▪ Les rumeurs de renflouement de la Grèce par ses partenaires européens avaient commencé à circuler dès mardi dernier (le 9 février). Trois jours plus tard, cependant, les marchés ne s’estimaient pas plus avancés, les engagements politiques étant loin de valoir un plan de sauvetage en bonne et due forme.
Nous pressentons qu’il sera décortiqué dans ses moindres détails. Après tout, la même recette pourrait être appliquée ultérieurement aux autres pays en crise du « club Méditerranée » : Espagne, Portugal et Italie sont en pleine récession et leurs recettes fiscales sont en chute libre — ce sont les laboratoires avancés de la récession en Europe.
Georges Papandreou s’interroge ouvertement sur le peu d’empressement de Bruxelles et de la BCE à secourir la Grèce, sachant que chaque jour qui passe renforce l’emprise baissière des spéculateurs. En temps normal, ces derniers ne feraient guère le poids face aux principales banques centrales européennes si elles décidaient de brandir de manière coordonnée la grosse matraque des rachats massifs d’Euros, de façon à « faire courir les shorts« .
J.C. Trichet ne semble pas pressé de faire la police, toutefois. La baisse de l’euro tombe à point nommé : les exportations allemandes ont lourdement rechuté au quatrième trimestre, la croissance s’en est considérablement ressentie sur l’ensemble du Vieux Continent, dont le PIB stagnait fin 2009. C’est à tel point que de nombreux économiques s’interrogent sur le scénario du « double dip » — c’est-à-dire d’un nouvel épisode de récession au premier semestre 2010.
▪ Pénalisée par le rebond du dollar en direction des 1,35/euro, Wall Street avait pris un mauvais départ (-1,3% d’entrée de jeu pour le S&P et le Dow). Cela n’a pas arrangé les affaires des places européennes en seconde partie de séance vendredi.
Les indices américains tentaient de refaire surface après trois heures de cotation. Le Nasdaq ressortait du rouge tandis que le Dow Jones réduisait sa perte initiale des deux tiers… mais les opérateurs américains ne voulaient manifestement pas repartir chargés de papier avant le week-end prolongé du President’s Day (Wall Street rouvrira demain).
En ce qui concerne la séance de vendredi en Europe, la faiblesse de la monnaie unique et le pessimisme des ménages américains ont eu raison des velléités de rebond des indices au cours de la dernière heure de transactions. La pression vendeuse ne s’est pas relâchée et des volumes très étoffés témoignaient de l’empressement des « grosses mains » à profiter du moindre rebond indiciel pour quitter le marché.
La semaine s’achève cependant sur un rebond global symbolique du CAC 40 (environ 1%). Il n’est cependant pas parvenu à s’éloigner du seuil des 3 600 points ; il clôturait à 3 599 points, après avoir glissé jusque vers 3 580 peu après la publication d’un indice de confiance du Michigan en repli de 0,7 points, à 73,7 (contre 74,4 en janvier).
▪ La rechute de l’euro sous les 1,36 $ (il a inscrit un nouveau plancher annuel à 1,3535 $ en cours d’après-midi) a semé le trouble aussi bien à Paris qu’à New-York.
Ce nouveau trou d’air provient certes des interrogations concernant les modalités de l’aide (trop tardive ?) dont devrait bénéficier la Grèce. Mais il provient tout autant de la déception causée par une croissance atone en Zone euro — et dans l’ensemble de l’Union européenne — au quatrième trimestre. +0,1% seulement alors que les économistes tablaient sur une hausse de 0,3 à 0,4%, comme au troisième trimestre 2009.
La France se détache du lot avec un PIB en hausse de 0,6% au quatrième trimestre — soit -2,2% sur l’ensemble de l’année 2009. L’Allemagne, en revanche, a littéralement stagné après 0,7% au troisième trimestre, soit près de -5% en annuel… du jamais vu depuis 60 ans. C’est pire encore pour l’Espagne qui a subi une récession de -0,1%, l’Italie affichant -0,2%.
A Wall Street, la force du dollar pèse depuis la mi-janvier sur la tendance. Elle contrebalance les effets bénéfiques de bons résultats trimestriels publiés par les stars de la Silicon Valley — les profits de valeurs cycliques (industrielles et matériaux de base) sont toujours soutenus par les mesures de réduction de coûts plutôt que le volume des ventes.
▪ Mais une certaine mauvaise humeur générale était déjà perceptible vendredi dès le début de l’après-midi : la hausse de 0,5% des ventes de détail (et 0,6% hors automobile) n’est même pas parvenue à soutenir les futures à une heure de la reprise des cotations.
Il faut en rechercher la cause du côté de l’Asie. En effet, la Banque centrale de Chine (BCC) dévoilait à la veille du week-end de nouvelles mesures visant à limiter l’expansion du crédit. Pékin a décrété vendredi matin une nouvelle hausse de 0,50% des réserves obligatoires des banques et pourrait annoncer incessamment une nouvelle hausse du taux de rémunération des dépôts bancaires : ce serait le deuxième coup de semonce en un mois).
La Banque centrale de Chine semble prête à placer son action sous le symbole du Tigre, l’animal emblématique du nouvel an qui débute aujourd’hui même… et la spéculation qui semble avoir pris un peu d’avance s’attaque à la tendance haussière des actions et des bons du Trésor toutes griffes dehors.