sont des entreprises coûteuses. Les impôts à eux seuls ne suffisent pas à acheter les arsenaux de la démocratie. Oncle Sam est donc allé tendre son chapeau sur le marché des obligations… et a emprunté.
Les autorités souhaitaient cependant maintenir les coûts de l’emprunt dans des limites raisonnables. La Réserve fédérale et le département du Trésor ont donc signé un accord : la Réserve fédérale limiterait les coûts d’emprunt du gouvernement.
L’idée était d’acheter n’importe quelle obligation gouvernementale dont les rendements étaient supérieurs à un niveau prédéterminé.
Ces achats faisaient chuter les rendements (les achats du Trésor font baisser les rendements, les ventes du Trésor les font augmenter). Si les bons du Trésor à trois mois avaient un rendement de plus de 0,50%, par exemple, la Réserve fédérale achetait des bons du Trésor à trois mois jusqu’à ce que leurs rendements chutent sous la barre des 0,50%.
Si les rendements des bons du Trésor à plus longue échéance dépassaient les 2,5%… la Réserve fédérale achetait ces bons jusqu’à ce que les rendements chutent sous la barre des 2,5%.
On garantissait ainsi que les coûts de l’emprunt resteraient dans des limites tolérables.
La Fed cède la politique monétaire au Trésor
Le terme appliqué à cette méthode est « contrôle de la courbe des rendements » (nous y reviendrons).
La Réserve fédérale – en résumé – a cédé la politique monétaire au département du Trésor US. Elle a cependant aussi abandonné le contrôle de son propre bilan, comme l’explique Jim Rickards :
« La limite imposée signait aussi l’abandon par la Fed de la maîtrise de son bilan comptable. Elle l’obligeait en effet à acheter une quantité potentiellement illimitée de dette du Trésor pour mettre en œuvre la limitation des taux (ce genre de rachats d’actifs avait un fort potentiel inflationniste, mais pendant la Deuxième guerre mondiale, l’inflation était gérée séparément, par le biais d’un contrôle des prix en temps de guerre). »
Incidemment, la base monétaire a doublé entre 1942 et 1945…
La Réserve fédérale a continué à abdiquer la totalité de ses responsabilités en matière de politique monétaire jusqu’à 1950.
Voyons maintenant ce qui se passe à une époque plus proche de la nôtre…
La Fed s’en va (encore) en guerre…
… l’année de la pandémie. Pour combattre les catastrophes économiques qui en résultent, la Réserve fédérale a remis à zéro ses taux d’intérêts cibles.
La politique en matière de taux d’intérêts est donc… limitée.
Notre aventurière de banque centrale va-t-elle s’enfoncer dans le marécage dense des taux négatifs ? C’est possible – nous sommes d’avis qu’elle le fera. Pourtant, jusqu’à présent, elle a réduit au silence toute spéculation dans cette direction.
L’effet des taux d’intérêts négatifs n’a pas non plus été à la hauteur des espérances –notamment au Japon et dans certaines régions d’Europe.
Comment la Réserve fédérale peut-elle alors encourager la machine économique, qui tousse, à redémarrer ? Comment faire baisser les coûts de l’emprunt ?
En contrôlant la courbe des rendements… le même mécanisme que celui qui a financé la Deuxième guerre mondiale.
La Fed prendrait le contrôle direct des taux d’intérêts
Rappelez-vous, la courbe des rendements permet de fixer les rendements obligataires sur l’ensemble du spectre – pour les obligations à court-terme comme pour les obligations à long-terme.
Mais il faut bien le comprendre : la Réserve fédérale ne fixe que les taux directeurs, c’est-à-dire les taux « journaliers » que les banques se facturent les unes aux autres.
Cela signifie également que la Réserve Fédérale n’a qu’un contrôle limité sur les taux d’intérêts.
Elle influence les taux à long terme, les pousse, les tire et les presse… mais elle ne les contrôle pas – d’où son éternelle frustration.
Les taux à plus long terme sont en effet la clé d’un double Graal : l’emprunt et la consommation.
Mais comment la Réserve fédérale peut-elle obtenir le contrôle direct des intérêts à long terme ?
C’est ce que nous verrons dès demain…