Par Chris Mayer (*)
Parlons un peu du petit village de Davos, où se tient tout les ans le Sommet économique mondial. Depuis longtemps, Davos est un lieu de villégiature bien connu des classes aisées et des personnes souffrant de problèmes respiratoires. L’écrivain Robert Louis Stevenson y a passé un hiver en 1880. Depuis, il y en a eu de nombreux autres.
Aujourd’hui, Davos est un endroit couru des mouches du coche de toutes sortes qui s’y réunissent pour offrir des solutions aux nombreux problèmes de la planète. Par mouches du coche, j’entends des gens ayant beaucoup d’argent à jeter par les fenêtres et des stars du rock qui aiment parler de mettre fin à la pauvreté. A Davos, vous pourriez tout à fait rencontrer Bill Clinton, Bill Gates et Bono.
En général, je ne fais guère attention à ce genre de choses. Mais les sujets abordés m’intéressaient. Et le fait qu’ils aient été si dominants durant la conférence de cette année est significatif. A défaut d’autre chose, c’est une nouvelle étape dans ce qui a été une longue route vers la reconnaissance.
Je parle de la crise de l’eau qui est en train de se développer, et de ses liens avec un réseau croissant de problèmes apparentés — dont l’énergie, l’infrastructure mondiale et l’offre alimentaire. Comme l’écrivait le Financial Times : "un thème central du forum cette année : la raréfaction croissante des ressources, de l’eau propre à l’alimentation abordable en passant par le pétrole accessible".
Le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, déclarait à l’assemblée : "ce que nous avons fait pour le changement climatique l’an dernier, nous voulons le faire pour l’eau et le développement en 2008". Il a également averti que les problèmes de l’eau constituaient un lien entre la hausse des prix de l’alimentation, les maladies et les conflits du type de celui qui se déroule au Darfour.
Selon le Financial Times, "l’eau a remplacé le changement climatique en tant que principale préoccupation des participants à Davos en dehors de l’économie américaine, avec pas moins de neuf événements liés à l’eau au programme, par rapport à un seul l’an dernier".
Les liens avec les prix de l’alimentation sont probablement évidents. Le secteur agricole est généralement le principal consommateur d’eau dans quelque pays que ce soit. La raréfaction croissante d’eau douce contribue à la hausse des prix. Selon le Programme alimentaire mondial, la pression sur les marchés mondiaux de l’alimentation est si intense que, pour la première fois de son histoire, le programme a du mal à se ravitailler.
J’ai trouvé que c’était une anecdote intéressante. En voici une autre : PepsiCo a lancé un partenariat qui aidera à fournir de l’eau propre en Afrique, en Chine, au Brésil et en Inde. Pour les fabricants de boissons en particulier et les producteurs alimentaires en général, il est absolument essentiel d’avoir une source d’eau fiable. Ce partenariat lèvera des fonds qui permettront de financer des projets de long terme et fournir un accès à de l’eau propre.
Toutes les semaines, j’entends parler de gens tombant malades en Chine parce qu’ils ont été exposés à de l’eau contaminée. Plus récemment, je suis tombé sur cet article de Water Tech News : "la qualité de l’eau est une inquiétude continue en Chine, où de récents chiffres du gouvernement montrent que 90% des eaux souterraines et 70% des eaux de surface du pays sont contaminées, selon un rapport de l’AFP datant du 16 janvier".
Le grave sujet de l’eau et des ressources commence à attirer sérieusement l’attention des gens et des autorités — enfin.
[Pour en savoir plus sur le problème croissant de l’eau, de l’alimentation et des ressources, continuez votre lecture : pour les investisseurs, de tout nouveaux secteurs sont en train d’émerger… et vous pouvez vous positionner dès aujourd’hui pour en profiter.]
Meilleures salutations,
Chris Mayer
Pour la Chronique Agora
(*) Chris Mayer est le rédacteur en chef de la lettre d’information Capital & Crisis, ainsi que du système de trading Crisis Point Trader. Ses analyses des problématiques financières ont été reprises maintes fois dans de nombreuses publications, et notamment dans le très réputé Grant’s Interest Rate Observer.